«Si nous ne prenons pas des résolutions nous serons en contradiction avec les textes de la Chariaâ»
Le ministre de la Justice, qui répondait hier aux préoccupations des députés, a remis les pendules à l’heure.
Un réquisitoire sévère. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux a déversé sa colère contre les opposants au projet d’amendement du Code pénal. Tayeb Louh, qui répondait hier aux préoccupations des députés, a remis les pendules à l’heure. «Ce projet ne contredit en aucun cas la Chariaâ», a-t-il martelé en faisant une mise au point directe aux députés de l’Alliance de l’Algérie Verte (AVV)qui ont appelé au retrait de ce projet.
Se mettant sur la défensive, M.Louh avoue que la violence contre les femmes est un phénomène qui prend des proportions alarmantes. «Ce projet a été élaboré sur la base des statistiques de la société algérienne», a-t-il assuré, avant d’ajouter: «On vient de la rue et non pas des salons de l’Aurassi». Adoptant un franc-parler, le ministre de la Justice a dit qu’il ne fallait pas se voiler la face sur la gravité de la situation. Selon lui, la violence contre les femmes et le harcèlement sexuel sont des cas qui ont provoqué des confrontations entre des tribus menant jusqu’à des tueries. Preuve en est, affirme-t-il, le nombre des affaires en justice de ce genre se comptent en centaines.
Pis encore, le ministre n’a pas pu contenir sa colère quant aux députés qui pensent que ce projet menace la cohésion de la famille. «Ceux qui disent que ce projet vise à détruire la famille algérienne est une accusation grave», a-t-il déploré. Et d’ajouter: «Comment oser dire que des projets qui visent à régler des problèmes ciblent à détruire la famille algérienne.» M.Louh s’est adressé directement aux élus concernés en leur demandant: «D’où avez -vous ramené ce discours?» L’hôte des parlementaires ne comprend pas pourquoi on critique l’Etat qui veut trouver des solutions pour protéger la femme à qui le Livre Saint, Le Coran, accorde un traitement positif et protège sa dignité. Les islamistes estiment que le renforcement des sanctions contre l’homme va encourager les femmes à se révolter contre leurs époux ce qui menace la cohésion du foyer familial. A ces députés, M.Louh dira: «Si nous ne prenons pas des résolutions, nous serons en contradiction avec les textes de la Chariaâ.» Voulant mettre fin à la polémique, le ministre dira: «Nous n’avons rien inventé.» Les députés de l’AAV étaient même contre l’article qui prévoit de punir l’époux qui usurpe l’argent de sa femme. Sur ce point, le ministre a rappelé que la loi était compatible avec la religion musulmane qui consacre «le principe d’indépendance financière de l’épouse». Le ministre a complètement écarté la thèse soutenue par de nombreux parlementaires faisant croire que ledit texte a été élaboré sous des pressions étrangères. «Le projet de loi relatif à la protection de la femme contre toute forme de violence n’a pas été élaboré sous des pressions étrangères, mais s’inscrit plutôt dans le cadre d’une stratégie nationale pour la protection de la femme qui tient compte des spécificités de la société algérienne», a-t-il assuré. Concernant l’article portant sur la réconciliation, vivement rejeté par les élus du PT, M.
Louh a expliqué que le principe de réconciliation est également «un des principes de la Chariaâ». Il a précisé que le texte de loi privilégie la réconciliation dans tous les cas, estimant que ce principe «consacre l’équilibre au sein de la loi». S’agissant du volet des peines consécutives à l’abandon de famille par l’époux sans raison, le ministre de la Justice a affirmé que «ce point existait déjà dans le Code de la famille auquel a été ajouté le cas de l’abandon de l’épouse par l’époux, qu’elle soit enceinte ou non». Ce projet qui sera soumis au vote aujourd’hui sera certainement boycotté par plusieurs formations.
L’Alliance de l’Algérie Verte a réitéré hier, son appel à l’annulation du projet en question.
Dans un communiqué rendu public hier, l’AVV maintient ses arguments, en estimant que ce projet constitue une menace pour la stabilité de la famille.