Lorsque Aqmi voulait faire tomber Alger

Lorsque Aqmi voulait faire tomber Alger
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Mardi 11 décembre 2007. Dans la matinée, deux bombes sèment l’horreur dans les deux quartiers chics de Ben Aknoun et de Hydra. Les sièges de la Cour suprême, du Conseil constitutionnel et du Pnud (ONU) sont la cible de deux attentats terroristes à la voiture piégée. Trois ans après, la tragédie est encore vivace dans l’esprit des Algérois. Ils ne sont pas près d’oublier la dernière frappe terroriste perpétrée dans la capitale.

Abder Bettache – Alger (Le Soir) -Les stigmates de l’attentat contre le siège du Pnud et du HCR (ONU) sont encore là. L’immense bâtisse abritant les institutions relevant de l’ONU et soufflée par la très forte explosion n’existe plus. Sa reconstruction n’est toujours pas entamée, et il est fort possible que le siège de l’institution onusienne soit délocalisé à un autre quartier de la capitale. En face, les travaux de rénovation des immeubles soufflés ne sont toujours pas terminés. L’entreprise en charge de la réfection de la dizaine d’immeubles est toujours sur place.

«Il faut attendre au moins six mois pour finaliser tous les travaux.» Hier, trente-six mois après le drame, aucune trace de «commémoration » n’a été signalée. Contrairement aux deux premières années, cette fois-ci, aucune cérémonie n’a été enregistrée. Début d’après-midi de cette journée du samedi 11 décembre, et aucune présence officielle sur les lieux. Même constat au niveau des sièges de la Cour suprême et du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun. Toutefois, à la différence de Hydra, le quartier de Ben Aknoun compte un grand nombre d’institutions relevant de la justice. Les sièges de la résidence des magistrats ou encore l’Ecole supérieure de la magistrature sont domiciliés également dans ce quartier, d’où la présence permanente d’un dispositif de police. Comme à Hydra, aucune cérémonie n’a été programmée en cette date-anniversaire à Ben Aknoun, où aucun signe de l’attentat du 11 décembre 2007 n’est visible. «Rien n’indique qu’il y a trois années, un attentat terroriste a été commis dans cet endroit», commente un citoyen gérant d’un magasin, se trouvant à une centaine de mètres du siège du Conseil constitutionnel. Et pourtant, il y a trois ans, vingt-six personnes sont mortes et des dizaines ont été blessées dans le double attentat à la voiture piégée. «Ces deux zones sont considérées comme très sûres. C’est notre zone verte, à l’image de celle de Bagdad.

Mais ce matin-là, c’était le chaos. Un champ de ruines fumantes que les forces de l’ordre ont très rapidement bouclé», s’est rappelé un sexagénaire. Mohamed, étudiant en 2007 en première année à la Faculté de droit, se rappelle lui aussi de la très forte explosion qui a ciblé les deux édifices. «Ce que nous avons vécu ce jour-là est horrible. C’est un jour qui me marquera à jamais. J’étais à 150 m du lieu du drame. C’était horrible », a-t-il confié. Trois ans après, la justice n’a toujours pas fait la lumière sur cette tragédie. Les auteurs présumés, reconnus selon l’arrêt de renvoi «commanditaires et ayant apporté le soutien logistique aux deux kamikazes», ne sont toujours pas jugés. Le procès de cette affaire, prévu pour le 6 décembre dernier, a été reporté pour la troisième fois consécutive. Sa tenue est fixée à janvier prochain. Un procès très attendu par l’opinion publique.

A. B.