Louisa Hanoune candidate du parti des travailleurs , déclare, « La présidentielle sera une élection de guerre »

Louisa Hanoune candidate du parti des travailleurs , déclare, « La présidentielle sera une élection de guerre »

Dans cette interview, la candidate du PT à la présidentielle annonce les grandes lignes de son programme électoral et revient sur les événements qui marquent la scène politique.

L’Expression: Le PT participe pour la troisième fois à une élection présidentielle. Il part avec un capital expérience. Cette fois-ci qu’allez-vous promettre aux Algériens pour les convaincre de voter pour vous?

Louisa Hanoune: Si vous vous rappelez bien, ni en 2004, ni en 2009, je n’ai fait de promesses aux Algériens. Parce que c’est la différence entre celui qui respecte le peuple algérien et celui qui veut l’utiliser comme marchepied pour accéder au pouvoir et appliquer une politique contraire aux intérêts de ce même peuple.

Avant d’être dirigeante du PT et avant d’être sa candidate, j’étais militante sur le terrain, ce qui fait que je ne fais jamais de promesses. Moi, j’engage des combats. Ce qui veut dire que notre participation vise à aider le peuple algérien à se mobiliser pour exprimer son libre arbitre et pour exercer sa souveraineté. Parce que nous avons eu la preuve qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. D’autre part, il s’agit pour nous de proposer au peuple algérien de lancer les bases de la deuxième République. Plus de 50 ans sont maintenant passés après l’Indépendance du pays, plus de 80% de la population sont nés après l’Indépendance, nous avons vu les dégâts relevant du système du parti unique, ce système replâtré après octobre 1988, existe toujours à travers des institutions obsolètes, des pratiques du Moyen-Âge. Donc, nous, on propose au peuple une réforme constitutionnelle institutionnelle de fond.

C’est-à-dire que si le peuple me donne sa confiance, je lui restitue la parole après la présidentielle à travers un débat large autour du contenu d’une réforme constitutionnelle pour asseoir la véritable démocratie. Pour nous la démocratie a un contenu constitutionnel politique, elle a un contenu économique, un contenu social, un contenu culturel, un contenu de l’environnement, du point de vue des relations extérieures, de la Défense nationale. La Constitution doit être une sorte d’entonnoir et un socle sur lequel on bâtira cette deuxième République. Je propose aux Algériennes et aux Algériens de débattre librement pour définir la forme et le contenu des institutions dont ils ont besoin pour inscrire leurs aspirations et exercer leur souveraineté.

Donc, vous proposez en quelque sorte une transition…

Non, non, du tout! Nous sommes fondamentalement opposés à cette idée de transition qui est extrêmement dangereuse. Nous avons eu une transition après octobre 1888 en passant du parti unique au multipartisme. Qu’a donné cette transition? Elle a donné une démocratie de façade qui a confisqué le droit du peuple algérien à une vie digne, à définir la forme des institutions, à discuter de son sort. Mieux encore, cette transition nous a plongés dans la décennie rouge ou noire… Pendant la tragédie nationale, on a eu un Conseil national de transition qui a été utilisé pour voter le plan d’ajustement structurel, la privatisation, le saccage de l’économie nationale, le saccage des droits sociaux. C’était le désastre sur le plan économique et social.

Aujourd’hui, la transition c’est exactement l’orientation donnée par Barack Obama dans son discours du Caire en 2010, lorsqu’il a dit: maintenant il faut changer de cap pour le Moyen-Orient et le Maghreb, il faut passer vers des périodes de transition pour asseoir la démocratie. Mais la démocratie à l’américaine, on la connaît, notamment quand il s’agit des peuples opprimés. Regardez la Syrie, il y a un conseil national de transition, aujourd’hui ce conseil de transition demande l’intervention d’Israël et en contrepartie, on lui promet de lui donner le Golan. La transition en Egypte, on a vu ce que ça a donné: un régime islamiste qui a vidé la révolution de son contenu social et maintenant on s’oriente vers un président militaire. En Tunisie, c’est la même chose, en Libye c’est le chaos total. Il y a eu aussi un conseil national de la transition. Voilà donc l’application des orientations d’Obama. Il n’est jamais question de transition aux Etats-Unis ou dans les puissances occidentales. Elle est faite pour des pays comme le nôtre. C’est du mépris à notre égard. Comme si nous étions incapables de mener à bien une révolution ou un changement.

