Louis Caprioli connaît bien les services de sécurité algériens, le DRS notamment, pour avoir travaillé avec eux dans un cadre de coopération, lorsqu’il était responsable à la Direction de la sécurité du territoire (DST) française entre 1998 et 2004. Spécialiste des réseaux islamistes en Afrique du Nord et en Europe, cet ancien sous-directeur en charge du contre-espionnage (il est aujourd’hui conseiller spécial du leader européen de la gestion des risques Geos) pense que les remplacements qui viennent d’intervenir à la tête du
DRS n’auront aucune incidence sur les rapports des services français avec leurs homologues algériens. “Ces changements ne vont pas modifier les relations bilatérales”, estime-t-il.
Selon lui, la coopération mise en place entre les deux pays et plus particulièrement entre DRS et DST (rebaptisée DCRI) dépasse le cadre strictement personnel et survivra au départ des responsables en poste. La raison, à ses yeux, réside dans la persistance de la menace terroriste, dictant une coopération constante et étroite entre l’Algérie et la France. Louis Caprioli pense qu’évidemment les rapports entre les services tendent “à se personnaliser lorsque les responsables se connaissent”. Évoquant sa propre expérience, il cite en exemple les liens privilégiés qu’il entretenait avec feu Smaïn Lamari, ancien patron de la Direction du contre-espionnage (DCE) au DRS, dont il regrette la disparition.
Il cite des “relations de très bonne qualité”, qui cependant ne l’ont pas empêché d’avoir le même niveau de coopération avec le successeur de Lamari. “Les services français connaissent bien la maison”, fait encore savoir Louis Caprioli en rappelant l’histoire d’un partenariat qui s’est consolidé dans le temps, pendant les années 1990, notamment avec l’assassinat de ressortissants français en Algérie et du déroulement d’attentats terroristes à Paris.

“De nombreux services de renseignements d’autres pays ont fait des procès d’intention injustifiés à leurs homologues algériens. Ce n’était pas le cas des services français.” “Nous avons des adversaires communs et nous sommes confrontés au même type de menace”, observe l’ex-responsable de la DST. Parlant d’un “champ de coopération immense”, il souligne que de grands efforts sont déployés de part et d’autre et en commun, afin de prévenir une jonction terroriste de la Libye avec la région sahélienne ou l’armée française est engagée. “Il y a la Tunisie qu’il convient d’aider et de protéger face à la menace terroriste. C’est ce que font Algériens et Français à la fois.”
Au Sahel, les militaires français reçoivent, selon Caprioli, une aide précieuse de l’armée et des services de renseignement algériens, dans le domaine de l’information sur les activités terroristes dans la région. Le DRS est également sollicité pour apporter son aide dans la lutte contre les filières djihadistes en Hexagone, surtout celles qui impliquent des Franco-Algériens en partance pour la Syrie et l’Irak. Dans ces deux pays en proie à la violence terroriste de Daech, les renseignements fournis par les services algériens sont également pris en compte pour une meilleure maîtrise de la situation, explique encore l’ancien sous-directeur de la DST.