L’opposition ouvre le feu sur la majorité et s’indigne

L’opposition ouvre le feu sur la majorité et s’indigne

Écrit par NADIA BELLIL

Les derniers développements de la crise de l’Assemblée populaire nationale (APN), notamment la déclaration par le bureau de l’APN de la vacance du poste de président de l’Assemblée, mais aussi l’empêchement de Saïd Bouhadja d’accéder à l’hémicycle Zighout-Youcef

, ont suscité hier l’indignation de l’opposition. «Ce sont des députés issus de la fraude électorale, c’est pour cela qu’ils n’ont aucun respect pour les lois qui régissent l’APN, ni pour la Constitution», soutient Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA). Selon lui, les députés de la majorité «ne sont pas intéressés par la stabilité et la tranquillité institutionnelles». «Nous voyons dans cette APN la course vers les affaires, les intérêts et les privilèges et non pas les préoccupations populaires», relève-t-il, avant d’appeler dès lors à sa dissolution.

Saïd Ferhi du Mouvement démocratique social (MDS) estime que «fermer le portail de l’APN avec des chaînes représente un bel exemple pour tous les Algériens qui ont l’habitude de fermer les communes, les daïras et les institutions de l’Etat». «Si les députés étaient plus enclins à se battre contre la corruption, contre l’évasion fiscale, contre la fuite des capitaux, le pays se porterait mieux», ajoute-t-il.

Aussi, et tout en se demandant «comment une Assemblée qui peut élire un président ne peut pas le destituer ?», Ferhi estime qu’«il faut corriger le texte», au motif que «les électeurs ont le droit de le faire destituer à n’importe quel moment par leurs élus».

De son côté, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui n’a eu de cesse de dénoncer la majorité depuis le déclenchement de la crise à l’APN, regrette «un coup d’Etat à l’Assemblée nationale sous couvert de l’annonce d’une vacance du poste de président». «S’il venait à être toléré, voire validé, ce renversement du président de l’Assemblée nationale, de façon illégale par des individus hors la loi et sans aucune autorité, marquera une nouvelle étape de la dérive autoritaire des clans dominant à l’intérieur du système», a fait observer le président du parti, Mohcène Belabes. Selon lui, «aucun citoyen ne peut accepter une telle dérive et aucune raison ne peut justifier un tel acte parce qu’un coup d’Etat est un coup d’Etat».

De son côté, Abderezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), déplore «l’utilisation des moyens illégaux et amoraux au sein de l’Assemblée populaire nationale, allant jusqu’à barricader et cadenasser l’entrée de l’Assemblée nationale pour empêcher son président d’y accéder». «Nous dénonçons également l’utilisation de la violence verbale qui déshonore les députés de la majorité et ceux qui sont derrière eux», ajoute-t-il encore à ce sujet. Aux yeux de Makri, cette attitude de la majorité «ternit» l’image des parlementaires aux yeux du citoyen, une attitude à « même de susciter le mépris à l’endroit des députés et même de l’exercice et de la pratique de la politique dans notre pays», observe-t-il. Pire, de l’avis de Makri, la démarche des parlementaires de la majorité «couvre l’Algérie toute entière de ridicule devant l’opinion nationale et internationale».

La crise de l’Assemblée nationale vient de mettre en évidence «une atteinte sérieuse au système institutionnel», note le président du mouvement. «La crise de l’Assemblée ne représente en fait qu’un cas patent d’une maladie qui a atteint l’ensemble du corps de l’Etat», fait observer Makri, qui appelle «à bien observer ce qui se passe au Parlement et à en tirer les leçons».