La transition aujourd’hui, c’est aller droit vers le chaos. Ce sont des nations qui explosent, ce sont des révolutions vidées de leur substance, comme c’est le cas en Tunisie où on ne retrouve pas un mot dans sa nouvelle Constitution sur l’économie, pas un mot sur le social, alors que fondamentalement l’explosion révolutionnaire avait pour motivation les questions économiques et sociales. Pour toutes ces raisons, nous pensons que nous n’avons pas besoin d’une transition. Le peuple algérien a fait une authentique révolution et on ne cherchait pas une transition par une sorte de protectorat, comme cela a été le cas dans d’autres pays. On voulait l’indépendance tout simplement et on l’a arraché au prix d’un lourd sacrifice.

Toutes les transitions qu’il y a eu durant ces dernières périodes étaient sous tutelle internationale avec l’intervention de l’ONU, avec les grandes puissances qui dictent leurs lois. Nous mettons en garde, car cela engage la souveraineté du peuple. Que l’élection du 17 avril soit une occasion pour passer à la deuxième République… Parmi ceux qui appellent à une transition, on a entendu des voix qui disent par exemple: «50 ans barakat.» 50 ans de quoi? D’indépendance? Il faut qu’on soit recolonisés? S’il s’agit de dire 50 ans de parti unique barakat, on est d’accord. Nous aussi, c’est ce qu’on revendique. Le système du parti unique n’a pas disparu, il a été replâtré, il faut maintenant une rupture franche avec ce système du parti unique. Et donc si les conditions politiques sont réunies, s’il y a une mobilisation politique populaire à l’échelle nationale, alors on pourra démarrer un processus politique constituant. Mais ce n’est pas le cas à présent.

Mais depuis 2011 on a assisté à des milliers de manifestations et de mobilisations dans la rue et sur le territoire national.

Il y a des mobilisations effectivement, mais c’est sur des questions sociales. Il n’y a pas eu de revendications politiques proprement dites. S’il y a une dynamique politique, à ce moment-là, on s’orientera vers un processus constituant. Si le peuple me donne sa confiance, je lui redonnerais la parole pour que lui décide de son sort à travers la réforme constitutionnelle, à travers un débat très large qui commencera par des élections anticipées à une véritable Assemblée nationale. Donc: réforme constitutionnelle immédiate, avec un gouvernement de techniciens pour gérer les affaires courantes, et prendre en charge la mise en oeuvre de la réforme constitutionnelle et des élections anticipées.

Vous avez qualifié le prochain scrutin d’élection de guerre. Une guerre contre qui? Alors que les officiels Algériens disent que l’élection du 17 avril sera une fête pour l’Algérie.

Ce n’est pas nous qui sommes en guerre. C’est une élection de guerre. Je précise encore que c’est une élection de guerre. Il y a d’abord, le contexte international.

Il n’y a que les aveugles et les ignorants en politique et les irresponsables qui tentent de camoufler la vérité. Autour de nous, il y a des brasiers qui ont des impacts directs sur le pays. Notre armée est mobilisée sur 6540 km de frontières! Parce qu’il y a le terrorisme partout, il y a des dislocations. A l’échelle mondiale il y a une crise économique et politique du système capitaliste sans précédent. Au Sahel et au Maghreb, la situation est caractérisée par une très grande instabilité et il y a une menace directe contre nous: il y a un chantage extérieur concernant l’orientation économique notamment les correctifs introduits depuis 2009. Il y a une tentative de plonger notre pays dans le chaos dit du printemps arabe, parce que c’est le seul pays qui se maintient et qui est un facteur d’ordre dans la région. Il y a un chantage et des pressions exercées sur l’Etat algérien pour entraîner notre armée en dehors des frontières pour aller guerroyer au Mali, en Libye, en Centrafrique et que le Trésor algérien finance ces guerres -impérialistes-, d’occupation. Tout ça c’est une réalité. Les responsables américains ont annoncé, il y a huit mois, l’avènement du chaos en Algérie à l’approche de la présidentielle et ils l’ont réitéré, il n’ y a pas longtemps. Je ne parle même pas des ONG qui ont fait feu de tout bois. Elles tentent à chaque fois qu’il y a un mouvement social revendicatif, de l’infiltrer par le biais de l’argent pour le dénaturer et le transformer en mouvement politique. C’est ce qui nous entoure à l’échelle mondiale et régionale. Mais aujourd’hui ce qui se passe sur le plan interne, moi je crois que ces responsables qui considèrent que la présidentielle est une fête, sont inconscients ou alors ils sont aveugles pour ne pas constater que nous sommes dans une situation d’une gravité sans précédent.

