Les membres de l’OMC sont au nombre de 153 et assurent 90% des échanges mondiaux de marchandises et de services. “La liste des interlocuteurs avec lesquels l’Algérie devra négocier sera d’autant plus grande qu’elle restera longtemps en dehors du système multilatéral.”
“L’Algérie ne devrait pas rester en marge du système multilatéral mondial, mais plutôt assumer son rôle à la table des négociations de l’OMC”, a estimé, hier, le directeur général adjoint de cette organisation,
M. Alejandro Jara, lors de la conférence de presse organisée à la résidence d’État Djenane El-Mithaq par l’Assemblée populaire nationale, exhortant notre pays à redoubler “d’efforts et mener dès que possible à leur terme les pourparlers pour son accession”.
Pour Alejandro Jara, l’Algérie devrait profiter du retard dans la conclusion du cycle de Doha, pour achever ses négociations, au risque de voir “le coût d’accession” s’alourdir davantage. Le directeur général adjoint de l’OMC a relevé, à juste titre, que l’Algérie négocie depuis longtemps les conditions de son accession à l’OMC, plus exactement depuis juin 1987. La première réunion du groupe de travail remonte au mois d’avril 1998. Dans l’intervalle, de nombreux pays, petits et grands, sont passés par ce processus souvent difficile et sont devenus membres actifs de l’organisation. Avec l’accession du Cap-Vert en juillet 2008, les membres de l’OMC sont désormais au nombre de 153 et représentent 90% des échanges mondiaux de marchandises et de services. “La liste des interlocuteurs avec lesquels l’Algérie devra négocier sera d’autant plus grande qu’elle restera longtemps en dehors du système multilatéral”, a averti Alejandro Jara, en présence notamment du président de l’APN, du ministre du Commerce, du gouverneur de la Banque d’Algérie, du président du Conseil national économique et social et de l’ambassadeur, représentant permanent de l’Algérie auprès de l’Office des Nations unies et des organisations internationales à Genève (Suisse).
“Bien que beaucoup ait déjà été accompli, il reste évidemment énormément à faire. L’examen du régime commercial de l’Algérie est en cours et des travaux sont encore nécessaires dans des domaines essentiels”, a indiqué le directeur général adjoint de l’OMC, rappelant que les membres de l’organisation ont exhorté notre pays à accorder un rang de priorité plus important à l’élaboration de lois et règlements visant à aligner la législation du pays sur les prescriptions de l’OMC. Pour Alejandro Jara, la date précise de l’accession de l’Algérie dépendra non seulement de l’aptitude du pays à se conformer aux prescriptions des accords de l’OMC, mais aussi de sa capacité à répondre aux demandes spécifiques d’accès aux marchés des membres de l’OMC. Sur ce chapitre, le directeur général adjoint reconnaît que des progrès ont été enregistrés dans ce domaine depuis 2005, relevant la signature de cinq accords bilatéraux. Mais le chemin est encore long.
Notre pays poursuit des négociations avec une douzaine d’autres membres de l’OMC intéressés. L’Algérie a achevé ses négociations avec le Brésil, l’Uruguay, Cuba, le Venezuela et la Suisse, et elle doit encore faire de même avec la CE, le Canada, la Malaisie, la Turquie, la République de Corée, l’Équateur, les États-Unis, la Norvège, l’Australie et le Japon. “Ce n’est que lorsque ces accords en suspens commenceront à se mettre en place que l’Algérie pourra dire que la conclusion de ses négociations en vue de l’accession est proche”, souligne Alejandro Jara, révélant que notre pays, dans le cadre des négociations en vue de son accession, a demandé des périodes de transition pour mettre en œuvre certaines
dispositions de l’OMC après la
date d’accession, indiquant que “l’expérience acquise à ce jour a montré qu’il sera difficile d’obtenir de tels délais de grâce”.
L’adhésion de l’Algérie à l’OMC était “inévitable”
L’Algérie est décidée à renouer le dialogue avec l’OMC. La dernière réunion du groupe de travail remonte à janvier 2008, au cours de laquelle le projet de rapport sur le régime commercial de l’Algérie a été examiné. Le ministre du Commerce a exprimé son souhait de voir le 11e round des négociations multilatérales se tenir au 2e semestre de l’année en cours, après le renouvellement du mandat du président du groupe de travail prévu en juillet prochain.
“Nous voulons réaliser des avancées dans ce domaine”, a indiqué le ministre. Le gouvernement a répondu, en juillet 2010, aux 96 questions posées par le groupe de travail, a indiqué Mustapha Benbada, insistant sur “la vision claire de l’Algérie sur ses engagements à adhérer à l’OMC”. Le ministre a rappelé les efforts consentis par l’Algérie, dans des conditions parfois difficiles, citant l’amendement de 36 textes législatifs et réglementaires. Notre pays a répondu à plus de 1 640 questions…
Justement, le ministre du Commerce reproche aux membres de l’OMC de ne pas tenir compte des “conditions difficiles que l’Algérie a vécues”, dénonçant “la politique de deux poids, deux mesures appliquée par les membres de l’OMC”. Mais pour le président de l’Assemblée populaire nationale, l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce était “inévitable”. Les exemples de l’Arabie Saoudite et du Vietnam montrent que les gains peuvent être importants.