Louisa Hanoune à propos des réformes politiques «Voilà ce que m’a dit Bouteflika»

Louisa Hanoune à propos des réformes politiques «Voilà ce que m’a dit Bouteflika»

«Bouteflika va-t-il utiliser ses prérogatives pour sauver les réformes?»

La responsable du PT n’a pas été explicite sur ce que le Président entendait par une deuxième lecture des réformes.

Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) jette un pavé dans la mare. Elle a évoqué, hier lors de la réunion du bureau d’Alger, la possibilité d’une deuxième lecture des textes de réformes politiques dont trois sont déjà adoptés par l’APN.«J’ai dit au président de la République à l’occasion de la cérémonie du 1er Novembre que ses réformes sont avortées et qu’il faut qu’il utilise ses prérogatives pour les rétablir», a-t-elle révélé lors de son allocution. Et au chef de l’Etat de lui répondre que «peut-être on fera une deuxième lecture». La responsable du PT n’a pas été explicite sur ce que le Président entendait par une deuxième lecture. Mais, politiquement parlant, cela peut s’agir du retrait des projets de loi, tel qu’adoptés par le Conseil des ministres, du Parlement pour les soumettre à un référendum populaire.

C’est ce qu’a demandé le MSP. Il peut s’agir également du retrait des textes pour les faire passer par ordonnances présidentielles, comme souhaité par certains partis qui ont vu leurs propositions émises dans le cadre de consultations politiques, anéanties. Dans son discours, la patronne du PT a accusé les députés FLN, soutenus par ceux du RND, d’avoir fait avorter des textes de loi adoptés par le Conseil des ministres. Elle a qualifié d’«escroquerie» l’adoption, par l’APN le 3 novembre dernier, du principe de graduation des taux de candidature féminine aux assemblées élues entre 20 à 50%. Le Conseil des ministres a adopté le principe de quota de 30% pour les femmes dans les listes électorales dans le cadre de la loi sur la représentativité des femmes dans les assemblées élues.

Mme Hanoune estime que le fait de parler de représentativité et non de participation de la femme est une dérive grave. «Ça devient du sexisme», a-t-elle tranché. L’oratrice n’a pas voulu citer tous les articles de loi déformés par les députés. Toutefois, le fait d’avoir fait avorter deux articles de la loi électorale est déjà reproché aux députés.

Le Conseil des ministres a interdit le nomadisme politique et a obligé les ministres désireux de participer aux élections législatives de démissionner. Les députés ont fait avorter ces articles. La SG du PT a indiqué, dans ce sens, que les journalistes qui ont dénoncé le fait que les lois sont vidées de leur substance ont raison. Elle se pose, cependant, la question centrale: «Bouteflika va-t-il utiliser ses prérogatives pour sauver les réformes?»

La question reste posée. Louisa Hanoune a fait une autre révélation. Toujours lors de la cérémonie de célébration du 57e anniversaire de la guerre de Libération nationale, la SG du PT a interpellé le directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), le général Abdelghani Hamel sur la création d’un syndicat dans le corps de la police. «Je n’ai pas fermé les portes», lui aurait répondu le général Hamel. Un syndicat pour la police qui serait affilié à l’Ugta est, faut-il le rappeler, une revendication du PT ces derniers temps. Mme Hanoune a évoqué, en outre, le prochain Congrès international contre le néocolonialisme qui sera organisé par son parti et l’Ugta les 10, 11 et 12 décembre 2011. Dans ce cadre, elle a dénoncé les interventions étrangères dans les pays tiers. Elle a insisté sur la question de défense nationale dans ce contexte international et régional dangereux. Mme Hanoune a estimé que la suspension de la Syrie par la Ligue arabe est à la fois la signature de l’arrêt de mort de cette Ligue et un préalable à l’intervention étrangère dans le pays.

Elle accusera l’administration américaine de tout concocter dans le cadre du projet de Grand-Moyen-Orient.

Sur la rencontre de Bouteflika avec le président du CNT libyen au Qatar, elle a indiqué que «certes, on était étonné mais il faut analyser la situation de la région».