Louisa Hanoune «Nous avons les mêmes préoccupations que Bouteflika»

Louisa Hanoune «Nous avons les mêmes préoccupations que Bouteflika»
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S’il y a un parti en phase avec les préoccupations exprimées mercredi par le chef de l’Etat, à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire, c’est bien le Parti des travailleurs (PT). Sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, a, en effet, considéré hier que le président Bouteflika a répliqué à Belkhadem qui avait eu l’outrecuidance de pronostiquer une victoire du FLN et des islamistes lors des prochaines législatives.

Louisa Hanoune, qui a ponctué une réunion du bureau politique du parti par une conférence de presse, a estimé que le chef de l’Etat a, mercredi, remis les pendules à l’heure. Car, pour elle, en annonçant une moisson de 144 sièges pour son parti et 35% des suffrages favorables aux islamistes, le secrétaire général du FLN s’est adonné à une provocation. «C’est irresponsable. C’est un appel au boycott et ça met le pays en danger», a-t-elle martelé à propos de la déclaration de Belkhadem, lors d’une prestation qui s’apparente plus à un meeting qu’à une conférence de presse. Bien évidemment, la responsable du PT a travaillé à battre en brèche la «prophétie» de Belkhadem. Pour Louisa Hanoune, l’affirmation de Belkhadem s’assimile à un aveu de fraude électorale, car, a-t-elle estimé, même s’il représente un courant politique, l’islamisme n’est pas pour autant dominant. Sa déduction vient d’une extrapolation de ce que les islamistes en Tunisie et au Maroc ont réalisé des scores électoraux variant, en vérité, entre 10 et 12%, les taux d’abstentions aux dernières élections pris en compte. «Pas même le FIS n’a été majoritaire en 1991. A l’époque, il n’a pas pu faire plus de 25%. Maintenant, la donne a complètement changé, d’autant que le MSP et Ennahda ont été intégrés au gouvernement et les citoyens ont tiré les conclusions.» Cela étant, la responsable du PT a estimé, par ailleurs, que le chef de l’Etat s’est démarqué de l’Alliance présidentielle. Elle a enchaîné par porter une nouvelle fois l’estocade au FLN et au RND dont les députés ont, selon elle, fait avorter les réformes politiques préconisées par le président. «Au plan politique, hélas, les réformes ont été avortées par les députés de la majorité FLN-RND.» Louisa Hanoune poursuit, quoi qu’il en soit, que le président peut corriger les choses, une fois les lois votées examinées et validées par le Conseil constitutionnel. S’agissant des prochaines élections législatives, la secrétaire générale du PT s’est dite contre la venue des observateurs internationaux. «On est réservé contre la venue d’observateurs internationaux. Ils ne garantiront pas la transparence. Ils nous coûteront seulement de l’argent.» Ce souci électoral, devenu plus exacerbé à mesure qu’approchent les échéances, ne fait cependant pas oublier à Hanoune de se rappeler au bon souvenir de Temmar. «Il n’a rien à faire au gouvernement», a-t-elle tonné, furieuse contre les récentes déclarations du ministre à travers lesquelles il a annoncé une relance de sa politique. Elle n’a pas raté au passage de vilipender le gouvernement qu’elle a qualifié de «gouvernement de cohabitation, avec, en son sein, des points de vue diamétralement opposés ».

S. A. I.