Les journalistes qui ont couvert hier la conférence de presse animée par la secrétaire générale du Parti des travailleurs croyaient assister à de la fiction. Pourtant, il n’en était rien et les déclarations de Louisa Hanoune et de Ramdane Taazibt, vice-président de l’APN, ont laissé d’aucuns pantois. D’entrée de jeu, la première responsable du PT a précisé à l’assistance que la conférence de presse revêtait un caractère d’urgence, en raison de la gravité des faits. «Il n’était pas question pour nous de vous appeler de nouveau parce que nous étions en train de débattre du plan d’action du gouvernement. Mais en raison des dérives graves du président de l’APN, il était nécessaire d’inviter les journalistes à une conférence de presse». En fait, rien ne va plus entre le Parti des travailleurs, notamment sa secrétaire générale et le président de la chambre basse du Parlement. Mieux, le torchon brûle entre les deux parties.
Les faits, c’est Mme Hanoune qui le relatera lors du point de presse d’hier au siège du parti. Le 11 mai dernier, la SG du PT anime une conférence de presse dans laquelle elle a répondu à Ziari, lui-même auteur de déclarations publiques diffusées en direct à la chaîne III lors de l’émission «En toute franchise» (lire La Tribune du 9 mai 2009). La secrétaire générale du PT a estimé que de par les propos qu’il a tenus, le président de l’Assemblée populaire nationale a remis en cause la pluralité de la chambre basse du Parlement et s’est délié de l’obligation de réserve en sa qualité de premier responsable de cette institution. Louisa Hanoune s’est défendu d’avoir attaqué le FLN lors de sa conférence de presse du 11 mai dernier. J’ai répondu à ses attaques contre le parti et ma propre personne. Nous lui avons répondu sur le terrain politique. «Je pensais que Ziari allait savoir raison garder». Mais au lieu de cela, le président de l’APN, selon la conférencière «a actionné une machine de représailles à l’encontre du parti et de son groupe parlementaire qui pourraient amener à des dérapages lors des séances plénière». Et Louisa Hanoune de donner lecture de la déclaration préliminaire rédigée par le secrétariat politique du PT. Une déclaration qui prend à témoin l’opinion publique internationale et dans laquelle le PT se dit prêt à se défendre en faisant appel à toutes les voies légales, institutions de l’Etat et justice. En fait, tout a démarré le 13 mai dernier.
Le bureau s’est réuni avec les présidents des groupes parlementaires aux fins d’organiser les séances plénières. Toutefois, selon la secrétaire générale du PT, qui sera relayée par Ramdane Taazibt qui a assisté à la réunion du bureau, la question des débats sur le plan d’action du gouvernement est passée au second plan. La réunion, toujours selon la présidente du groupe parlementaire du PT, s’est transformée en menaces et à la recherche de voies et moyens pour étouffer le parti. Pour quelles raisons le président de l’APN aurait agi de la sorte ? Il reproche aux députés du parti «de na pas avoir pris part à la cérémonie de prestation de serment du président de la République», dira Mme Hanoune. «Il nous a dit qu’il s’est senti diminué ; c’est comme si nous l’avions abaissé». Pourtant, tout comme le PT, le groupe parlementaire du RCD n’était pas présent à cette même cérémonie. Durant cette même réunion du 13 mai, M. Ziari a annoncé l’édition par la chambre basse du Parlement d’une brochure officielle dans laquelle «le nomadisme politique et la bourse des mandats allaient trouver toute leur place». Plus grave que cela, selon Youcef Taazibt et Louisa Hanoune, Abdelaziz Ziari a menacé le PT de réduire le nombre de députés dans son groupe parlementaire pour pouvoir le dissoudre. «C’est en violation des résultats entérinés par le Conseil constitutionnel et la décision de la commission de validation des mandats de l’APN.» Et d’ajouter : «Même le chef de cabinet, le secrétaire général et la chargée des affaires des députés de l’APN se sont immiscés dans les affaires internes du parti. Ils ont appelé cinq élus du PT pour leur dire qu’il allait être procédé au transfert de leurs indemnités, dont celle de logement qui sera bientôt allouée, du compte du parti à leurs comptes personnels.
Ce que ceux-ci ont refusé en exigeant que les choses restent telles quelles, conformément aux résolutions du congrès. C’est une tentative de corruption et une atteinte à la dignité des députés.» L’autre reproche fait par Ziari au PT, non sans estimer qu’il a dépassé la ligne rouge, c’est que sa candidate a mis au centre de sa campagne électorale la dissolution de l’APN, une position politique que le Parti des travailleurs dit pleinement assumer. Et donc «la machine des représailles actionnée» par Ziari n’a pour seul et unique but que de faire taire et le parti et sa secrétaire générale. Ce à quoi Louisa Hanoune répondra : «Celui qui veut me faire taire n’est pas encore né.» Enfin, la SG du PT a déclaré rendre responsable le président de l’APN de toute dérive qui pourrait intervenir lors des séances
plénières. «L’APN n’est pas une entreprise privée pour qu’il agisse de la sorte». C’est dire que les débats qui débuteront demain seront chauds.