Louisa Hanoune : «2017, une année des plus horribles»

Louisa Hanoune :  «2017, une année des plus horribles»
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La secrétaire générale du Parti des travailleurs dresse un bilan des plus négatifs de l’année qui s’achève. Hanoune la qualifie d’«horrible à tous les niveaux» avec des «pseudo-scrutins» qui menacent la continuité de l’Etat. Elle s’achève avec l’entrée en vigueur de la loi de finances qui constitue une «véritable bombe à retardement » et une guerre sociale qui remet en cause la nature même de l’état social sans compter la «caporalisation» de la vie politique. Seule source d’optimisme : les mesures en faveur de tamazight qui pourraient, dit-elle, ouvrir la voie à l’élection d’une Assemblée constituante.

Nawal Imés – Alger (Le Soir d’Algérie) – Point de raison de regretter l’année qui s’achève, selon la première responsable du PT. Elle aura été celle de tous les reculs, affirmait Hanoune vendredi face aux représentants des 538 élus locaux qui ont survécu à ce qu’elle qualifie de «viol collectif» du 23 novembre écoulé. Face à ces derniers, Louisa Hanoune s’est longuement attardée sur une conjoncture faite de reculs aussi bien au plan politique, social qu’économique.

La démocratie politique fait face à une attaque féroce à travers des «pseudo-scrutins » qui, affirme-t-elle, menacent la continuité de l’Etat à travers le dangereux mélange entre les affaires et la politique. L’année prochaine ne se présente pas non plus sous les meilleurs auspices avec l’entrée en vigueur de la loi de finances 2018 qui, affirme-t-elle, aura des répercussions violentes sur le pouvoir d’achat avec les fortes augmentations annoncées. Cette loi de finances, dit-elle, n’est ni plus ni moins qu’une «bombe à retardement » et une attaque féroce qui vise le pouvoir d’achat. Il s’agit, ajoute-t-elle, d’une récession programmée avec la réduction des budgets de fonctionnement à hauteur de 38% qui se répercutera sur les postes d’emploi et fermera les horizons pour les demandeurs d’emploi.

Cela augure de «lendemains incertains» risquant même de menacer la paix. Autre sujet d’inquiétude de Hanoune, les résultats de la récente tripartite qui a «légalisé la prédation du secteur public sous couvert de partenariat». Cette notion de partenariat n’est pas algérienne, c’est celle de la Banque mondiale. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une privatisation qui rappelle celle des années 1990 avec la destruction des entreprises et la perte de plus d’un million d’emplois. Une politique qui avait étouffé les communes en réduisant l’activité économique.

LG Algérie

Hanoune déplore ce désengagement de l’Etat qu’elle assimile à «des crimes économiques, s’interrogeant sur la nécessité de maintenir le comité de participations de l’Etat si ce n’est pour faire pression sur les gestionnaires qui résistent face au rouleau compresseur du bradage. Commentant les récentes décisions du gouvernement, notamment en matière de commerce extérieur, Hanoune évoque une démarche aventurière faite de restrictions massives qui aura pour conséquences la destruction des bases de ce qui constitue la nation et condamnera les élus à gérer la misère . Si elle dit soutenir les décisions visant à soutenir la production locale, la seule solution pour le faire efficacement, c’est le retour au monopole de l’Etat sur le commerce extérieur.

Et de conclure que 2018 devra être l’année des combats pour préserver les bases matérielles de la nation face à un code du travail à venir «esclavagiste et une loi sur la santé qui consacre l’indigénat». Pas question de céder néanmoins au pessimisme. Le PT applaudit la décision relative à la promotion de tamazight. Une véritable victoire car, affirme Hanoune, le temps a fini par donner raison au parti. Elle y voit une «avancée historique» qui peut ouvrir la voie à l’élection d’une Assemblée constituante.

N. I.