Abderrezak Mokri montre la nouvelle voie du MSP
Evoquant l’ambiguïté que suscite le cas de l’actuel ministre du Commerce, il déclare que «Benbada ne représente pas le MSP au gouvernement».
La messe est dite: «C’est un honneur pour nous d’avoir des relations assidues et étroites avec la confrérie des Frères musulmans égyptiens». Cette déclaration est du tout nouveau président du MSP, Abderrezak Mokri. C’était lors d’une conférence de presse tenue, hier, au siège du parti à El Mouradia. Par cette déclaration, Mokri confirme que son parti est une «succursale» de l’internationale islamiste en Algérie. Une nouvelle ligne politique qui suscite des interrogations. Le conférencier croit-il que le pouvoir est à la portée de sa formation? Le MSP renoue avec l’opposition, même si pour Mokri «cette virée constitue une mutation et une nouvelle phase dans l’évolution progressive dans l’acheminement politique de sa formation». Si l’entrisme a eu ses retombées négatives sur le MSP, il y a aussi un prix à payer pour le changement de cap. Au yeux du successeur de Soltani, «la décision de retrait du gouvernement, qui n’a rien à voir avec le président du parti, relève exclusivement du conseil consultatif (madjlis echoura)».
Ce verdict de quitter le gouvernement «est décidé, voilà plus de 10 mois, à une majorité écrasante des membres de l’ex-madjlis echoura» affirme M.Mokri qui refuse d’endosser seul ce revirement. «La décision du retrait définitif du giron du pouvoir et son élection qui sont du ressort du conseil consultatif a conforté cette nouvelle stratégie», affirme-t-il. Avant de préciser: «Mon rôle se résume dans la concrétisation en collaboration avec le bureau exécutif de cette politique». Le nouveau président du MSP s’engage à réhabiliter l’action politique et concrétiser une nouvelle culture politique. «Il est temps de donner sa dimension nationaliste à l’opposition en Algérie», a-t-il souligné. «L’option participationniste du parti au gouvernement a fait le consensus en 1996 au sein des instances du parti, mais la fraude massive en faveur des deux appareils du pouvoir lors des élections, notamment durant les dernières élections législatives, a conforté automatiquement et naturellement l’idée de la rupture», ajoute Mokri. Par ailleurs, le conférencier a réitéré qu’«à moins d’avoir la majorité à l’issue des futures élections législatives ou à défaut concocter une alliance avec d’autres partis sur la base d’un programme, le MSP ne réintégrera jamais le gouvernement. Il y retournera uniquement dans le cas où le peuple lui accorde sa confiance et le dotera d’ une majorité», a-t-il garanti. Pas question de rééditer les alliances contre nature. A peine élu et les passations de consignes non encore faites, M.Mokri affiche la conduite qu’il compte imprimer au MSP. Evoquant l’ambiguïté que suscite le cas de l’actuel ministre du Commerce, il déclare que «Benbada ne représente pas le MSP au gouvernement». Et de poursuivre: «Le cramponnement à son poste de ministre est, non seulement intolérable, mais il est qualifié par M.Mokri de violation grave de la décision du madjlis echoura et la ligne du parti.»
A ce propos «on doit en finir avec cette attitude et pratiques qui prêtent à confusion, car
désormais nous sommes un parti d’opposition», a-t-il expliqué. Avant d’annoncer que «le dossier Benbada sera tranché par la nouvelle commission de discipline».
En défendant le bilan de sa formation tout au long des années de participation au gouvernement, il soutient que «le phénomène de la corruption n’a jamais touché les ministères dédiés au MSP». Et le ministère des Travaux publics, donc? Interrogé sur la prochaine présidentielle, il indiquera qu’ «il est très tôt de se prononcer sur cette question».
S’agissant du projet de révision de la Constitution, il réitère l’appel du MSP au «report de cette révision pour après 2014». M.Mokri n’a pas manqué de rappeler les diverses alliances et engagement du parti qu’il compte renforcer, à savoir la coalition du triumvirat constitué par Ennahda, El Islah et le MSP, l’alliance avec le Front du changement de M.Menasra et le groupe des 14 formations pour la sauvegarde de la mémoire et de la souveraineté. Enfin, invité à en dire plus sur la stratégie économique du parti, le conférencier n’a pas voulu ou su se prononcer. Il est clair que l’économie est le maillon faible des partis islamistes.