Louisa Hanoune et les reformes politiques,«Il faut aller vers une assemblée constituante»

Louisa Hanoune et les reformes politiques,«Il faut aller vers une assemblée constituante»

Louisa Hanoune a exhorté l’administration à se retirer de l’organisation des élections

Il n’ y a pas d’autre alternative politique que l’ouverture démocratique du régime.

La secrétaire générale du parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, continue de s’interroger sur le silence observé au sujet des réformes politiques engagées par le président de la République. «Il y a quatre mois, les consultations sur les réformes politiques ont été engagées. Malheureusement, jusqu’à présent rien n’est décidé encore», a tonné hier Mme Hanoune dans son intervention au 3e jour de l’université d’été de son parti à Zéralda. «Nous attendons du président de la République qu’il tienne ses engagements, en assurant une réforme politique digne de ce nom», a-t-elle ajouté. Le secrétaire général de l’Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, Maître Miloud Brahimi, le Dr Boudjemaa Guechir (tous deux militants des droits de l’homme) ont pris la parole. «Il n’y a pas d’autre alternative dans le pays que le changement radical dans ce régime politique qui a enfanté le malheur national depuis des décennies», dit-elle.

Les projets de réforme dans certains secteurs ne sont pas les bienvenus pour Louisa Hanoune. Elle dira que cette démarche relève de la mauvaise intention de ceux qui gouvernent, notamment les pouvoirs occultes. Ces derniers ne veulent pas apporter le moindre changement dans le pays, malgré la chute des régimes en Tunisie, en Egypte et en Libye. «C’est ce régime lui-même qui nourrit la corruption, la violence et autres lobbys qui tendent la main à l’impérialisme pour sauvegarder des intérêts mutuels aux dépens du peuple», selon elle.

Mme Hanoune a fustigé l’administration qui travaille pour servir des intérêts idéologiques et partisans au lieu de se mettre au service de l’Etat algérien en toute transparence et être digne des administrations modernes vouées au développement du pays et non pas des parties au pouvoir. «Les dictatures sont incapables de s’adapter à l’évolution des peuples, lesquelles ouvrent les portes aux interventions étrangères», a souligné Mme Hanoune.

Réitérant son appel à la création de l’assemblée constituante dès la rentrée sociale prochaine, la secrétaire générale du PT a exhorté l’administration à se retirer de l’organisation des élections pour laisser place aux instances libérées de toute influence partisane tout en écorchant au passage, les élus indépendants. «Dites-nous qui sont ces élus qui se présentent sous des slogans indépendants? Ce sont ceux-là mêmes qui travaillent et légifèrent au profit des lobbies occultes», selon Louisa Hanoune.

S’agissant du projet de loi sur les associations, Louisa Hanoune redoute le pire. C’est l’administration elle-même qui s’immisce dans le choix des représentants.

Une démarche qui n’existe dans aucun pays au monde. «C’est une façon de dénuer le mouvement associatif de toute esprit de militantisme», a-t-elle expliqué.

Intervenant dans le sillage de l’université d’été du parti des travailleurs, Abdelmadjid Sidi Saïd s’est exprimé sans réserve au sujet du pluralisme syndical. «Le dénominateur commun des différents syndicats qui activent sur la scène nationale, c’est l’intérêt général des travailleurs», dit-il. «Nous n’avons aucune animosité par rapport aux autres syndicats indépendants. C’est l’Ugta qui a demandé au pouvoir public de s’ouvrir au pluralisme syndical en 1990», a souligné Sidi Saïd, patron de la centrale syndicale Ugta. Evoquant la politique de l’Etat concernant l’encouragement de la production nationale, il affiche un optimisme mesuré vis-à-vis des capacités des entreprises nationales. «La production en électroménager couvre les besoins du pays à raison de 80%. Rien n’empêche que le secteur du textile et autres fassent de même. C’est une question de volonté politique», ajoute-t-il. Selon Sidi Saïd, l’Algérie consacre un budget de 40 milliards de dollars pour les importations. Il suffit de remettre en marche les machines de la production nationale privée ou publique pour endiguer le chômage dans le pays, a-t-il affirmé. Le secteur du textile devra engendrer 400.000 emplois qui s’ajouteront aux 35.000 emplois existants.