La pasionaria du parti des travailleurs (PT) sait arrondir les angles quand elle pense tirer profit d’une situation. Elle sait aussi comment sortir d’un tourbillon pour sauver sa tête mise à prix. Cela explique un peu son incroyable longévité à la tête du parti qu’elle gère d’une main de fer depuis plus de 25 ans.
Alors que beaucoup d’observateurs la donnaient pour morte politiquement, la voilà qu’elle négocie, habilement, son retour en grâce aux yeux du pouvoir. Ce week-end, elle a donné la pleine mesure de son art consommé à se faire (re) désirée en haut lieu. Et pour cause, le très clivant article 51 qui exclut les ressortissants algériens titulaires d’autres nationalités de l’exercice des fonctions supérieurs et politiques, que la majorité de la classe politique a dénoncé, a trouvé grâce aux yeux de Louisa Hanoune, qui l’a défendu bec et ongles, lors d’un point de presse ayant sanctionné la réunion hebdomadaire du secrétariat politique de son parti.
Curieuse position quand on sait que même le patron du parti majoritaire Amar Saâdani qu’on ne peut soupçonner d’être contre les options du pouvoir, a sévèrement critiqué cette article allant jusqu’ à appeler à son abrogation.
Virage Ă droite
Mais ne voilà -t-il pas que Mme Louisa Hanoune apporte un soutien franc et inattendu au président de la république et Ahmed Ouyahia qui est un fervent défenseur de ce fameux article 51 de la constitution désormais adoptée. Autrement dit, la patronne du PT a choisi de rejoindre le camp de son homologue du RND et de fermer la porte aux binationaux. Ses raisons ? «Barrer la route à des puissances étrangères qui cherchent à imposer des hommes de leur choix à la tête d’institutions sensibles » s’est-elle justifiée.
Un argumentaire pour le moins spécieux, suggérant que ces puissances étrangères avaient déjà pu «placer» leurs hommes à la tête des hautes institutions algériennes par le passé. Pourtant, Mme Hanoune soutient sans trop convaincre que cet article controversé ne vise pas «à exclure la communauté algérienne à l’étranger». C’est pourtant le cas puisque on ne voit pas comment un algérien d’ailleurs pourra-t-il postuler à une fonction supérieure de l’Etat du fait qu’il ne dispose pas de la nationalité algérienne «exclusive» comme l’exige l’article 51.
Sauver sa tĂŞte
Mme Hanoune est évidemment libre d’avoir n’importe quelle position; sauf que celle-ci parait bien «inspirée». En proie à un mouvement de redressement sur fond d’accusations de gestion opaque des finances de son parti, la patronne du PT, tenterait peut être de sortir de l’isolement en faisant les yeux doux au pouvoir.
Cette hypothèse est d’autant plausible qu’elle ne s’est pas contentée de soutenir l’article 51 mais est allée jusqu’ à saluer «les hauts responsables de l’Etat» qui l’ont inspirés. Pensait-elle à Ahmed Ouyahia ? Peut être bien. Quoi qu’il en soi, c’est un retour dans le «droit chemin» de Louisa Hanoune qui a perdu les pédales de son parti et qui tente de négocier. Lui suffira-t-il pour sauver sa tête ?