Lorsque l’Aïd concurrence le Ramadhan:On dépense encore et encore

Lorsque l’Aïd concurrence le Ramadhan:On dépense encore et encore
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C’est devenu presque une habitude, et ce depuis plusieurs années déjà, que l’Aïd débute bien avant le mois sacré du Ramadhan, notamment dans les têtes.

Si la plupart des citoyens prennent certaines précautions en ce qui concerne l’achat de denrées alimentaires, notamment celles dites de premières nécessités, en prévision justement d’une probable augmentation des prix, ce qui est d’ailleurs justifié, il n’en demeure pas moins que des coupes sont également effectuées sur le budget de la famille pour, également, satisfaire une autre appétence aussi importante que la meïda du jeûneur, sinon bien plus «obligatoire» et qui est l’Aïd El-Fitr.

Aussi, l’opération achat de vêtements ne s’effectue plus essen

tiellement durant les derniers jours du Ramadhan, comme avant, mais elle commence assez tôt, parfois même elle devance le mois sacré lui-même, puisque plusieurs parents ont déjà acheté les vêtements de l’Aïd avant son arrivée, si ce n’est encore bien plus loin dans le temps.

C’est pour cette raison que, dès le premier jour du Ramadhan, les boutiques spécialisées dans l’habillement sont, chaque soir, prises d’assaut par une foule nombreuse, plus particulièrement par la gente féminine. Des mères de famille, le plus souvent accompagnées de leurs enfants, de membres de leurs familles ou tout simplement des voisines, choisissent ce moment-là pour aller faire du lèche-vitrine ou chercher des vêtements neufs pour leurs enfants.

Car, si durant la journée, c’est plutôt l’emblématique et mythique Medina Djedida qui attire ce genre de clientèle, la nuit, c’est le centre-ville et ses innombrables et superbes magasins shop qui reprend l’avantage car, généralement, les bonnes femmes sont occupées durant le jour à mijoter de délicieux et variés plats qui serviront plus à décorer la meïda qu’à satisfaire la gourmandise.

Aussi, juste après le f’tour, soit une fois que l’on a débarrassé la table et procédé à la vaisselle, souvent sans attendre de prendre la petite tasse de café ou le verre de thé, on s’active pour sortir afin d’être de retour assez tôt à la maison, mais également dans le but de se retrouver les premiers dans les magasins qui attirent énormément de clients pour leurs variétés de vêtements mais également pour leurs offres jugées intéressantes.

Aussi, les enseignes devenues fortement fréquentées à Oran ne manquent pas, sans oublier la représentation de marques célèbres et mondialement connues. Ces endroits ont pour noms Giga, Piwi, Complice, Adidas, Geory, Nike, Orchestre, Sirine…. Il y a également les centres commerciaux, à l’exemple de Anik, Khaouadja…, ou tout simplement les rues ou quartiers qui se sont spécialisés dans ce créneau des effets vestimentaires.

On peut citer les plus achalandés, comme les rues Larbi Ben M’hidi et Khemisti en ville, ou l’avenue Aristide Briand au quartier de Choupôt. Et bien d’autres lieux, comme la rue des Aurès (ex-Bastille). A Choupôt, par exemple, c’est un peu la «griffe» qui est commercialisée, même si là aussi, comme partout ailleurs, la contrefaçon est très présente. Cette notoriété rend cet endroit l’un des plus fréquentés de la ville, mais également l’un où la marchandise reste la plus chère du point de vue prix.

Pourtant, on peut trouver ailleurs, dans les boutiques de quartiers ou sur les grandes artères des périphéries d’Oran, les mêmes produits, sinon de bien meilleurs, à des coûts nettement plus abordables. Tout comme la meïda du Ramadhan, là aussi certains parents sont prêts à dépenser des sommes anormales, uniquement pour satisfaire les caprices de leur progéniture.

Un commerçant dont la boutique est située à la rue d’Arzew nous dira: «Certains parents se saignent à blanc pour acheter des fringues très chères à leurs enfants, uniquement dans le but qu’ils aillent frimer devant leurs camarades ou voisins. Et pourtant, il y a toutes sortes de vêtements très chics qui coûtent beaucoup moins chers».

Une dame rencontrée du côté de St-Eugène, avec une flopée d’enfants, fera cette remarque: «Je ne fais que du lèche-vitrine, histoire de prendre un petit bol d’air frais avec les enfants. Avec tous ces prix exorbitants, qui ne sont pas à la portée de tout le monde, et notamment pas de la mienne, je suis obligée de me rabattre sur Medina El-Djedida ou carrément sur le souk de la friperie. Mon mari n’est qu’un simple fonctionnaire et notre budget ne nous permet pas d’excès. Et puis il y a de belles choses, pas chères, à Medina El-Djedida et à El-Hamri».

Enfin, il y a ceux et celles, apparemment de plus en plus nombreux, qui commandent les habits, auprès des «beznassa», hommes et femmes, par facilité, c’est-à-dire avec des versements mensuels, ce qui a l’avantage d’alléger les dépenses, surtout en ce mois de Ramadhan où les frais ont tendance à se multiplier.

Cette formule commence à prendre de l’ampleur, car les gens se retrouvent coincés tout au long de l’année entre des dates, où l’on est obligé de débourser encore et encore, comme l’Aïd El-Fitr, l’Aïd El-Adha, la rentrée scolaire… Sans oublier les éternelles charges du quotidien.

B.B. Ahmed