Les mouvements de protestation enregistrés dans le Sud étaient prévisibles. Cette région est une bombe à retardement, a estimé Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), qui rappelle que son parti a toujours appelé à l’adoption de solutions durables aux maux sociaux, entre autres le chômage. Intervenant hier à l’ouverture de la réunion de la coordination de l’Organisation des jeunes pour la révolution (OJR), tenue à la Mutuelle générale des travailleurs de Zéralda (Alger), la SG de cette formation politique a averti du danger éventuel engendré par cette situation critique reflétée à travers le marasme social.
Un parterre fragile qui peut facilement profiter à certaines organisations étrangères, ciblant l’Algérie qui résiste au vent du printemps arabe, selon elle. D’ailleurs, le fait de considérer ce problème comme étant régional présage un revirement dangereux.
C’est pour cela, poursuit-elle, qu’il faut immuniser la nation en renforçant le front social, et ce, en prenant en charge les revendications des jeunes chômeurs. «Stop, dit-elle, pour les solutions du replâtrage».
«Il est extrêmement dangereux de régionaliser les revendications des jeunes», estime la SG du PT, qui considère que «lorsque les conditions sont précaires, la manipulation extérieure est possible». Affirmant que les problèmes sont les mêmes dans toutes les wilayas du pays, elle exige «des solutions nationales déclinées localement». «Les solutions durables pour remédier définitivement au problème du chômage sont disponibles et possibles.
L’Algérie a les moyens, il faut juste une volonté politique», déclare Louisa Hanoune, qui appelle à mettre un terme au dispositif d’aide à l’emploi des jeunes, pour lequel ont été réservées des sommes colossales, sans pouvoir créer des postes d’emploi. «Cet argent gaspillé devrait être utilisé pour les allocations chômage», propose-t-elle, en précisant que cette question est considérée comme une urgence extrême.
Le PT a, faut-il le rappeler, appelé à cette solution qui permet un réel sondage du nombre des chômeurs et permet également d’absorber le mécontentement des jeunes depuis 1997. Elle préconise d’«abolir» ces agences et renforcer l’Anem qui n’arrive pas à assurer le suivi. Elle salue toutefois la dernière annonce concernant l’exploitation des mines de Ghar Djebilet, considérée comme une revendication populaire locale, et la réalisation de nouvelles cimenteries, même si cela est estimé insuffisant et ne peut absorber le taux de chômage grandissant.
Pour l’annulation de l’accord d’association avec l’UE
Elle rappelle qu’on peut également relancer le secteur de l’agriculture dans cette région, ce qui permettra de créer davantage de postes de travail.
D’autres solutions ont été recommandées par la conférencière. Il est question d’annuler la participation à la zone de libre-échange avec les pays arabes et l’annulation de l’accord d’association avec l’Union européenne.
«Il n’est pas question de partager le fardeau de l’Union européenne», dit-elle, ajoutant dans le même contexte que l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est une condamnation à mort de l’Algérie.
D’ailleurs, l’annonce de Mustapha Benbada, ministre du Commerce, par rapport à la mise en place d’une commission mixte pour étudier l’éventuelle abrogation de la subvention des produits alimentaires de première nécessité, pour le remplacer par des cartes pour les «pauvres» annonce d’ores et déjà la couleur de cette adhésion. S’opposant à cette politique qui risque d’enfoncer la société, elle propose de récupérer les réserves de change placées dans les banques étrangères.
Elle propose aussi la révision de la politique d’exonération accordée au privé. «Il faut cesser d’accorder de l’aide au privé et s’accaparer de l’argent acquis par des moyens non déclarés».
Elle rappelle, par ailleurs, son opposition à la loi de finances complémentaire, où il est question d’appliquer la politique d’austérité dans 17 secteurs. Dans un autre volet, Louisa Hanoune évoque l’ambiguïté de l’objectif de la commission d’experts chargée d’élaborer l’avant-projet de loi sur la révision de la Constitution.
Pour Mme Hanoune,
«il est nécessaire d’associer le peuple à un débat national pour lui permettre de faire entendre sa voix. En somme, il faudrait qu’il y ait une dynamique politique. En conclusion,
Mme Hanoune considère que le contexte national est caractérisé par des protestations «légitimes» de jeunes et de travailleurs. «Ces problèmes nécessitent une législation appropriée et des décisions audacieuses».
S. A.