Les nouveaux salaires qui découleront de la redéfinition du 87 bis ne changeront en rien le niveau de vie des catégories des bas salaires.
La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, a qualifié hier lors de l’ouverture des travaux de la réunion de son bureau politique, la campagne menée par les islamistes et conservateurs contre la ministre de l’Education nationale d’«une campagne-cabale aux relents de misogynie rétrograde et honteuse».
Car, poursuit-elle, «ce n’est pas la première fois que de telles campagnes et chahuts ciblent Mme Benghebrit qui a eu le mérite, à l’instar de Mme Khalida Toumi, l’ancienne ministre de la Culture, d’avoir pu apprendre l’arabe classique en un temps record d’une année». «Les instigateurs de ces campagnes doivent cesser leur surenchère et des accusations mensongères et reconnaître plutôt la volonté de la ministre qui a fait l’effort d’apprendre l’arabe classique pour bien assumer ses fonctions dues à son poste de ministre de la République», dixit Mme Hanoune. «Elle a introduit des réformes visant à trouver des solutions appropriées aux multiples problèmes que connaît le système éducatif dus au cumuls et contre-réformes pour transformer l’école en un centre de rayonnement et vecteur de savoir ouvert sur l’universalité».
«Ceux (les auteurs de ces campagnes…Ndlr) qui se taisent devant des décisions graves visant la destruction de l’économie nationale au profit d’une bourgeoisie compradore ne peuvent pas s’ériger en donneurs de leçons sur le patriotisme», a-t-elle souligné. «La campagne féroce est menée par des parties connues par leur exportation des faits religieux et des questions liées à la langue arabe à des fins politiques.
Ceux-là se sont auto-proclamés tuteurs de ces questions», selon la première responsable du PT. Par conséquent, le PT accorde son entière soutien à la ministre et à la totalité des recommandations issues de la Conférence nationale sur l’évaluation de la mise en oeuvre de la réforme de l’école.
Ces recommandations sont qualifiées de «très audacieuses», notamment celle relative à l’élargissement de l’enseignement de tamazight sur 20 wilayas, la généralisation du préscolaire, le retour au temps scolaire conforme aux standards internationaux et l’introduction de l’enseignement de la langue maternelle. Ces recommandations, soutient-elle «sont le résultat de recherches académiques, pédagogiques et scientifiques, qui procèdent du progrès de la civilisation humaine et prennent en considérations les difficultés rencontrées sur le terrain pour faciliter l’apprentissage et la maîtrise des langages fondamentaux dont l’arabe et les langues étrangères».
La secrétaire générale du PT a tenu à apporter un rectificatif concernant la cacophonie relative à «la suppression de l’article 87 bis dicté par le FMI en 1994». D’abord, note-t-elle «il ne s’agit pas de l’abrogation de ce fameux article du Code du travail, conformément à l’engagement du président de la République, mais d’une simple reformulation de cet article qui est venu à bout de la classe moyenne».
Le gouvernement n’a pas abrogé l’article 87 bis mais il s’est contenté de redéfinir les éléments constitutifs du Snmg».
De ce fait, les indemnités et primes supprimées n’ont pas eu d’impact conséquent sur les salaires concernés: les augmentations se situent dans une fourchette allant de 3200 à 8000 DA seulement. «Cela tranche avec les multiples déclarations précédentes selon lesquelles les salaires seront doublés voire triplés en faveur de cette mesure de la tripartite», a-t-elle indiqué. «Les nouveaux salaires qui découleront de cette redifinition ne changeront en rien le niveau de vie des catégories des bas salaires concernées. «Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale doit dire la vérité car ces salaires ne sont pas des salaires nets, mais des salaires bruts imposables, donc les augmentations induites par la reformulation seront grignotées ou tirées vers le bas par l’IRG auquel ils seront soumis».
Ceci vaut pour tous les corps communs de la Fonction publique et les bas salaires qui attendaient ces augmentations depuis trois ans ne pourront qu’être déçus. Pour Mme Hanoune, logiquement «l’effet rétroactif devait être calculé depuis trois ans, soit depuis la date de la prise de cette décision et non pas depuis janvier 2015». La secrétaire générale du PT, déplore le fait que «l’austérité s’applique uniquement sur les travailleurs». S’agissant de la loi de finances complémentaire(LFC 2015), elle a relevé que «cette loi comporte des contradictions et d’autres privilèges accordés à l’oligarchie».
Contrairement aux affirmations officielles, la LFC 2015 comprend des mesures d’austérité: dont la réduction du budget de l’équipement, le recul des autorisations de programmes induisant l’arrêt de plusieurs grands projets, l’augmentation et la généralisation de la taxe sur l’habitation sur les 541 communes de la République, qui concernent donc directement le citoyen.
En revanche, elle note que «la décision scélérate relative à la réduction de la TAP est un cadeau pour l’oligarchie». «Le choix du gouvernement est porteur de risque d’une explosion sociale», a-t-elle soutenu. En évoquant, les recommandations-injonctions du FCE au gouvernement, elle estime que cela «s’apparente à un projet de société et un programme d’un candidat à la présidence de la République». Sur sa lancée, Mme Hanoune dénonce «le recours à la légifération par ordonnance sur la LFC 2015 qui comporte des cadeaux à l’oligarchie».