Nous sommes à la croisée des chemins. Regardez Ghardaïa. Ce ne sont ni les Mozabites ni les Malékites qui sont responsables. Ils sont otages, ils sont victimes. Ce sont des acteurs manipulés de l’extérieur de Canvas, de Freedom House, du NED qui ont préparé les révolutions «Oranges», qui dressent les deux composantes à Ghardaïa les unes contre les autres qui organisent via leurs appendices locaux ses provocations. Sans oublier bien sûr la mafia des narcotrafiquants. Dans une guerre de décomposition, les seuls gagnants ce sont les seigneurs de la guerre les peuples sont toujours perdants. En même temps, il y a malheureusement des tensions, il y a des convulsions un peu partout. La situation au plan interne comporte encore des fragilités sociales, des fragilités politiques en rapport avec la nature du scrutin et avec les restrictions aux libertés. Ce qui fait qu’il est possible d’ouvrir la voie à l’ingérence, d’attiser le feu. C’est la raison pour laquelle nous interpellons depuis déjà des mois, le Premier ministre et le président de la République pour leur dire qu’il faut réunir les conditions politiques et le climat social nécessaire, pour qu’il y ait la confrontation entre les idées et les programmes et fermer la porte devant les menaces d’ingérence extérieure.

Incidents à Ghardaïa, tension à Batna et Khenchela, rassemblement à Tamanrasset, mouvement Barakat, des appels au boycott. Que décèle le PT dans tous ces mouvements: une vitalité politique, des signes probants de crise ou alors des complots de déstabilisation?

Les grèves, les revendications de la jeunesse, les revendications sociales, comme des militaires à la retraite ou ceux des gardes communaux qui demandent des statuts comme les femmes qui sont sorties à Illizi pour revendiquer des maternités, de l’eau, des jeunes qui revendiquent un travail etc.

Tout ce qui s’adresse à l’Etat pour un mieux-être et une vie digne est un signe de vitalité. En revanche et à contrario, ce qui se passe à Ghardaïa est l’expression d’un processus dé désintégration de notre pays. Le choix de Ghardaïa n’est pas fortuit, cette ville qui est la porte du Grand Sud algérien a des réserves en pétrole et en gaz, les gazoduc et les oléoducs traversent cette wilaya. C’est un haut lieu du tourisme saharien, une wilaya agricole, elle a une industrie. En somme, Ghardaïa a tout pour devenir un pôle de prospérité et de développement. Mais en même temps c’est une wilaya qui a une spécificité où cohabitent deux communautés. Il y a toujours eu de petites escarmouches mais qui disparaissaient dès que les sages interviennent. Mais ça devient récurrent depuis 2014 et ça a un autre contenu. Nous avons vu des acteurs qui ont d’ailleurs été répudiés par les ibadites, comme ce pseudo-militant des droits de l’homme qui a appelé à l’internationalisation de la crise, à l’ingérence, à l’intervention des Casques bleus, on a vu le MAK qui est descendu de Kabylie pour soutenir et appeler à l’autonomie. C’est un plan qui peut prendre, car il y a des fragilités sociales à Ghardaïa, comme il y en a dans d’autres wilayas y compris en Kabylie. La provocation qui a ciblé la Kabylie en 2001 n’a pas abouti aux desseins escomptés, car la population est homogène. C’est la raison pour laquelle il y a un acharnement contre Ghardaïa. Le plan du Grand Moyen-Orient de Bush fils en 2003, annonçant le dépeçage de toutes les nations du Pakistan à la Mauritanie sur des bases ethniques et religieuses est en marche. Là où ces composantes n’existent pas, ils les fabriquent. Et à Ghardaïa il y a déjà une réalité de deux communautés qui cohabitent, mais ils veulent les mettre à feu et à sang. C’est toute la nation qui se trouve en danger. Pour l’appel des Touareg. Je rappelle qu’El Gueddafi a tenté de manipuler cette question. Il voulait créer le Targuistan en leur faisant miroiter leurs richesses et qu’ils seraient maîtres de leur destin. Regardez ce qui ce passe au Sud Soudan. A-t-il bénéficié des richesses qu’il y a là-bas? C’est le chaos total, c’est une guerre civile.

