Louisa Hanoune à la sortie du conseil constitutionnel “La clientèle de Bouteflika a pollué la scène politique”

Louisa Hanoune à la sortie du conseil constitutionnel “La clientèle de Bouteflika a pollué la scène politique”

“Il y a un grand écart entre les instructions du Président et sa clientèle qui, elle, recourt à des pratiques frauduleuses, polluant, du coup, le processus électoral”, a-t-elle regretté.

Si elle se garde, comme d’habitude, d’émettre la moindre critique à l’encontre du président-candidat, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n’hésite pas à s’en prendre à son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qu’elle accuse d’avoir été le premier à “violer” la directive du Président en se permettant d’annoncer, par procuration, la candidature de ce dernier. “J’étais la première à utiliser le mot procuration, avant tout le monde. C’était lors de ma rencontre avec le Président en personne que j’avais averti, à l’occasion, pour qu’il fasse attention à ce que sa candidature soit annoncée par quelqu’un d’autre que lui. Mais voilà que Sellal, en tant que Premier ministre et président de la commission de préparation des élections, l’avait fait à sa place. Ce qui est anormal et en contradiction avec la directive que le Président avait adressée, la veille, à tous les commis de l’État. Sellal n’avait pas le droit de faire ça, c’est une déviation”, a dénoncé, hier, la première dame du PT lors d’un point de presse improvisé à sa sortie du Conseil constitutionnel où elle venait de déposer son dossier de candidature pour la présidentielle du 17 avril prochain.



Sellal n’est pas le seul à essuyer les critiques de Mme Hanoune puisqu’elle n’a pas manqué de rappeler à l’ordre la “clientèle” du clan présidentiel à laquelle elle reproche d’avoir “pollué” la scène politique. “Aujourd’hui, il y a un grand écart entre les instructions du Président qui, soucieux d’assurer des élections transparentes, insiste sur le respect du cadre légal, et la clientèle qui, elle, recoure à des pratiques frauduleuses polluant, du coup, le processus électoral. C’est l’héritage des réflexes archaïques du parti unique”, a-t-elle regretté.

Elle interpelle, de ce fait, le chef de l’État à intervenir pour mettre un terme à cette “mascarade”. “Ces gens (la clientèle de Bouteflika) sont en train de tout traficoter ; ils sont des faux. Ils se sont précipités à ramasser des signatures fausses”, a-t-elle dénoncé, non sans juger que “l’heure est grave” et que le pays est à “la croisée des chemins”. Pour Louisa Hanoune, la clientèle de Bouteflika est représentée par des “zélés” qui s’inspirent des réflexes archaïques de l’ancien parti unique.

Faut-il rappeler que ces gens se recrutent, entre autres, parmi les militants de l’actuel parti du FLN dont, statutairement parlant, le président aujourd’hui n’est pourtant autre que le candidat Abdelaziz Bouteflika ! Peu importe, Louisa Hanoune croit néanmoins en ses chances de “gagner cette élection, ou tout au moins gagner du poids pour peser” dans l’échiquier politique. Pour ce faire, elle fait “confiance” aux citoyens dont les signatures des formulaires pour sa candidature s’élèvent à “111 078” collectées dans 47 wilayas. Le PT a réussi à collecter, en revanche, “917” signatures d’élus. Mme Hanoune ne manque pas de souligner que “(son) parti n’a pas eu à acheter la moindre signature”.

Pour elle, ceux qui ont utilisé cette méthode frauduleuse (achat de signatures), même si elle ne cite personne, “vont se retourner contre le peuple”, juste après le scrutin du 17 avril.

Interrogée, par ailleurs, sur sa position par rapport à la manifestation citoyenne pacifique contre le quatrième mandat, sévèrement réprimée samedi dernier à Alger, la candidate du PT s’est dit “étonnée” de l’acharnement des policiers, même si elle ne partage guère la requête des manifestants. “Nous ne nous inscrivons pas dans une démarche à géométrie variable. Certes, nous sommes pour la liberté d’expression, mais nous sommes aussi pour le respect du droit à la candidature (…)”, a-t-elle conclu.

F. A