Fin de suspense. Abdelaziz Bouteflika est candidat à l’élection présidentielle et d’aucuns considèrent désormais que «sa réélection ne fait presque aucun doute». Sa candidature a été annoncée par le Premier ministre, ce qui fera dire à certains observateurs que c’est la machine administrative qui vient d’être mise en branle, malgré les instructions de l’avantveille quant à la «neutralité de l’Etat»
Une neutralité à laquelle la classe politique, de l’opposition notamment, ne croit plus sachant que c’est, encore, le Premier ministre et président de la Commission nationale de préparation des élections présidentielles qui… dirigera la campagne électorale du président sortant. Et le plus curieux, estiment certaines rédactions à l’instar de Tsa, «pour la première fois, nous avons de fortes chances d’assister à une campagne durant laquelle le principal candidat sera absent». Ainsi donc, le doute est planté et l’on risque d’assister comme à la veille de la première élection de Abdelaziz Bouteflika en 1999 à un retrait des candidats pour «une fraude annoncée». Le premier à le crier tout haut est le président du parti El Adala. Pour Abdellah Djaballah, cité par Tsa, «l’annonce de la candidature (de Bouteflika) a été faite par le Premier ministre.
Ce qui constitue un précédent et une preuve tangible qui confirme qu’Abdelaziz Bouteflika est malade». «Comment prétendre gérer le pays lorsqu’on n’est pas en mesure d’enregistrer une déclaration de deux minutes à la télévision?» interroge-til en invitant tous les candidats à se retirer de la course pour la présidentielle.
«C’est une élection qui doit être rejetée par tous les Algériens, partis politiques, société civile et médias », estime-t-il. Le général Yala, lui aussi candidat à la présidentielle, tout en soulignant qu’il s’y attendait, pense que le président-candidat «va finir par se désister à la dernière minute au profit d’un candidat qu’il a lui-même choisi» en mettant «à sa disposition toute la machine électorale». Pour Lotfi Boumghar, le directeur de communication du candidat Ali Benflis, les propos d’Abdelmalek Sellal ne sont pas pris comme étant une déclaration officielle de candidature.
«Parce qu’un tel acte ne peut se faire par procuration», explique-t-il en ajoutant: «C’est étonnant que cette annonce soit faite par le président de la Commission de préparation de l’élection présidentielle qui est censé rester neutre dans le cas de ce scrutin». Il précise au passage que, dans ces conditions-là, «la position de Benflis sera connue après l’annonce officielle de la candidature par le président Bouteflika». Le chargé des affaires politiques au MSP, Farouk Abousiradj, souligne que la position du parti de boycotter la présidentielle n’était pas sans fondement. «Quand nous avons décidé de boycotter l’élection présidentielle, déclare-t-il à Tsa, notre diagnostic de la situation était précis.
Nous avons dit que l’élection était fermée et ne représente aucunement un défi politique. Nous n’avons pas lié la décision du boycott à la candidature du Président. Sa décision de se représenter ne fait que renforcer la décision du boycott». Mohamed Hadibi, chargé de communication du Mouvement Ennahda, va plus loin. Pour lui, «le président Bouteflika a annoncé sa candidature à vie le jour où il a violé la Constitution en 2008 (suppression de la limitation des mandats présidentiels)» expliquant que «cette candidature ne change pas grandchose sur la scène (politique)» parce que «c’est le système qui prend les décisions». Au RCD, cela est un non-événement.
Son président, Mohcine Belabès, estime que «tant que Bouteflika ne l’a pas annoncé (sa candidature) lui-même, ce n’est pas une information ». «De toute façon, poursuit-il, avec ou sans Bouteflika, nous boycottons ces élections parce qu’il y aura une fraude massive comme durant les précédentes élections.»
La preuve? «Le pouvoir refuse la mise en place d’une commission indépendante de contrôle des élections». Moussa Touati, président du Front national algérien, souhaitera, lui, «voir le président sur le terrain pour mener sa propre campagne électorale». Mais cela ne l’empêche pas de rester dans la course en déclarant: «Je n’ai pas l’intention de me retirer de cette course électorale».
Ce ne sera pas le cas pour le candidat de Jil Jadid. Son porte-parole Sofiane Sakhri est catégorique: «Le candidat, Sofiane Djilali, annoncera son retrait vendredi prochain, lors d’une réunion du conseil national du parti.» A ses yeux, «il est clair qu’il va gagner grâce à la fraude électorale» et que «l’Algérie est en train de vivre un coup d’État».