Ce sont des plans occidentaux qui visent à organiser le pillage des richesses. La situation en Libye le prouve bien. On voit comment des compagnies étrangères passent des contrats avec des bandes armées pour extraire le pétrole et l’acheminer vers l’extérieur. Les Touareg ont des revendications tout-à-fait légitimes pour vivre mieux, pour avoir de l’emploi, mais nous sommes une République. Et la République asseoit l’égalité entre ses citoyens en matière de péréquation, services publics, d’accès à l’instruction, au logement etc… Au PT nous militons pour constitutionnaliser le système (?) et qui donne lieu à des plans spéciaux pour les régions qui sont en retard en matière de développement. La pire des choses, ce serait qu’il n’ y ait plus de mélange entre les populations. Dans le Sud il ne faut pas désigner que des gens du Sud et au Nord que ceux du Nord! Cela ouvrira la porte à un processus de dislocation de la République. Ce qu’il faut, c’est de réunir les conditions pour un essor du Sud. Déjà il y a des projets pour extraire les minerais, reprendre les mines fermées à Béchar et à Tindouf.

Ce sont des dizaines de milliers d’emplois, il y a le gaz de schiste, ce sont aussi des centaines de milliers d’emplois avec des centaines de centres de formation.

C’est vous dire qu’il y a des solutions pour le Sud. Il y a un début de règlement, mais comme les institutions actuelles sont issues du système du parti unique cela fait qu’il n’y a pas de contrôle, pas de suivi, il y a des interférences entre les prérogatives des ministères, des walis et des P/APC. Il faut remettre de l’ordre dans le fonctionnement de ces institutions à tous les niveaux et il nous faut un ministère de la planification pour définir les priorités et les besoins. Pour nous, demander à ce que les postes de responsabilité pour le sud soient réservés exclusivement pour le Sud n’est pas la solution. D’ailleurs, la directive du Premier ministre instituant le fait de réserver les emplois de jeunes exclusivement au jeunes du Sud de la même willaya est une dérive très grave: un travailleur par exemple à Adrar, qui possède des diplômes requis n’a pas le droit d’aller travailler à Tamanrasset. C’est une extrême gravité qui doit être corrigée. Il faut créer des emplois nécessaires au Nord et au Sud. Ces solutions de cafouillage peuvent provoquer des désastres. S’agissant du mouvement Barakat, c’est un mouvement politique, très hétérogène avec pour particularité la participation de quelques journalistes comme citoyens, c’est leur droit. Nous sommes pour le respect des droits de manifester et de s’exprimer. Nous l’avons dit et contrairement à ce qui a été écrit, ce n’est pas le communiqué du Quai d’Orsay qui a incité le gouvernement à ne pas réprimer le dernier rassemblement de Barakat. Parce que la décision de ne pas réprimer a été prise avant.

