Les interventions des participants à la Conférence internationale d’urgence intitulée « Contre les guerres d’occupation, contre l’ingérence dans les affaires internes des pays, en défense de l’intégrité et la souveraineté des nations » organisée hier, reflètent la vision diplomatique algérienne dans le dossier des révolutions des pays arabes et l’ingérence étrangère dans ces pays. Affirmant que l’ingérence étrangère dans les pays arabes sous divers prétextes est un prélude pour organiser le pillage des richesses, la secrétaire du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, a affirmé lors de son intervention à l’ouverture de la conférence tenue conjointement avec l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) à l’hôtel Safir (ex-Aletti) que cette intervention est un «prélude» au droit des grandes puissances d’intervenir
militairement. Plus explicite, elle a affirmé que l’ingérence humanitaire sous divers prétextes est le prélude au droit pour les grandes puissances de s’immiscer dans les affaires internes des pays, d’intervenir directement sous couvert de l’OTAN pour organiser le pillage systématique des richesses naturelles et ressources des peuples et garantir de nouveaux marchés aux multinationales. Selon la secrétaire générale du PT,
l’ingérence dans les affaires internes des pays réside en outre dans l’attitude de la première puissance mondiale, les USA qui, en niant les souverainetés populaires et l’histoire de chaque pays, «décrète que les peuples du Maghreb et du Moyen-Orient doivent s’inspirer du modèle islamique turc». Pour Mme Hanoune, le message des grandes puissances qui «prétendent diriger le monde» est qu’«aucune nation n’est à l’abri».
Elle s’est interrogée justement sur la possibilité de l’existence du processus d’«afghanisation» de plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient. La conférencière a déclaré que l’Amérique, avec le soutien de la France, a réussi à faire des régions du Maghreb et d’Orient un modèle de l’islamisme turc.
Le mouvement islamique, a-t-elle ajouté, n’aurait jamais pu l’emporter en Egypte, en Tunisie et au Maroc, sans le soutien de l’impérialisme américain. La leader du PT a affirmé que l’Algérie s’est lancée aujourd’hui dans un processus de reconstruction démocratique. Le pays enregistre à cet effet une nouvelle dynamique de revendications sociales, mais de manière pacifique.
La même intervenante a relevé que l’Algérie a adopté une politique provocatrice envers les pays occidentaux, qui sont obligés d’appliquer une politique d’austérité pour servir les intérêts de certains groupes privés. L’Algérie a affiché ses objectifs pour relancer l’industrie du pays en se basant sur des politiques avantageuses comme celle adoptée dans les accords de partenariat avec des investisseurs étrangers, et qui limite leurs actions à 49% contre 51% pour les partenaires locaux.
La politique algérienne dérange les impérialistes
Ces mesures prises par l’Etat algérien, a affirmé Mme Hanoune, dérangent beaucoup les intérêts des pays européens et de l’Amérique, particulièrement après le refus de l’Algérie de l’établissement de la base d’Africom qui constitue selon elle «un danger et un risque d’intervention étrangère».
La première responsable du PT est revenue sur l’intervention étrangère dans plusieurs pays arabes et africains, notamment au Soudan, qui s’est soldée par une division du pays en 2010, la Somalie qui crève dans la misère, et l’Irak devenu un gisement de richesss naturelles pour l’Amérique.
Dans le même sillage, elle revient sur le «malheur» du pays voisin, la Libye. L’ingérence étrangère dans ce pays a été initiée à cause de ses richesses naturelles. Les pays de l’OTAN ont détruit toutes les institutions importantes du pays et font croire que leur reconstitution nécessite des budgets non négligeables afin de profiter du pétrole et des richesses de ce pays, comme ce fut le cas en Irak.
«Le peuple irakien a payé très cher l’intervention militaire des pays de l’OTAN», renchérit-elle. Evoquant le dernier triomphe du courant islamique dans les pays arabes, Louiza Hanoune est convaincue que c’est la nouvelle méthode trouvée par l’impérialisme américain pour s’incruster dans les affaires de ces pays, qui constituent une cible.
Pour sa part, la secrétaire générale de l’UGTA a souligné que c’est la première fois que les militants du PT et les adhérents à l’UGTA organisent ce genre de rencontre pour dire qu’il y a des forces qui refusent cette forme de colonisation, ajoutant que «les Occidentaux appliquent ce qui les arrange et rejettent ce qui ne les arrange pas».
A rappeler que cette rencontre d’envergure a regroupé des responsables politiques et syndicaux, des universitaires des pays du Maghreb et du Sahel, ainsi que des pays participant à l’offensive des interventions militaires étrangères. Les intervenants des 105 pays participants ont partagé les positions du PT vis-à-vis de l’intervention étrangère dans les pays arabes.
S. A.