Le siège de la Présidence à El Mouradia
Le candidat du consensus aura également la lourde tâche de poursuivre le parcours de Bouteflika sur le plan international et de maintenir l’Algérie comme un acteur incontournable dans le paysage politique africain et arabe.
A huit mois de la présidentielle de 2014 et devant l’absence de candidats sérieux issus des principaux partis politiques proches du pouvoir, le RND et le FLN, l’hypothèse d’un candidat du consensus se précise de plus en plus.
Une situation politique identique à celle vécue en 1999 où l’Algérie a vu la présentation d’un candidat indépendant: Abdelaziz Bouteflika soutenu par plus de cinq importants partis politiques: le FLN, le RND, le MSP, Ennahda et même le RCD. Aujourd’hui, le même scénario risque de se répéter et verra plusieurs partis politiques et la majorité des organisations de masse comme l’Ugta, l’Unja ou l’Unfa se joindre au consensus et soutenir le même candidat pour l’élection présidentielle 2014. Une hypothèse que partagent déjà plusieurs observateurs politiques et un nombre important de diplomates dans la capitale algérienne. Dans son étymologie, consensus est un mot latin qui signifie «accord». Il sera finalisé lexiquement plus tard au XIXe siècle sous le sens de «large accord». C’est-à-dire que le futur candidat du consensus doit obtenir, avant de se lancer en course, un large accord des tenants du pouvoir en Algérie. Et dans notre pays qui cultive encore le secret du consensus et du compromis, l’idée de porter un candidat dans cette option est toujours en débat et en discussion dans les sphères du pouvoir.
Et dans l’histoire des élections présidentielles depuis l’avènement du pluralisme politique, l’Algérie a eu deux candidats du consensus, soutenus par le pouvoir et ses satellites. Il y a eu le candidat Liamine Zeroual, présenté par l’armée et soutenu par le FLN et la majorité des organisations de masse du pays en 1995. Il était venu pour sauver l’Algérie de la spirale de la violence terroriste qui avait mis le pays à feu et à sang et bien sûr le candidat Abdelaziz Bouteflika, qui avait été soutenu par plusieurs partis politiques et dont la candidature a été soutenue et validée par l’armée et l’homme fort de l’époque, le général Larbi Belkheir. C’est d’ailleurs lors de l’élection présidentielle de 1999 qu’a été évoquée, pour la première fois dans la presse, la formule politique magique de «candidat du consensus». Un candidat soutenu médiatiquement, politiquement et financièrement, qui a même fait «peur» aux neuf autres candidats en lice au point de les pousser à se retirer 24 heures avant le scrutin. Mais la conjoncture politique, économique et sécuritaire et même diplomatique de 1999 est totalement différente de celle de 2014 et les critères pour le candidat du consensus ont depuis été revus et corrigés. Contrairement au scénario russe qui a vu le Premier ministre Medvedev et le président Poutine changer les rôles pour garder le pouvoir et contrairement au scénario cubain qui a vu le frère Castro remplacer le président malade Fidel, l’Algérie s’oriente vers le scénario typiquement algérien du candidat du consensus qui aura avant tout l’aval de l’armée, car l’Algérie a besoin aujourd’hui d’un candidat nationaliste qui garantira l’avenir du pays dans une conjoncture politique et sécuritaire des plus difficiles. Un candidat qui aura la confiance de l’armée et qui garantira les frontières du pays et surtout de son unité. Un consensus général et une union sacrée sera lancée autour de ce candidat pour porter haut et fort l’image de l’Algérie dans le concert des nations. L’Algérie qui est menacée dans le Sud, par la guerre au Mali, à l’Est par les troubles politiques et sécuritaires en Tunisie et en Libye, et à l’Ouest par la fermeture des frontières et la tension avec le Maroc, le futur président aura beaucoup à faire et devra posséder une personnalité charismatique à l’image de Bouteflika et de Boumediene, car il devra répondre aux attaques verbales et parfois médiatiques et pour cela, il doit aussi manier son verbe avec éloquence et diplomatie.
A l’heure actuelle, l’Algérie a besoin d’un président qui possède une expérience politique, aussi bien locale, qu’internationale. Il doit aussi maîtriser les dossiers africains qu’arabes. Les dossiers aussi bien régionaux que bilatéraux. Le futur candidat du consensus doit être un grand orateur qui sait parler au peuple et qui peut rassembler les masses. L’Algérie devra également retrouver sa place sur le plan diplomatique et le futur président doit savoir manier, aussi bien la langue d’El Moutanabi, parler la langue de Voltaire et avoir l’expression de Shakespeare pour pouvoir faire passer les messages aux diplomates et aux dirigeants étrangers. Le candidat à la présidentielle qui aurait également le consensus autour de lui, devra également maîtriser les dossiers économiques pour préserver les ressources naturelles, profiter de la stabilité économique et financière actuelle et surtout poursuivre le développement du pays.
Le candidat du consensus aura également la lourde tâche de poursuivre le parcours de Bouteflika sur le plan international et de maintenir l’Algérie comme un acteur incontournable dans le paysage politique africain et arabe. Car l’Algérie doit jouer un rôle important dans la gestion des crises arabes et le retour de la stabilité et la sécurité dans les pays voisins comme la Tunisie et la Libye et contribuer peut-être au règlement de la crise en Egypte et surtout en Syrie.
Le futur candidat qui aura sûrement le consensus général des plus importants partis politiques du pays doit également être original dans ses gestes et se rapprocher de son peuple avec des actions populaires et médiatiques qui marqueront son passage dans l’Histoire. Enfin et c’est le plus important, le candidat du consensus doit être élu légalement et avoir ainsi la légitimité populaire, politique et internationale.