Personnellement, je suis intervenue, je me suis adressée au Premier ministre, au président de la République et je me suis assurée qu’il a bel et bien compris le message. Ce sont des provocations que d’envoyer la police réprimer des citoyens qui manifestent pacifiquement, même si je ne suis pas d’accord avec leur position. Je pense qu’on ne peut pas revendiquer des libertés et en même temps porter atteinte à une autre liberté, à savoir la liberté de candidature. Nous considérons que la démocratie est indivisible, la citoyenneté est indivisible. Je disais que ce mouvement est hétérogène, parmi eux, il y a des personnes dont on connaît le soutien à un candidat, des journalistes et non journalistes, des anciens ministres qui rêvent de revenir aux affaires. En soutenant ce candidat, ils exercent une pression sur la rue, ce qui n’est pas normal intellectuellement Ca manque de rigueur. Si je soutiens un candidat, je le dévoile, le dis, je ne trompe pas l’intelligence du peuple. Parmi ces manifestants, il y a ceux qui appellent carrément à l’arrêt du processus électoral, c’est-à-dire au chaos, à l’intervention étrangère. C’est donc un mouvement assez contradictoire. Il y a quelques éléments parmi les gardes communaux qui se prononcent contre un 4e mandat, d’autres contestent cette expression. Il y a aussi ceux qui disent que nous ne sommes pas un parti politique nous voulons rester neutres et ils ont raison, c’est la voie de la sagesse pour préserver leur unité. J’ai lu des écrits de certains animateurs du mouvement Barakat une conception de l’Assemblée constituante ahurissante. Est-ce de l’incompréhension, de la non-maîtrise de ce sujet, ou bien c’est volontaire? Il parlent d’une Assemblée constituante composée d’élites. Pourquoi des élites? L’Assemblée constituante c’est l’ensemble de la société qui doit être représentée au contraire. C’est une vision élitiste extrêmement dangereuse! Dans un processus constituant, l’artiste, le paysan, l’ouvrier, la femme, le jeune, le handicapé, le chômeur, tous et toutes les couches sociales doivent pourvoir exprimer leurs aspirations, pour qu’on puisse arriver à une Constitution qui tienne compte justement des aspirations des populations. S’agissant de ceux qui boycottent, ils ont le droit le plus absolu de le faire. Se présenter à l’élection, voter et boycotter sont des droits et un droit je peux l’utiliser quand je veux. Le boycott est une expression politique pacifique. Les empêcher de s’exprimer, cela dénote que le gouvernement a peur. Cela exprime un manque de confiance en soi. Je dis aux autorités: c’est à vous de réunir les conditions, de restituer la confiance au peuple algérien dans l’acte de voter, mais pas en étouffant les voix de ceux qui boycottent. Si les autorités réunissent toutes les conditions de transparence et de garantie à ce moment-là les Algériens constateront d’eux-mêmes qu’il n’y a aucune raison de boycotter ou de s’abstenir.

Le président Bouteflika ira pour un 4e mandat, la Constitution le lui permet. Cependant, ne pensez-vous pas que le principe de l’alternance a été bafoué?

Voyez-vous, ce principe de l’alternance est une création des institutions internationales. L’alternance aux USA signifie que le parti républicain gouverne pendant quatre ans et cède la place aux démocrates. En France, entre la gauche et la droite il n’ y a plus aucune différence, ce sont des politiques de guerre, de destruction des acquis sociaux. Nous, nous sommes pour la souveraineté des peuples.

Au Venezuela, feu le président Chavez parce qu’il a apporté de vraies réformes, a résisté à l’impérialisme, la majorité a voté pour lui, même lorsqu’il avait un cancer en phase finale. Etant voisin des Etats-Unis, il n’a pas échappé aux manipulations de la CIA. Aujourd’hui encore, Nicolas Maduro est confronté aux mêmes problèmes: une opposition de droite rattachée aux intérêts américains. Pour nous, la limitation des mandats, ce qui s’appelle confisquer la souveraineté du peuple.

Donc vous êtes contre le principe de la limitation des mandats?

Oui, mais nous proposons mieux! Nous sommes pour le principe de la révocabilité: de la commune jusqu’à la présidence de la République. Dans la Constitution nous proposerons que si le peuple algérien juge que le président de la République ou le président de l’APC, ou le député n’a pas respecté ses engagements, il ne faut pas attendre jusqu’à la fin d’un mandat pour le révoquer. Par la force de la loi le peuple peut le faire à mi-mandat., à mi-mandat, il peut le démettre. A contrario, le fait de limiter les mandats signifie que même si le peuple est satisfait d’un président, on l’oblige à le chasser et céder la place à un autre qui aurait une politique contraire à celle voulue par le peuple. C’est une aberration et l’alternance qu’on nous propose me fait beaucoup rire.

Vous avez dit qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux soit, mais le 4e mandat de Bouteflika, n’est-ce pas faire du neuf avec du vieux justement?

