Le chef de l’opposition syrienne a réclamé une réunion urgente du Conseil de sécurité sur le «massacre» commis hier dans la banlieue de Damas, où des médias ont fait état d’usage d’armes chimiques faisant des dizaines de victimes.
L’opposition syrienne a accusé la communauté internationale d’être complice, par son silence, de l’attaque «à l’arme chimique» perpétrée, selon elle, hier dans une banlieue rebelle de Damas par le régime syrien, avançant le chiffre de plus de 1 300 morts.
Lors d’une conférence de presse à Istanbul, George Sabra, un dirigeant de l’opposition syrienne, a en outre estimé que ce carnage avait porté un coup de grâce aux efforts internationaux pour trouver une issue politique au conflit qui a fait plus de 100 000 morts depuis mars 2011.
«Je demande au Conseil de sécurité de l’ONU de tenir une réunion urgente pour assumer ses responsabilités face à ce massacre», a déclaré le chef de la Coalition nationale de l’opposition syrienne, Ahmed Jarba, à la chaîne satellitaire Al-Arabiya.
Il a en outre appelé la commission internationale, qui enquête actuellement en Syrie sur l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit, à se rendre «sur le lieu du crime». Cet appel a été lancé alors que les autorités syriennes ont démenti hier l’utilisation d’armes chimiques dans des bombardements sur la province de Damas qui auraient fait, selon une ONG syrienne, des dizaines de morts.
Des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées hier dans des bombardements de l’armée syrienne visant la région de Damas, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). «Des bombardements d’une très grande violence contre la banlieue de Damas étaient entendus par les habitants de la capitale», a indique l’OSDH.
«Après minuit, l’armée a intensifié ses opérations militaires dans les zones de la Ghouta orientale et la Ghouta occidentale, dans la région de Damas, en ayant recours à l’aviation et aux lance-roquettes, ce qui a causé plusieurs dizaines de morts et de blessés », ajoute l’ONG syrienne.
La même source a précisé que l’opération se concentre sur la localité de Madhamiyat el-Cham, au sud-ouest de la capitale, soulignant qu’il s’agit du «bombardement le plus violent sur cette localité depuis le début de la campagne militaire» dans la région, il y a plusieurs mois. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme a fait état d’au moins 100 morts dans les bombardements de l’armée syrienne.
Aussi a-t-il appelé la commission internationale chargée d’enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit syrien à «se rendre dans les zones sinistrées et assurer un accès afin de permettre l’arrivée d’aides médicales et les secours au plus tôt», et à vérifier les informations faisant état «d’usage d’armes chimiques».
Les autorités syriennes ont démenti hier avoir eu recours à ce type d’armes, selon la télévision. L’agence de presse officielle Sana a affirmé que «les informations sur l’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta (banlieue de Damas) sont totalement fausses», accusant des chaînes satellitaires de diffuser des informations «infondées ».
«Il s’agit d’une tentative pour empêcher la commission d’enquête de l’ONU sur les armes chimiques de mener à bien sa mission», ajoute l’agence. Pour sa part, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a appelé hier dans un communiqué les enquêteurs de l’ONU, en mission actuellement en Syrie, à inspecter «immédiatement » la banlieue de la capitale Damas, où des médias ont fait état d’usage d’armes chimiques.
Dénonçant un «crime ayant fait des centaines de victimes parmi les civils syriens innocents», il a demandé à ce que ses auteurs soient traduits «devant la justice pénale internationale », affirmant être «très surpris que ce crime ait été commis alors même que sont présents les enquêteurs de l’ONU».
BRAHIMI NE PARTICIPERA PAS À LA RÉUNION DE GENÈVE
L’Envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, sera absent des entretiens qui vont se dérouler la semaine prochaine entre la Russie et les Etats-Unis sur une conférence de la paix sur la Syrie, ont annoncé avant-hier les Nations unies à Genève.
Dans un communiqué, l’ONU a indiqué que M. Brahimi saluait ces entretiens bilatéraux entre Moscou et Washington à La Haye, mais qu’il n’y participera pas lui-même.
Pourtant, lundi, l’agence de presse russe Itar-Tass avait rapporté, citant un diplomate russe, que M. Brahimi participerait à ces entretiens. «M. Brahimi est en contact permanent avec à la fois les autorités russes et américaines. Une autre réunion pour préparer la conférence de ‘’Genève 2’’ pourrait avoir lieu dans un futur proche, mais ni sa date ni son lieu n’ont encore été fixés», ajoute l’ONU.
Lynda N.B.