L’organisation syndicale tient son XIIe congrès dans un contexte de crise économique, L’UGTA à l’heure de l’austérité

L’organisation syndicale tient son XIIe congrès dans un contexte de crise économique,  L’UGTA à l’heure de l’austérité

L’UGTA s’est transformée en appareil électoral qui se contente des avantages offerts par le Président et souvent présentés comme des acquis.

Le XIIe congrès de l’UGTA se déroule dans un contexte particulier et exceptionnel. En ce sens que cet événement, même déjà ficelé, va mettre Sidi-Saïd, son patron, devant une responsabilité qu’il a longtemps abandonnée à travers ses ralliements inconditionnels aux orientations du Président et du gouvernement avec, en prime, le soutien de la Centrale syndicale au candidat Bouteflika à quatre reprises et sans contrepartie. Des soutiens qui ont fini par déteindre sur la vie interne de l’UGTA, ses activités, ses bilans. L’UGTA s’est transformée en appareil électoral qui se contente des avantages offerts par le Président, souvent présentés comme des acquis.

Confinée dans le rôle de pompier et d’acteur politique, l’UGTA va lentement s’écarter de son “sujet” que vont conquérir les syndicats autonomes. Même l’augmentation des salaires de la Fonction publique n’a pas été revendiquée par la Centrale, mais a été une décision politique. Elle se contentera du privilège d’être le seul partenaire admis à la tripartite formelle où seul le patronat véritablement gagne.

Et encore une fois, conjoncture financière oblige, l’UGTA est appelée à se mettre dans la posture d’un amortisseur ou d’un airbag pour atténuer le choc du “serrage de ceinture” qui s’annonce dans le sillage du recadrage budgétaire du gouvernement. Une austérité qui va indéniablement influer sur ses prévisions et l’obliger à revoir ses prétentions et ses promesses vis-à-vis des travailleurs. Y compris l’article 87 bis qui ne sera plus abrogé, comme ne cesse de le marteler Sidi-Saïd, mais tout simplement redéfini au bénéfice des bas salaires.

LG Algérie

Mais pour autant, l’UGTA, même diminuée avec ses dysfonctionnements, sa bureaucratie et la saignée dans ses rangs, restera encore utile en tant qu’instrument entre les mains du gouvernement qui l’utilisera comme moyen pour négocier le dur virage de l’austérité dans un contexte social en ébullition. Elle sera alors un outil et un facteur de stabilisation sociale, le temps que la tempête passe. Et Sidi-Saïd ne manquera pas, cette fois aussi, de soutiens politiques. Il peut compter sur le RND, le PT et, désormais, sur le FLN et le MPA. Cela sans compter sur le soutien évident du gouvernement. Et Sidi-Saïd sera reconduit, sans encombre, pour un nouveau mandat au service du pouvoir dans la continuité de ce qu’il a fait depuis son élection à la tête de la Centrale. Situation qui, cependant, risque, à terme, d’enlever à l’UGTA sa raison d’être. Cela d’autant plus que cette fois, le gouvernement n’a rien à donner, donc pas de dividendes à présenter comme argument du ralliement à présenter en trophée “aux masses laborieuses” ou comme acquis.

De ce fait, ce ne sont certainement ni les protestataires de la CEN mise au placard un mandat durant et encore moins le mouvement pour la sauvegarde de l’UGTA qui changeront la donne.

Le perdant sera, bien entendu, l’UGTA politique, qui va céder davantage de terrain aux syndicats autonomes.

D. B.