La réforme de la Constitution ne sera pas aussi profonde comme l’ont souhaitée certains. Et c’est la patronne du PT qui l’affirme, elle qui tient la «confidence» du Premier ministre qui l’a récemment reçue dans le cadre des consultations engagées pour ce faire.
Louisa Hanoune qui était, hier, l’invitée du forum de notre confrère Liberté, dira préférer voir ce projet différé, en raison du contexte de guerre dans lequel le pays se trouve ces jours-ci. Un contexte empreint, selon elle, de multiples et diverses pressions de puissances occidentales visant à amener l‘Algérie à s’impliquer dans la guerre menée au Mali.
Une guerre loin, dira Hanoune, d’avoir comme seul et unique mobile la traque des groupes terroristes islamistes puisque ayant des arrière-pensées d’ordre éminemment économiques avec, selon elle, en ligne de mire les richesses souterraines insoupçonnables dont regorge la région, comme minerais. La secrétaire générale du Parti des travailleurs y voit la main des multinationales qui font tout dira-t-elle, pour s’assurer le monopole de certaines matières premières dont l’or noir, les gaz conventionnels et même non conventionnels. Elle pour qui il n’y a point de hasard en politique, dira déceler un lien étroit entre la guerre menée à nos frontières sud, le chaos installé à nos frontières est et ouest, avec la prise d’otages de Tiguentourine et le débat mené actuellement autour du projet d’exploitation des gaz de schiste.
«Les Etats-Unis ne voudraient aucunement qu’un autre pays, de surcroît de la taille de l’Algérie leur dispute le leadership en matière d’exploitation des gaz non conventionnels». Et d’inscrire le report de ce projet à l’horizon 2040, comme annoncé par le ministre de l’Energie et des Mines, comme le résultat de ces innombrables pressions auxquelles fait face le pays, aux côtés de l’ouverture de notre espace aérien aux avions de guerre français. Une option, dira-t-elle, «discutable» et qui constitue l’une des preuves tangibles du manque criard d’homogénéité au plus haut sommet de l’Etat.
D’où, comme elle le réclamera à plusieurs reprises, «la nécessité d’un front intérieur uni à même, selon elle, de déjouer toutes les velléités de traîner le pays dans une issue des plus incertaines et des plus dangereuses». D’autant plus que, assurera-t-elle, dans le pays, existent des appendices de ces multinationales qui ne cessent de remettre en cause bien des mesures portant protection de notre économie, entre autres la règle des 49/51%.
Autant d’éléments qui plaident, selon Hanoune, pour le report du projet de réforme constitutionnelle, même si elle affirme avoir fait part à Sellal des propositions de son parti comme l’élargissement de la possibilité de la saisine du Conseil constitutionnel et de propositions de projets de loi aux citoyens et aux groupes parlementaires.
Mais pas que le contexte de «guerre» dans lequel se trouverait le pays, selon Hanoune, qui justifierait ce souhait d’ajournement du projet de réforme constitutionnelle puisque le projet porte des risques à même de remettre en cause, jusqu’à certains articles consacrant le caractère républicain de la nation. Ceci, à travers le «filtre» des deux Chambres du parlement bourrées, à ses yeux, «d’hommes d’affaires, de personnes qui n’ont rien à voir avec la politique que les élections organisées dans le sillage des réformes politiques engagées par le président de la République ont fait émerger».
Hanoune plaidera, comme mesure préventive à ce risque majeur, de soumettre ce projet de révision constitutionnelle à débat national. Et la première responsable du PT réitère son aversion pour le vocable alternance, lui préférant celui de révocabilité des mandats des élus, de celui de l’élu à l’APC au président de la République, seule option à même de consacrer la véritable démocratie.
Elle dira, dans ce sens, ne pas voir d’inconvénient à ce que le président de la République rempile pour un quatrième mandat d’autant plus que, soutiendra-t-elle, il jouit d’une grande popularité au sein du petit peuple, notamment parmi les jeunes qui voient en lui, l’artisan de la paix retrouvée au bout d’une infernale décennie noire». Ceci dit, celle qui soutiendra ne pas voir, du moins, jusqu’à maintenant, les ingrédients d’un tel scénario, affirmera ne pas être dans le secret des décideurs.
M. K.