Maintenant que Ben Ali n’est plus au pouvoir, que le président du parlement, Fouad Mebazaa, gère la période transitoire, quel est ou quel sera le rôle que l’opposition entend jouer dans la nouvelle configuration politique du pays ? Si, tout le monde est unanime à reconnaître que celle-ci ne constitue pas une alternative au pouvoir déchu par une révolte populaire, et non par elle, faut-il le souligner, force est de reconnaître qu’une telle posture n’est pas pour arranger les affaires de ceux qui ont la lourde tâche de préparer l’après-Ben Ali.
Quelques heures après le départ de ce dernier pour l’Arabie Saoudite, Mohamed Ghannouchi, son ancien Premier ministre à qui l’armée a confié l’intérim le temps d’une soirée, avant de se raviser en faveur du président du parlement, avait annoncé publiquement la tenue imminente d’une rencontre avec l’ensemble des partis politique du pays afin de trouver la meilleure issue possible à la crise. Notamment sur la question sensible de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui aura pour principales missions de préparer les échéances électorales futures (présidentielle et législatives), impliquant, sans exclusion aucune, l’ensemble de la classe politique tunisienne.
Le même vœu a été formé le président tunisien par intérim qui, après avoir prêté serment, a déclaré que « tous les Tunisiens sans exception et sans exclusive » seraient associés au processus politique. Il a promis, et c’est là le vœu de toute la classe politique, de consacrer le pluralisme et la démocratie et de respecter à la lettre la Constitution. Evoquant la formation du gouvernement de l’unité nationale, il a indiqué que la tâche a été confiée au Premier ministre sortant Mohammed Ghannouchi.
La veille, deux dirigeants, Mustapha Ben Jaafar, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, légal) et Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, légal) ont déclaré à l’AFP être prêts à collaborer avec le désormais ancien président par intérim Mohammed Ghannouchi qui a annoncé le début, hier, de consultations avec les familles après son appel de pied à la classe politique. Ces deux leaders ont affirmé ne pas croire à un retour au pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali. « Nous avons proposé un comité national de sortie de crise qui peut déboucher sur un gouvernement d’union nationale », a suggéré le premier en mettant en garde contre « tout retard sur les formes de changement à la tête de l’Etat », suggère l’un d’eux.