La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a appelé hier à Alger les autorités algériennes à se positionner clairement quant aux menaces d’intervention militaire étrangère en Libye, comme elle a exhorté à venir en aide aux populations libyennes et aux étrangers bloqués dans ce pays.
« Les gouvernants maghrébins ne doivent plus se taire. Les forces navales américaines se déploient autour de la région, et El-Gueddafi déploie son armée à la frontière avec la Tunisie », a déclaré Mme Hanoune lors d’une conférence de presse animée au siège de son parti, avertissant quant au risque d’embrasement en Libye et, partant, dans toute la région.
« Le projet américain du GMO (Grand Moyen-Orient) menace encore plus aujourd’hui les Etats dans leur existence même, et nous refusons l’intervention ou la présence de forces militaires étrangères chez nos voisins », a-t-elle ajouté non sans exprimer ses craintes de voir « les Etats-Unis réussir d’une seule pierre deux coups en Libye », à savoir, a-t-elle précisé, « une présence militaire et l’installation de l’AFRICOM dans ce pays ». « L’Algérie doit exprimer clairement son refus total du bain de sang en Libye, comme elle doit refuser toute présence militaire étrangère à nos frontières », a-t-elle encore martelé.
Dans le même registre, la secrétaire générale du PT a exhorté « les autorités algériennes à apporter tout le soutien humanitaire nécessaire aux populations libyennes », arguant que la Tunisie, qui totalise une dette extérieure de 18 milliards de dollars, ne peut, à elle seule, faire face au flux de réfugiés fuyant les violences en Libye.
Sur le plan national, Mme Hanoune a indiqué que son parti a actualisé la lettre adressée au président de la République Abdelaziz Bouteflika à la suite de sa réélection en avril 2009. Cette lettre est appuyée par les signatures de plus d’un million d’Algériens et d’Algériennes. Cette campagne de collecte de signature sera relancée, a expliqué l’oratrice qui précise que son parti « a créé et lancé pas moins de 100 conseils populaires à travers le territoire national, ayant pour objectif d’inventorier les doléances des citoyens ».
Dans cette lettre dont des copies ont été remises aux journalistes, Louisa Hanoune appelle notamment Bouteflika à « convoquer des élections législatives démocratiques anticipées pour l’élection d’une véritable Assemblée nationale qui sera le socle de l’édification démocratique ». Ces législatives anticipées seront suivies par « des élections locales, également anticipées, dans le cadre de nouveaux codes de la commune et de la wilaya », est-il écrit dans la missive.
Au cours du jeu des questions-réponses, Mme Hanoune a expliqué que pour une réelle réforme et ouverture démocratique, « le plafond des revendications est l’élection d’une Assemblée constituante et le minimum doit être la révision du code électoral actuel de façon à consacrer le mandat électoral, via le contrôle populaire et partisan et la lutte contre la corruption avec une séparation claire entre les affaires et la politique ».
Outre les revendications connues du PT, tels le gel de l’accord d’association avec l’Union européenne, la réouverture des entreprises publiques fermées, l’arrêt de la politique des privatisations, ainsi qu’une multitude d’autres revendications à caractère social, la lettre du PT à Bouteflika comporte plusieurs autres nouveaux points dictés par la conjoncture actuelle dans le monde arabe.
Parmi ces points, le PT demande la suppression de l’article 144 bis du code pénal prévoyant l’emprisonnement des journalistes, ainsi que la levée de l’interdiction d’organiser des marches et des sit-in populaires à Alger.
H. Mouhou