Elle qualifie les multinationales d’“appendices internes” qui exercent également des pressions sur l’État algérien pour revenir sur ses décisions souveraines prises ces dernières années.
Fidèle à sa ligne politique, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n’y est pas allée par quatre chemins pour qualifier l’attaque terroriste du site gazier d’In Amenas “d’attaque contre l’Algérie ciblant notre souveraineté”. “Cette attaque-là n’est pas un acte terroriste comme ceux que nous avons connus durant la tragédie nationale, mais c’est bel et bien une attaque actionnée par l’Occident et les multinationales contre l’Algérie”, a-t-elle insisté, hier, au Forum de Liberté, saluant au passage la réaction des autorités algériennes qui ont su déjouer ce traquenard. Pour elle, les USA, la France et le Qatar sont les responsables directs de cette attaque dont la visée est d’embourber l’Algérie dans la guerre que mène la France au Mali, sous le prétexte de lutter contre le terrorisme.
Un “alibi” auquel ne croit pas Mme Hanoune, elle qui juge que l’objectif de la France, protégée par les USA, n’est autre que celui de s’accaparer des richesses que recèlent le Mali et toute la région du Sahel dont les gisements d’uranium se trouvant au Niger. “C’est une guerre d’occupation-pillage, et le prétexte de lutte contre le terrorisme avancé par les Français n’est qu’un alibi (…)”, a-t-elle martelé. Et Mme Hanoune de renchérir : “Le terrorisme est le produit des manipulations des multinationales (dans la région du Sahel), l’objectif des Occidentaux étant de relancer leur économie d’armement, notamment en ces temps de crise financière en Europe et aux USA.” Dans ce contexte, elle n’écarte pas l’implication de la firme britannique, British Pétroleum (BP), dans l’attaque terroriste du site gazier d’In Amenas qu’elle exploite en partenariat avec Sonatrach !
“Oui, nous avons déjà reçu plusieurs rapports des travailleurs sur cette entreprise, faisant état de ses tentations d’avoir des tentacules dans la société civile”, a-t-elle révélé, accusant les multinationales d’agir dans le Sud algérien hors du cadre des lois. Aussi, elle reproche à ces multinationales d’avoir constamment cherché à assurer par elles-mêmes la sécurité de leurs entreprises dont sont chargées des sociétés privées de gardiennage algériennes. Outre les pressions étrangères, Hanoune qualifie les multinationales d’“appendices internes” qui exercent également des pressions sur l’État algérien pour revenir sur ses décisions souveraines prises ces dernières années. Elle citera, entre autres, la sainte règle des 49/51%, ou encore la nouvelle orientation économique visant à freiner le processus des privatisations engagées durant les années 1990.
La porte-parole du PT n’épargne pas, dans ses attaques, certains experts et autres opérateurs privés nationaux qu’elle accuse d’être des “relais” de ces multinationales. Selon elle, l’attaque d’In Amenas serait, par ailleurs, liée à la volonté de l’Algérie de s’orienter vers l’exploitation du gaz de schiste dont le potentiel, soutient-elle, est supérieur à celui des USA qui détiennent à présent le monopole dans ce domaine. Ceci est d’autant plausible, dit-elle, que cette attaque a coïncidé avec le débat ouvert à l’APN, sur le projet de loi sur le gaz de schiste qui, selon elle, “contrarie les multinationales”.
“Le président avait donné l’ordre à l’ANP”
Interrogé sur le silence observé par le chef de l’État pendant et après les évènements d’In Amenas ayant secoué presque le monde entier, Mme Hanoune, dont le soutien à Bouteflika n’est plus un secret pour personne, ne veut pas en faire cas. Si elle a reconnu qu’“il y avait plus que des insuffisances, des inconséquences, voire des bourdes en matière de communication”, elle juge que “cela ne va pas réduire de la réussite de l’État et l’armée dans la gestion de cette attaque”.
Selon elle, c’est “Bouteflika qui avait donné l’ordre à l’ANP d’intervenir à In Amenas et exécuter cette opération des plus réussies dans le monde”. Chose que le Premier ministre avait pourtant du mal à affirmer lors de sa conférence de presse tenue à l’issue de cette affaire. Sellal, rappelons-le, s’était contenté de dire que le Président “avait suivi cette attaque de bout en bout”, avant de rendre hommage au commandement militaire qui a mené cette opération. Pour Louisa Hanoune, il est “normal” que Sellal rende hommage aux responsables militaires, mais “c’est le Président qui prend la décision”. C’est aussi le Président qui avait adressé un message d’encouragement aux Verts qui se trouvaient, au moment de l’attaque d’In Amenas, en Afrique du Sud où ils participent à la CAN…
“Qui n’est pas d’accord avec Bouteflika n’a qu’à se présenter aux élections”
Mme Hanoune rappelle que cela fait déjà quelque temps depuis que Bouteflika avait choisi de rompre avec les discours publics. Néanmoins, elle trouve “anormal” qu’il ne s’exprime pas sur certaines questions le concernant parfois personnellement.
L’allusion est faite ici à la “clientèle” de Bouteflika, dont ces nombreuses personnes s’exprimant publiquement en son nom. “Il est vrai que ces gens sont légion, et ce n’est pas normal que Bouteflika ne s’exprime pas par rapport à cela ; il devait parler pour clarifier sa position”, a-t-elle concédé.
Interpellée sur la question d’un quatrième mandat pour Bouteflika, Mme Hanoune a soutenu que “les données actuelles ne font pas dire qu’il ne serait pas intéressé. Cependant, il reste le seul habilité à parler de sa candidature ou pas. Une chose est sûre, c’est que le PT n’est pas pour le principe d’alternance ; nous revendiquons plutôt le principe de révocabilité des élus. Et celui qui n’est pas d’accord avec Bouteflika n’a qu’à se présenter aux prochaines élections”, a-t-elle commenté. Elle s’adresse, notamment, à Abou Djerra Soltani et aux présidents des partis réunis récemment au siège du MSP, où ces derniers avaient exprimé leur opposition à un quatrième mandat pour Bouteflika.
“La révision de la Constitution ne sera pas approfondie”
Abordant le sujet de la révision de la Constitution prévue au courant de cette année, la première dame du PT a affirmé avoir été récemment reçue par le Premier ministre, instruit par le Président pour convoquer les responsables des partis politiques afin de les sonder sur cette question précise. Lors de cette rencontre, Louisa Hanoune aura appris que la révision de la loi fondamentale du pays ne sera pas approfondie.
“Sellal m’a informée qu’il n’y aura pas une révision approfondie de la Constitution et que la nature du régime politique restera inchangée. Il s’agira d’un léger lifting qui touchera notamment les aspects liés aux libertés”, a-t-elle révélé, ajoutant que cette révision est imminente.
“Certes, le PT est contre la révision de la Constitution pour cette année. Nous ne voulons pas que cette révision soit soumise à l’actuelle assemblée où siègent des affairistes. Mais force est de constater que l’Algérie est guettée par les USA. Il y a de fortes pressions qui s’exercent contre notre pays concernant, d’une part, cette révision de la Constitution et l’élection présidentielle, d’autre part. Cette année s’annonce donc charnière pour l’Algérie”, a-t-elle estimé affirmant l’engagement de Bouteflika à procéder à cette révision au courant de l’année.
N’empêche, la porte-parole du PT n’a pas manqué l’occasion de présenter au Premier ministre ses propositions concernant cette révision.
Elle citera, entre autres, son exigence à maintenir les articles 1 et 17 de la Constitution portant respectivement sur la nature républicaine du pays et la propriété publique.
F A