Louisa Hanoune apostrophe Larbi Ould Khelifa, « Vous parlez au nom de qui? »

Louisa Hanoune apostrophe Larbi Ould Khelifa, « Vous parlez au nom de qui? »
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«Nous refusons catégoriquement que le projet soit passé par les deux chambres», a-t-elle souligné ajoutant qu’«il est temps de dévoiler le contenu de la nouvelle Constitution».

La première responsable du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, ne met jamais de gants pour dire ce qu’elle pense. Abordant la révision de la Constitution lors d’une rencontre avec les cadres de son parti à Oran, elle a soutenu que ce projet «doit être soumis au référendum populaire et non à l’appréciation d’un Parlement bicaméral». Elle le dit haut et fort quitte à s’attirer les foudres ensuite. «Ce Parlement est issu d’une fraude généralisée en 2012, des élections à la Naegelen qui ont permis, grâce à une fraude des plus massives, de sauver un parti unique à la dérive.»

Il faut donc s’attendre à une réplique violente du patron du FLN Amar Saâdani qui, lui aussi, ne ménage pas la pasionaria du PT. Mais Saâdani n’est pas le seul à subir la salve de Louisa Hanoune, le président de l’APN, Larbi Ould Khelifa en fait lui aussi les frais puisqu’il s’agissait du Parlement qui aux yeux du PT souffre d’un déficit de légitimité. «Qui vous a mandaté pour parler?», a-t-elle apostrophé le président de l’APN. Aussi, estime-t-elle que «le projet de révision de la Constitution est confus. Après un premier tour de concertation avec les partis politiques, la mouture finale du document n’a pas été rendue publique. Aujourd’hui on nous parle d’un nouveau round de discussions avec les partis politiques, et nous estimons cela comme de simples supputations et de manoeuvres de certains cercles».

«Il faut assécher les pépinières de la violence», a-t-elle préconisé. Ce projet de révision a été d’ailleurs décortiqué par la secrétaire générale du PT. Elle a appelé à la tenue d’un référendum populaire au lieu d’avaliser le projet par les deux chambres législatives.

LG Algérie

«Nous refusons catégoriquement que le projet soit passé par les deux chambres», a-t-elle souligné, ajoutant qu’«il est temps de dévoiler le contenu de la nouvelle Constitution». «Il faut en finir avec l’opacité qui entoure cette question», a-t-elle encore martelé. L’abrogation du Code de la famille, l’officialisation de la langue amazighe et l’instauration de l’obligation de son enseignement ont constitué le reste de son speech qui a duré une heure. D’autre part, Louisa Hanoune dira que les militants de son parti sont mobilisés en permanence et alertés vu les chamboulements politiques actuels qui marquent l’actualité. Cette mobilisation, explique-t-elle, vise la préservation du front intérieur en vue de faire face à la décrépitude sociale qui sévit dans le pays et le séchage de ce qu’elle a qualifié «des pépinières de violence». Une telle déclaration vaut son pesant d’or étant donné que Louisa Hanoune pointe du doigt une certaine opposition en lançant à son égard des piques vu ses démarches qu’elle (opposition) mène ces derniers mois.

«Notre parti soutient toute mesure positive et se dresse contre toute position allant à l’encontre des intérêts de la nation», a-t-elle indiqué. Cela ne l’a pas empêché de décocher des flèches également contre certains aspects de la politique du gouvernement. Aussi, elle n’a pas été tendre dans ses propos en formulant de vives critiques à l’encontre du gouvernement et la politique économique qu’il a entérinée.

Dans ce registre critique, Mme Hanoune a estimé que Bouteflika n’a pas tenu ses engagements lors de la campagne électorale pour le 4e mandat. Mais elle ne stagne pas à ce stade de la critique, elle propose des solutions:

«C’est pourquoi, le bureau politique du Parti des travailleurs se réunira dans les prochains jours pour évaluer la situation et apporter les réponses qui s’imposent», affirme-t-elle, non sans énumérer quelques projets bloqués ou qui n’ont pas abouti: «Ni le projet de découpage administratif, ni la révision de la Constitution, ni les réformes politiques n’ont abouti et nous estimons que cela suscite les appréhensions légitimes du peuple», a-t-elle détaillé. Au plan externe, elle a salué la position algérienne consistant en sa non-participation dans la guerre «fratricide» lancée par plusieurs pays arabes contre un autre pays arabe, le Yémen. Qualifiant de «guerre criminelle», l’offensive militaire menée par la force arabe contre le Yémen, Louisa Hanoune a expliqué que «la position prise par l’Algérie constitue une mesure correcte en ne prenant pas part à cette guerre» lors de son meeting à Oran qui a rassemblé des cadres de son parti venus en force.

«Comment se fait-il que les Arabes combattent les Arabes alors que ces meneurs de la guerre se prélassent en n’abordant jamais la cause palestinienne?», s’est interrogée Madame Hanoune affirmant que «les Arabes mènent la guerre par procuration».