Le processus électoral, qui a vu la réélection du président Bouteflika pour un quatrième mandat, s’est achevé lundi avec la cérémonie de prestation de serment et pendant ce temps, l’opposition tente de s’organiser pour essayer d’imposer un nouveau rapport de force au pouvoir.
Les partis politiques et personnalités composant « le front des boycotteurs », à savoir le MSP, le RCD, NAHDA, MRN, Jil Djadid et l’ancien chef du Gouvernement Ahmed Benbitour, continuent de se voir régulièrement tout en élargissant leur contacts avec d’autres personnalités politiques et de la société civile, en vue de préparer le 17 et 18 mais prochain « La conférence Nationale pour la Transition Démocratique ».
« Coordination Nationale pour les Libertés et la Transition Démocratique »
Le Front des boycotteurs, qui s’est rebaptisé, juste après l’élection du 17 avril « Coordination Nationale pour les Libertés et la Transition Démocratique » a rencontré en cours de semaine deux ex chefs du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali et Mouloud Hamrouche qui ont défendu, lors de la campagne électorale, l’option d’une transition démocratique. Mais chacun son approche.
En revanche, la rencontre qui a eu lieu dimanche soir entre la Coordination et le candidat malheureux Ali Benflis s’est soldée par un constat de divergences. Autant la Coordination est pour une transition politique, dont le contenu reste à définir lors de la conférence nationale du 17 et 18 mai, autant Benflis est contre cette option préférant agir en solo en préparant déjà la création de son parti politique en vue de prochaines élections.
Benflis, crédité d’avoir fait « une bonne campagne électorale » en remplissant les salles lors des ses meetings dans différentes régions d’Algérie compte capitaliser sur cette dynamique électorale pour se placer en chef de file de l’opposition, persuadé que le président Bouteflika n’ira pas au terme de son quatrième mandat.
« l’Alliance nationale pour le Changement »
Dimanche, un groupe d’ex responsables politiques du FIS (Mourad D’hina et Anouar Heddam), du FFS (Karim Tabou, Samir Bouakouir) et des universitaires ont lancé un appel aux algériens pour annoncer la création de « l’Alliance nationale pour le Changement ».
« Cet appel est adressé à tous les algériens et algériennes soucieux de l’avenir de leur pays et qui souhaitent prendre part à une action citoyenne indépendante, nationale, visant à instaurer un Etat de droit et la démocratie en Algérie », expliquent les promoteurs de cette nouvelle initiative politique de l’opposition qui prônent aussi « un large consensus entre tous les algériens, au-delà des clivages idéologiques, linguistiques et politiques, en vue d’un changement global ».
Est-ce que cette initiative n’est pas de nature à diviser l’opposition qui a aujourd’hui besoin d’un consensus minimum pour se poser en interlocuteur crédible du pouvoir algérien aujourd’hui plus que jamais fort, après avoir réussi à tenir son élection présidentielle avec un candidat absent ? La question se pose.
Nasser Djabi, universitaire qui s’est exprimé lundi sur les colonnes d’un quotidien national, juge que le travail actuel de l’opposition « est une bonne initiative de sa composante ». Il rappelle que « c’est la première fois depuis l’avènement du multipartisme qu’on voit des partis très opposés idéologiquement , comme le RCD, le MSP travailler ensemble pour un seul objectif qui est l’organisation d’une Conférence nationale pour la transition.
« L’opposition risque d’imploser »
Mohamed Saidj, autre universitaire interrogé lundi Algérie1, est moins optimiste et redoute le risque de voir cette opposition « imploser au moment de faire des choix politiques ». « C’est une excellente initiative de voir des partis et des personnalités politiques d’horizon idéologiques divers se rencontrer, se parler, réfléchir ensemble à une solution politique consensuelle. Cependant, j’ai peur de deux choses : la rupture au moment de discuter politique et idéologie et j’ai peur aussi de voir surgir encore une fois le problème de leadership qui a toujours empêché l’opposition de se constituer en force politique solide et crédible ».
Cet universitaire évoque aussi un autre aspect, à savoir les pressions du pouvoir pour chercher à torpiller les efforts de l’opposition. « Le pouvoir va certainement utiliser la politique de la carotte et du bâton pour empêcher l’opposition de se structurer pour se poser en alternative crédible » conclut Mohamed Saidj.