L’optimisme fossile de Youcef Yousfi, Le sous-sol algérien n’a pas livré tous ses secrets

L’optimisme fossile de Youcef Yousfi, Le sous-sol algérien n’a pas livré tous ses secrets

Le ministre de l’Energie et des Mi nes, Youcef Yousfi est un indé crottable optimiste. Dans l’entretien publié hier par le journal El Moudjahid, il balaie pratiquement toutes les projections pessimistes sur le «déclin» des réserves algériennes, de ses parts de marché en Europe.

Le potentiel en gaz de schiste compte beaucoup dans cet optimisme. Il ne s’inquiète pas non plus sur les prix gaziers affectés par une offre excédentaire qui tend à rendre les contrats de fourniture à long terme moins attrayants.

Quant aux inquiétudes sécuritaires chez les compagnies étrangères qui se sont manifestées après l’attaque terroriste de Tiguentourine par notamment la décision de BP de reporter deux projets gaziers à In Amenas et In Salah, le ministre pense qu’elles ont été largement résorbées. Il relève à cet effet que le champ de production de gaz «en partenariat entre Sonatrach/BP et Statoil est actuellement en production».

Des nouveaux dispositifs de sécurité ont été mis en place et les autorités algériennes ont un «engagement très fort» pour empêcher qu’une telle «tragédie ne se reproduise à l’avenir» et pour donner une «assurance maximale dans le domaine de la sécurité de leur personnel». Selon lui, le «terrible évènement de Tiguentourine» n’a pas réduit l’intérêt des compagnies internationales et que cela se poursuivra.

Les compagnies internationales sont actives avec Sonatrach dans le développement et l’exploitation des nouveaux projets. Cette année, les champs de Menzel Ledjmat et d’El Merk démarrent leur production. D’autres grandes compagnies d’Amérique, d’Europe et d’Asie «ont exprimé leur intérêt à développer avec Sonatrach de nouveaux projets».

SÉRÉNITÉ FACE AUX ÉVOLUTIONS DES MARCHÉS GAZIERS

Youcef Yousfi semble certain que les contrats gaziers à long terme resteront de mise du fait que les «investissements dans l’industrie du gaz sont très capitalistiques et à maturation lente».

Cela vaut encore davantage dans la chaîne GNL qui demande de très grands investissements. Pour lui, il faut un «partage équitable des risques» et la garantie d’un «prix rémunérateur du gaz». Pour cela, il faut une «relation de confiance entre les partenaires».

Il n’en reste pas moins que les réalités du marché sont déprimantes. Pour la plupart des spécialistes, ce marché va connaître un excédent de l’offre durant les prochaines années ; un excédent de l’offre qui tend à affaiblir les contrats à long terme fondés sur une indexation sur le prix du pétrole.

L’optimisme de Yousfi est peut-être fondé sur une projection sur le long terme que la situation actuelle ne confirme pas. Les parts de marché de l’Algérie sur le marché européen serontelles affectées par la montée de la concurrence et l’entrée en lice de nouveaux fournisseurs ? A cette question, Youssef Yousfi est «serein».

«L’Algérie fait face avec sérénité aux évolutions des marchés gaziers et notamment son marché naturel qu’est le marché européen», a-t-il indiqué. Sa stratégie s’appuie sur le «renforcement de ses moyens» et de sa position «prouvée» de «fournisseur fiable sur le marché gazier durant près d’un demi-siècle». «Sonatrach est un acteur sérieux et réaliste, qui a la capacité de s’adapter et la résilience pour atteindre ses objectifs majeurs», a-t-il encore souligné.

«ADAPTATION»

Sur le déclin des réserves algériennes, l’optimisme du ministre se mue en certitude avec des réserves en cours d’exploitation, «des réserves prouvées mais non encore développées, les réserves probables et les réserves possibles».

Le sous-sol algérien est «loin d’avoir livré tous ses secrets» et les ressources d’hydrocarbures potentielles pourront être mises en évidence en recourant aux nouvelles techniques et technologies» et adaptant, à chaque fois que nécessaire, «l’environnement législatif en vue de son actualisation par rapport à l’évolution de l’industrie des hydrocarbures dans le monde».

Sur le même registre optimiste, il a cité l’étude américaine qui place les «ressources en gaz de schiste algérien en 3ème position dans le monde, avec la possibilité de récupérer jusqu’à 20.000 milliards de m3». Et encore, préciset- il, l’étude en question «n’inclut pas les hydrocarbures compacts dont les ressources s’avèrent considérables».

Au passage, il a encore minimisé les appréhensions écologiques au sujet de l’utilisation de la technique d’extraction par fracturation et forage horizontal qui sont, selon lui, fiables et éprouvées». «Leur futur développement en Algérie bénéficiera des avancées technologiques réalisées, de par le monde, par les compagnies qui opèrent dans ce domaine », a-t-il assuré.

Salem Ferdi