S’agit-il de donner un habillage juridique à un projet déjà prêt?» s’est-elle interrogée.
La secrétaire générale du PT, a décelé une «réelle ambiguïté relative à la mission assignée à la commission d’experts chargée d’élaborer l’avant-projet de révision constitutionnelle» installée hier par le Premier ministre. On est totalement dans le flou car «on ne comprend pas quel est le mandat et la mission de cette équipe qui va se substituer à la souveraineté du peuple», a déploré Mme Hanoune qui s’exprimait lors de l’ouverture des travaux de la réunion du bureau politique. Selon la responsable du PT, «il est impératif qu’il y ait avant tout un processus et une dynamique politique.» A ce stade, beaucoup de zones d’ombre entourent ce procédé. S’agit-il de donner un habillage juridique à un projet déjà prêt?», s’est-elle interrogée. «Est-ce que cette commission va statuer sur des questions fondamentales», engageant l’avenir de la nation comme la définition de la nature du système et la séparation entre les pouvoirs? Ces experts ont-ils été chargés d’élaborer une politique prédéfinie? Quel genre de mandat a-t-on confié à cette commission?», sont autant d’interrogations soulevées par Mme Hanoune. Si la commission du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a recueilli en 2011, dans le cadre des consultations, maintes propositions contradictoires, farfelues des partis, du patronat, de l’Ugta, en revanche «comment vont-ils procéder ces experts?», dit-elle. Cette démarche soulève vraiment des interrogations parce qu’il y a une problématique qui n’a pas été réglée «Le peuple doit être associé à cette importante question qui relève directement de sa souveraineté. En tout cas, à ce stade, on ignore les tenants et aboutissants de cette démarche», souligne-t-elle. Elle note la nécessité d’«un large débat au préalable». Or, pour une commission restreinte qui va élaborer un avant-projet de la Constitution «il faut qu’on soit fixé sur ses prérogatives et sa marge de manoeuvre», fait-elle savoir. Cela d’une part, d’autre part, il se peut que «ces experts ont des appartenances politiques». Donc, dans ce cas de figure, il est difficile d’être objectif.
D’un autre côté, «s’il sera soumis à l’APN, composée par au moins une centaine d’hommes d’affaires, se sera très dangereux», poursuit-elle. Ceci dit, il faut qu’il y ait «un débat et un processus pour permettre au peuple de faire entendre sa voix en connaissance de cause», insiste-t-elle.
Aux yeux de la secrétaire générale du PT, il est possible que «cette commission va se substituer à tout le monde y compris les partis politiques». Dans ce contexte, indique-t-elle «le gouvernement doit donner tous les éclairages sur cette question, car confiner la chose dans une commission, exclut tout débat contradictoire et démocratique». A moins qu’il s’agisse de «retouches superficielles dans le texte de la loi fondamentale», il est inconcevable que «tout le peuple algérien soit mis en marge d’un processus de refondation ou d’amorçage d’un tournant vers la démocratisation du régime», a-t-il ajouté.
Louisa Hanoune a dénoncé les concessions invraisemblables faites par le gouvernement au profit de la Zone arabe de libre-échange à travers la révision de la liste négative de produits. Pas moins de 550 produits de la «liste négative» interdits à l’importation auprès des pays membres de la Zone arabe de libre-échange (Zale) ont été libérés, selon elle. Cela est d’autant plus incompréhensible que les pays arabes importent ces produits des zones franches, explique-telle. «Ce cadeau offert au détriment de la production et l’économie nationales est-il venu suite à la visite de l’émir de Qatar en Algérie?», s’est-elle encore demandée.
Par ailleurs, Mme Hanoune s’est attaquée encore une fois à l’ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour. Non pas qu’elle lui dénie le droit de se porter candidat, mais elle l’accuse d’être «à la solde des ONG et forces impérialistes qui visent la déstabilisation de l’Algérie». «M. Benbitour n’aura jamais la capacité de manipuler les jeunes du Sud», dira-t-elle. Si Ahmed Benbitour a invité le Président Bouteflika à renoncer à un autre mandat, notamment en raison de ses soucis de santé, pour le PT, le nombre de mandats ne pose pas problème, préconisant la révocabilité du mandat par le peuple. Le programme politique de M. Benbitour se résume à la calomnie et la misogynie, affirme-t-elle.
Enfin, ayant cru être traité de femme en phase avec la ménopause politique dans l’une de ses contributions parues dans un journal arabophone, Mme Hanoune a qualifié, hier Ahmed Adimi de menteur et falsificateur de la vérité.