«Concéder le monopole à des barons est une périlleuse aventure!»
L’Algérie se dirige vers des échéances électorales dans un contexte mondial et national inédit.
Louisa Hanoune aura fait part du lien étroit entre la stabilité sociale et la stabilité politique et a rappelé les émeutes de l’huile et du sucre qui ont marqué le début de l’année 2011. «Concéder le monopole à des barons sur ces denrées de première nécessité est une périlleuse aventure!» a-t-elle averti.
Usant de son franc-parler habituel, la SG du PT (Parti des travailleurs) Louisa Hanoune, a également lancé un appel pressant aux décideurs afin de renationaliser le complexe sidérurgique d’El Hadjar. A la faveur de la réunion de la coordination nationale de l’Organisation des jeunes pour la révolution (ORJ) qu’elle a animée ce week-end à El Achour, à Alger, la dame du PT a en effet expressément invité les autorités du pays à libérer le fleuron de l’industrie nationale des griffes d’ArcelorMittal, ce géant qui semble miné par la crise internationale du système capitaliste et qui se trouve dans la zone rouge, car en défaut de paiement et donc quasiment en dépôt de bilan. Ce géant international s’est contenté de pomper les plus values et de les transférer à l’étranger pour consolider ses positions dans d’autres pays, où il est en position vulnérable, a-t-elle expliqué en ajoutant que l’Etat algérien doit plus que jamais user de son droit de préemption pour restituer ce patrimoine national aux travailleurs, surtout qu’ArcelorMittal n’a pas respecté le cahier des charges auquel il est soumis.
Sur sa lancée, Mme Hanoune a également insisté sur l’importance de sauver d’autres entreprises algériennes happées par le capital étranger, notamment l’Engi ou Entreprise nationale des gaz industriels laquelle est acquise à 60% par Lindt Gaz et qui a augmenté de manière scandaleuse le prix de l’oxygène (O2), soit à hauteur de 800%. «Cette hausse du tarif de l’oxygène est scandaleuse d’autant qu’elle prive des malades algériens de cet élément vital. C’est mafieux et criminel!» a-t-elle lancé. Evoluant dans la même logique Hanoune a poursuivi en évoquant la situation d’impasse dans laquelle se trouvent le complexe laitier de Draâ Ben Khedda, à Tizi Ouzou sinon Algal, le producteur de l’aluminium, à M’Sila ou encore l’unité des câbles à Biskra.
Il faut nationaliser, c’est une question d’avenir, a-t-elle renchéri en déclarant que «le nouveau propriétaire de la laiterie de Draa Ben Khedda est un fraudeur car ne respectant pas les normes de production du lait», a-t-elle enchaîné en s’appuyant sur les résultats d’enquêtes. Elle n’a pas alors manqué d’appeler à la création de nouvelles entreprises et à activer les zones industrielles, «restées en jachère», en vue de la création massive de l’emploi. Faisant part d’un bilan de l’année 2011, elle a en fait, conclu que la politique de privatisation s’avère être un désastre, autant que le sont les accords de partenariat sur la production nationale. Abordant le thème des prochaines échéances électorales, elle a singulièrement pointé du doigt les partisans du statu quo en déclarant que ces derniers ont vidé de tout leur sens les projets de loi sur les réformes. Elle a alors soutenu qu’il «faudra user de l’acte de vote pour chasser les partis responsables des échecs et des frustrations sociales».
Le prochain rendez-vous électoral s’annonce inédit car différent de tous ceux qui l’ont précédé, a-t-elle précisé: «L’Algérie se dirige vers ces échéances électorales dans un contexte mondial et national totalement nouveau. Notamment une Libye qui part en éclats et qui a quelque 950 km de frontière avec l’Algérie, une récession qui ronge l’Europe et enfin l’avènement du projet insidieux Grand Mena. Les apôtres de l’immobilisme auront-ils enfin la sagesse de se démarquer de leur égoïsme et respecter enfin le choix du peuple?», s’est-elle interrogée par ailleurs. Aussi, la première dame du Parti des travailleurs a-t-elle enchaîné en soulignant l’impératif de respecter des élections propres et intègres. A ce titre, elle en appelle au pouvoir souverain du président de la République qui est seul à même de combler les déficits afin d’éviter l’utilisation de l’argent à des fins électorales et l’émergence inconsidérée de partis sigles qui brouillent les choix des citoyens. Selon Madame Hanoune et contrairement à ce que clament les officiels, les observateurs internationaux ne seront d’aucun secours pour la garantie de la transparence des prochaines élections. Aussi, a-t-elle insisté sur le rôle de garant de l’opération électorale que seul pourra alors jouer le chef de l’Etat. «Que chacun soit à la hauteur de ses responsabilités!» a-t-elle martelé en affirmant que le PT, contrairement aux autres partis, n’agite pas l’épouvantail du spectre du parti islamique. Elle a en outre déclaré: «Le peuple connaît les responsables de la crise. Nous offrons l’alternative! il faudra user de l’acte de vote pour imposer le choix souverain!»