L’otage britannique exécuté par Al-Qaïda Maghreb

L’otage britannique exécuté par Al-Qaïda Maghreb

Il a été tué au nord du mali après des mois de captivité

Al-Qaïda Maghreb est passé à l’acte et a exécuté, le 31 mai dernier, l’otage britannique Edwen Dyer, qu’il retenait au Mali depuis janvier 2009. L’organisation terroriste revendique, dans un communiqué publié sur Internet, cet assassinat en rappelant qu’il intervient à la suite de l’expiration du second ultimatum donné aux autorités britanniques.

Le communiqué renvoie la responsabilité au gouvernement britannique, coupable, selon le groupe terroriste, d’avoir refusé d’agréer la demande de libération de Abou Quotada “El Filistini” et son transfert vers le Waziristan, en Afghanistan. Al Qaïda Maghreb accuse la presse britannique d’avoir joué un rôle de rétention de l’information, “exposant la vie d’un citoyen britannique au danger”, tout en clamant que le groupe terroriste s’était montré souple et disposé à trouver une solution qui arrangerait tout le monde. Tôt dans la matinée d’hier, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a condamné cette exécution, la considérant comme un acte de terrorisme “barbare”. M. Brown a affirmé dans un communiqué qu’il avait “de fortes raisons de croire qu’un citoyen britannique, Edwin Dyer, avait été assassiné par une cellule d’Al-Qaïda au Mali” et a condamné “de la façon la plus ferme cet acte de terrorisme épouvantable et barbare”. Le communiqué ne dit rien du sort d’un autre touriste enlevé au Niger, en même temps que Edwin Dyer, et retenu en otage par le même groupe, Werner Greiner, de nationalité suisse. “Cette tragédie renforce notre engagement à combattre le terrorisme” et “renforce notre détermination à ne jamais accepter les demandes des terroristes ou à payer des rançons”, a souligné M. Brown. “Je veux que ceux qui voudraient utiliser le terrorisme contre les citoyens britanniques sachent (…) que nous et nos alliés les pourchasserons sans relâche et qu’ils feront face à la justice comme ils le méritent”, dit-il encore. Edwin Dyer faisait partie d’un groupe de quatre touristes européens capturés le 22 janvier au Niger, à la frontière avec le Mali, par la branche    maghrébine du réseau Al-Qaïda qui avait aussi enlevé deux diplomates canadiens, Robert Fowler et Louis Guay. Ces deux diplomates et deux des quatre touristes, deux femmes, l’Allemande Marianne Petzold et la Suissesse Gabriella Burco, l’épouse de M. Greiner, avaient été libérés le 22 avril dans le nord du Mali. Les ravisseurs avaient affirmé quatre jours plus tard qu’il s’était agi d’un échange contre quatre de leurs combattants. Le mouvement menaçait aussi dans le même temps d’exécuter Edwin Dyer si Londres ne répondait pas à sa demande dans un délai de 20 jours. Le 20 mai, il avait annoncé qu’il prolongeait son ultimatum de 15 jours. Selon une source malienne proche des négociations, Edwin Dyer et l’otage suisse étaient aux mains d’un groupe dirigé par l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd. L’otage britannique Edwin Dyer détenu par un “islamiste violent et brutal”, a déclaré, mardi à l’AFP, un responsable malien. “L’otage britannique tué était détenu par Abdelhamid Abou Zeïd, un islamiste violent et brutal”, a indiqué un membre de l’équipe de négociation qui a tenté d’obtenir la libération de l’otage tué et celle d’un ressortissant suisse, toujours aux mains du groupe dirigé par Zeïd.  Abdelhamid Abou Zeïd, de nationalité algérienne, est décrit par les spécialistes des réseaux islamistes comme étant un ancien lieutenant de Amar Saïfi, alias  Abderazak El Para, ancien “émir” du GSPC. Abou Zeïd, qui a pris la place de Mokhtar Belmokhtar, se distingue singulièrement par rapport à ce dernier. Âgé d’une soixantaine d’années, il ne revendique pas, du moins publiquement, des rançons, contrairement à Belmokhtar qui avait fait du kidnapping un business florissant. Mokhtar Belmokhtar, dont on ignore le sort actuellement, avait laissé entendre qu’il comptait déposer les armes et bénéficier des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.

Abou Zeïd, quant à lui, s’inscrit en droite ligne de la doctrine d’Al-Qaïda et fait de l’échange de prisonniers sa revendication principale. Un changement de stratégie qui commence à montrer ses premières expressions à travers l’exécution de l’otage britannique. C’est la première fois, en effet, qu’un otage du GSPC subit ce sort.

En fait, c’est la doctrine de Oussama Ben Laden, la même suivie en Irak et en Afghanistan, notamment vis-à-vis des otages américains et britanniques, les pires ennemis d’Al-Qaïda. Les deux pays alliés dans la guerre contre Al-Qaïda demeurent intransigeants par rapport aux revendications de la nébuleuse terroriste laquelle leur rend si bien en exécutant systématiquement tous les otages de ces deux nationalités. Dans cette affaire de prise d’otages, force est de constater que le gouvernement malien, qui s’est empressé de dénoncer l’assassinat du ressortissant britannique, porte une grande responsabilité, dans la mesure où il n’a pas fait montre de grande détermination à lutter efficacement contre les groupes terroristes qui ont trouvé sur son sol un asile paisible. Le gouvernement malien, confronté à la rébellion touaregue au nord, a joué la carte du GSPC pour déstabiliser la rébellion. Il y a lieu de rappeler qu’en début du mois dernier, une vaste opération antiterroriste, coordonnée par l’Algérie et devant réunir les armées des pays du Sahel, devait être déclenchée pour venir à bout du groupe terroriste dirigé par Abou Zeïd. Des aides militaires algériennes ont été acheminées vers les pays voisins. Mais l’opération a été reportée en dernière minute pour permettre aux négociations avec les preneurs d’otages d’aboutir. Les forces de sécurité algériennes, aguerries dans la lutte antiterroriste, auraient pu venir à bout de ce groupe terroriste, n’était l’insistance des autres parties en relation avec le dossier de donner une chance aux négociations. Le kidnapping ayant eu lieu au Niger et les otages transférés par la suite au Mali, il était difficile, dès lors, pour les services de sécurité algériens d’agir en toute latitude.