Lotfi Benbahmed, président du conseil de l’Ordre des pharmaciens : «Le risque de rupture de médicaments va s’amenuiser de plus en plus»

Lotfi Benbahmed, président du conseil de l’Ordre des pharmaciens : «Le risque de rupture de médicaments va s’amenuiser de plus en plus»

Reporters : Le cycle des ruptures de certains médicaments essentiels se perpétue. Peut-on savoir qui sont les véritables auteurs et comment, selon vous, y remédier ?

Lotfi Benbahmed : De prime abord, je tiens à faire remarquer que cette problématique de rupture des médicaments, qui intervient cycliquement je le concède, n’existe pas qu’en Algérie. Et pour preuve, le docteur Delguite, président de section de l’Ordre des pharmaciens de France, a révélé lors de son intervention lors des rencontres internationales de pharmacie d’Alger (tenues lundi 15 octobre, NDLR) que son pays a enregistré, en 2017, pas moins de 547 ruptures de médicaments. C’est pour vous dire que le phénomène existe ailleurs. Donc, il nous faut trouver des solutions. Et dans cette perspective, nous pensons à élaborer des textes de résolutions avec la mise en place de cellules de veille. Le ministère de la Santé a organisé des réunions avec toutes les parties prenantes, ce qui a permis de faire un inventaire exhaustif de tous les médicaments faisant souvent l’objet de rupture. A partir de cette donne, des avenants ont été signés. Ainsi, nous n’attendons plus que la réception des médicaments inscrits dans ce dispositif (avenant). Mais en ce qui concerne la rupture de médicaments produits en Algérie, le ministère a mené des inspections sur le terrain afin de déceler où le bât blesse.

Justement, peut-on savoir si ces inspections se sont soldées par des conclusions ?

Tout ce que je peux vous dire, c’est que les producteurs ont été sommés de prendre leurs responsabilités. Une situation tout à fait déplorable dans le sens où le gouvernement ne cesse d’encourager les producteurs à produire plus et de façon plus régulière pour éliminer tout risque de rupture. J’estime que la problématique de la rupture de médicaments dans les officines va petit à petit s’estomper, mais il serait un peu exagéré d’avancer que cette tendance va disparaître de sitôt.

Est-ce à dire que les ruptures ne risquent de disparaître ?

Je peux vous avancer que d’ici la fin de l’année, de sensibles améliorations seront enregistrées à partir du moment où nous avons mis en place un portail Internet qui permettra à tous les patrons d’officine du pays de signaler le ou les médicaments en rupture ou en début de rupture. Des données que nous transmettrons au ministère qui décidera de la mesure à prendre pour pouvoir prendre en charge les carences enregistrées sur le terrain.

Sera-t-il suffisant pour arriver, au moins, à réduire sensiblement les épisodes de rupture qui causent des désagréments aux malades ?

Comme je l’ai dit, auparavant, la problématique des ruptures de médicaments est internationale. Et donc, il nous faut mettre en place des systèmes informatiques à même de juguler le phénomène. Comme je tiens à vous signaler que, parfois, la rupture de médicaments est provoquée par les médecins. Je m’explique. Les médecins ont cette fâcheuse habitude de changer facilement les médicaments de leur patient. En clair, l’arsenal thérapeutique est trop souvent surutilisé. Je peux assurer qu’une fois mis en place un système informatique efficace, les ruptures ne seront plus qu’une ancienne histoire.