Il n’est pas le seul vieux politiquement parlant dans cette élection. Un autre candidat qui a gouverné avec lui est aussi un vieux. Et puis il y a un message subliminal dans une certaine presse qui veut faire croire qu’il n’y a que deux candidats, Bouteflika et Benflis. Les deux sont des enfants du système, un gouverne encore et un autre a eu à gouverner avec lui. Nous, au Parti des travailleurs lors du premier mandat de Bouteflika et quand il y avait comme chef de gouvernement Ali Benflis, nous étions fondamentalement opposés à son orientation économique et sociale, le statut de la femme, la suspension des libertés démocratiques, les restrictions en matière de pratiques politiques, nous nous battions contre les privatisations. Rappelez-vous que les mines étaient dénationalisées en 2001, c’était sous Benflis, la gestion du problème de Kabylie, c’était sous Benflis, les arrestations de journalistes, c’était sous Benflis. J’ai été personnellement réprimée en 2002 et 2003 et les photos qui me montraient par terre, agressée par des policiers ont fait le tour du monde, qui était chef de gouvernement à l’époque? Depuis 1997, on propose à chaque loi de finances l’introduction d’un RMI, personne ne nous a entendu. Ce même chef de gouvernement a rejeté cet amendement qu’il vient de promettre aujourd’hui à la jeunesse, c’est une plaisanterie. De surcroît, quand on regarde du point de vue des soutiens, on nous dit que les hommes d’affaires soutiennent tel candidat, mais d’autres soutiennent aussi tel autre. Quand on regarde du côté des orientations économiques, le président de la République a corrigé certains aspects, mais pas tout. Nous disons que nous sommes contre l’entrée à l’OMC, aucun candidat ne le dit, nous sommes pour la rupture avec l’accord d’association avec l’Union européenne, aucun candidat ne le dit idem pour la Zale. Il y a même celui qui a annoncé la couleur en offrant des garanties aux investisseurs étrangers pour que notre pays leur paraisse attractif. Il a carrément dit que la règle des 51/49% sera tout simplement abrogée. Ce qui signifie que toutes les décisions audacieuses prises durant ces dernières années seront remises en cause s’il est élu. Et donc ce seront les multinationales qui vont piller ce pays, et nous plongerons dans la régression comme la Grèce où tout, même les aéroports ont été privatisés. D’ailleurs, nous avons déjà subi le PAS qui a dévasté notre pays. Et ce candidat s’engage à remettre en cause toutes les reconquêtes. Ce que propose l’ancien chef de gouvernement est simplement un autre plan d’ajustement, il veut revenir au bradage, à la désertification industrielle et transformer notre pays en un vaste marché pour que soient déversés les produits des multinationales dans la même démarche. Ce candidat propose la flexibilité des relations de travail. Ce qui signifie qu’il n’ y aura plus de CDI, plus de Code du travail, plus de protection sociale, plus de semaine des 40 heures, plus de protection des femmes, plus de Smig. L’abrogation de la 87 bis arrachée par l’Ugta et le PT fera qu’elle partira à vau-l’eau. Je profite d’ailleurs durant cette campagne pour alerter les travailleurs algériens sur ces dangers. Les chômeurs, les 2 millions de travailleurs précaires, doivent savoir ce que signifie la flexibilisation des relations de travail. En d’autres termes, les travailleurs algériens seront des esclaves et que l’Algérie sera transformée en vaste zone franche sans droits ni lois. Les lois de la République ne s’y appliqueront plus comme c’est le cas dans certaines parties de la Chine et du Mexique. Nous allons mener une campagne très forte, offensive dans le cadre de la confrontation entre les idées et les programmes. Par ailleurs, j’interdirai au militants de mon parti l’invective, l’insulte et l’atteinte à l’honneur des personnes. Nous nous adresserons à l’intelligence du peuple algérien pour lui dire: regardez ce que vous propose untel regardez ce que vous propose untel autre, et voilà ce que propose le Parti des travailleurs, à travers sa candidate. Dans cette bataille, c’est nous qui sommes la véritable alternative parce que nous sommes les seuls à avoir engrangé des conquêtes durant nos combats et que nous ne sommes pas responsables des malheurs et privatisations parce que nous n’avons jamais gouverné. L’alternance pour nous signifie un autre programme politique, ce qui exige une réforme institutionnelle et politique, matérialisant la rupture avec le système de parti unique.