La secrétaire générale du Parti des travailleurs a riposté énergiquement aux propos du président de l’APN. «Agissez en diplomate, M.Ziari», lui a-t-elle conseillé, hier, lors d’une conférence tenue, hier, au Centre international de presse (CIP) de Kouba.
M.Ziari avait déclaré sur les ondes de la Radio nationale que Louisa Hanoune ne représente rien devant 35 millions d’Algériens et la dissolution de l’APN n’a jamais été à l’ordre du jour. Mme Louisa Hanoune n’a pas lésiné sur les mots pour apostropher Ziari à qui elle a reproché toutes les misères du monde, l’invitant à mesurer ses propos et à respecter sa fonction. «C’est inadmissible d’engager toute une Assemblée représentée par plusieurs partis contre une seule personne», a-t-elle déclaré, précisant qu’elle répond à Ziari en tant que président de l’APN et non en tant que militant FLN.
Ainsi, la conférencière a estimé que M.Ziari aurait dû répondre au secrétaire général de son parti (FLN), Abdelaziz Belkhadem, qui aurait, lui aussi, demandé la dissolution de l’APN. «Ziari ne représente que lui-même du moment que des députés FLN se sont démarqués de ses déclarations», a-t-elle précisé. Le qualifiant d’agresseur qui a brandi sa hache de guerre contre le PT, la conférencière a déclaré que Ziari «ne défend que sa propre place et son intérêt personnel». Aiguisant sa critique, la première responsable du PT a souligné que Ziari a dépassé toutes ses prérogatives en s’immisçant dans les affaires des partis et même dans celle du président de la République qui est le seul à pouvoir décider du sort de cette assemblée. «On lui conseille d’apprendre à pratiquer la politique», a-t-elle suggéré.
Continuant son réquisitoire, l’oratrice a regretté ce «torrent d’invectives et de haine» et une pratique hégémonique jamais vue en l’assimilant aux pratiques du parti unique durant les années 70 lorsqu’un président de kasma FLN faisait et disait ce qui bon lui semblait. «Mais il faut qu’il se calme et qu’il sache que les débats sur la dissolution de l’Assemblée ont bel et bien lieu et je lui confirme que l’APN est un facteur d’instabilité», a-t-elle encore dit à l’adresse de Ziari. Sur sa lancée, la conférencière n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur son «bourreau» à qui elle a reproché une duplicité sans faille.
Elle lui a reproché également le manque de courage en acceptant des pressions des lobbies exerçant au sein de l’APN, transformée, selon elle, en centre financier, en passant des lois «indésirables», alors que ses prédécesseurs n’ont cédé à aucune pression. «C’est lui qui a bloqué le projet de loi de révision de la loi électorale, c’est lui qui change ses discours et ses positions(…) et c’est dommage pour lui qui est plus royaliste que le roi», a-t-elle ironisé ajoutant qu’elle est prête à l’affronter en face-à-face. Selon Mme Hanoune, les déclarations de Ziari prouvent l’inexistence du pouvoir législatif en Algérie.
Après ses attaques contre Ziari, Hanoune s’est tournée vers l’APN elle-même en lui reprochant tous les maux de la société. «Cette législature est la pire que l’Algérie n’ait jamais connue depuis l’indépendance», a-t-elle jugé. Pour Mme Hanoune, cette Assemblée ne joue aucun rôle dans la société bien qu’elle soit élue pour le faire. Ainsi, les députés n’ont rien fait pour améliorer le pouvoir d’achat ou la situation sociale des citoyens. Bien au contraire, elle leur a fait du mal en incriminant par exemple les harraga.
Selon Mme Hanoune, il y a même des ministres et des cadres de l’Etat qui ont manifesté leur écoeurement de cette Assemblée qui a consacré la «mafiotisation de la politique». Après ce sévère réquisitoire, la conférencière a estimé, en réponse toujours à M.Ziari, que ce n’est pas un honneur de présider une telle Assemblée et qu’il est honteux de la défendre. «Ce n’est pas possible que l’Etat ait une autorité avec une telle assemblée», a-t-elle tranché. Dans son exposé, Mme Hanoune a réitéré sa revendication concernant la dissolution de l’APN et l’organisation des législatives anticipées pour élire une véritable Assemblée constituante. Elle a plaidé également pour une réforme politique qui comprend la démocratisation des Institutions et la réhabilitation de l’Etat. D’autres sujets étaient en outre abordés par la conférencière.