L’opposition reproche au pouvoir sa gabegie, La guerre des mots

L’opposition reproche au pouvoir sa gabegie, La guerre des mots
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Plan de rigueur: un débat serein s’impose face à la chute du baril

Le duel pouvoir-opposition en Algérie, doit changer de forme. La conjoncture impose de nos acteurs politiques de sortir de cette logique de la neutralisation.

A quelque chose malheur est bon, dit l’adage. La chute des prix du baril présentée sous son scénario le plus catastrophiste, le plus dangereux, pour l’économie nationale comporte pourtant une autre face, brutale, certes, mais dramatique. C’est comme descendre en enfer pour y cueillir des fleurs.

L’opportunité est inespérée pour l’opposition dans son large spectre (allant de la Cnldt, au Pôle des forces de changement en passant par le FFS et les personnalités politiques agissant en électron libre) de confirmer que la rencontre de juin dernier à Zéralda, n’est pas un simple feu de paille mais une dynamique fondée.

LG Algérie

Cette opposition a-t-elle les capacités de transformer les ingrédients de la crise économique, sociale et politique en opportunité de débat serein pour le changement? A-t-elle des propositions concrètes à insérer au sein d’une vision stratégique de moyen et long terme? Comment sortir de cette sinistrose politique qui grève tous les débats? Face à la crise, le gouvernement passe à l’acte et propose une rationalisation des dépenses, le gel des recrutements dans la Fonction publique et demande aux employés d’oublier les demandes d’augmentations salariales. Sont-elles les seules solutions? N’est-il pas temps d’avoir un vrai débat, sans animosité ni concession, mais serein car il y va de la survie du pays?

Le duel pouvoir-opposition en Algérie, doit changer de forme. La conjoncture impose également de nos acteurs politiques de sortir de cette logique de la neutralisation pour la transformer en connivence intelligente. Elle impose également de l’opposition de proposer des solutions pour surmonter la crise qui est à nos portes, cest même un de ses rôles.

Aux tableaux noirs brossés à chaque intervention, aux blâmes distribués aux décideurs qui n’ont de compétence que celle de dépenser l’argent de la rente, le citoyen attend également des solutions, des messages d’espoir pour surmonter ses inquiétudes socio-économiques, pour l’avenir du secteur de la santé, de l’école, de la justice, de l’emploi et de sa sécurité, de la sphère de l’informel, de l’import-import, du pouvoir d’achat et de la bonne gouvernance.

Si les lignes de fracture entre le pouvoir en place et l’opposition sont répertoriées, définies et connues, peut-on espérer des espaces de convergence? La réponse est oui en cette conjoncture précise. En Algérie, le différend entre l’opposition et le pouvoir est aussi vieux que l’ouverture démocratique… relativement jeune. Ce qui suppose une possible médication. Un pacte de coexistence pacifique s’impose plus qu’il se propose Aussi, le dérivatif de la répression policière, de l’impossibilité d’accès aux médias lourds, du harcèlement administratif, ne doit plus servir d’alibi pour justifier l’indigence intellectuelle de cette opposition.

A Zéralda, en juin dernier, toutes les composantes de l’opposition se sont rassemblées. Elles ont montré leur faculté de taire leurs divergences. Elles sont donc capables de faire mieux. Car si la démarche s’arrête à ce niveau, cette même opposition retombera dans la trappe de la confrontation stérile.

On retombera dans le terrible procès fait – à tort – de cette opposition qui se fédère sur une «hostilité» partagée, sur l’anti-Bouteflika, le «Non» au quatrième mandat. Mais il s’agit là de dénominateurs juste bons à servir-frais – pour la consommation politique le temps d’un discours, sans plus… Il ne s’agit pas d’un socle solide sur lequel on peut bâtir une stratégie d’avenir pour une société.

Car si on a fait le deuil d’un pouvoir autiste, dépassé, la crainte est de voir cette dynamique entamée à Zéralda fondre comme beurre au soleil. Ce qui sera fatal aussi bien pour ces partis engagés dans cette entreprise que pour le pays qui sera confronté aux défis majeurs.