L’opposition a dit Niet, le pouvoir s’auto-consultera sur les réformes politiques de Bouteflika

L’opposition a dit Niet, le pouvoir s’auto-consultera sur les réformes politiques de Bouteflika
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Ce sera donc une affaire de famille. Les consultations ordonnées par le président Abdelaziz Bouteflika en faveur de réformes politiques en Algérie commencent samedi 21 mai, sans la participation de plusieurs partis et personnalités d’opposition qui n’en attendent rien de cette initiative. Devant ce boycott, le pouvoir va donc devoir consulter les partis de l’alliance présidentielle et quelques uns de ses fidèles clients.

Président du Conseil de la Nation (Sénat), Abdelkader Bensalah, 70 ans, natif de Tlemcen, proche du président Bouteflika, a été chargé par celui-ci de sonder partis politiques et personnalités en vue de réformer les institutions. Pour l’heure, le processus démarre très mal. Hormis les partis de l’alliance présidentielle ( RND,FLN et MSP), on ne se bouscule pas chez Bensalah.



Le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) de Said Sadi, le FFS (Front des forces socialistes) de Hocine Ait Ahmed, deux principaux partis qui forment l’opposition au pouvoir ont déjà annoncé le boycott de ces consultations menées conjointement par Bensalah et le ministère de l’Intérieur. Les autres personnalités de l’opposition ont préféré ignoré l’invite présidentielle.

Un sénateur, un général et un conseiller, le trio des réformes

Pour mener à terme ces consultations, Abdelkader Bensalah sera secondé par deux conseillers du chef de l’Etat, le général à la retraite Mohamed Touati et l’ancien ministre Mohamed Ali Boughazi, tous deux conseillers à la présidence.

Mais le choix de ces personnalités issus du sérail suscite nombre de critiques.

Ainsi juge Moussa Touati, le chef du parti d’opposition Front National Algérien (15 députés): « Bouteflika ne peut pas choisir une personnalité neutre ». Le chef de l’Etat « doit défendre et protéger le système » qui l’a placé à ces fonctions, estime-t-il sans dire si son parti boycottera ces consultations.

L’opposition dit Niet

Le RCD rejette l’initiative présidentielle en l’assimilant à une mascarade. « L’époque des bricolages politiques est révolue », affirme le RCD, membre de la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD) née début janvier après les émeutes sanglantes contre la cherté de la vie, qui avaient fait cinq morts et des centaines de blessés.

Ce projet, explique le parti de Said Sadi qui a gelé sa participation à l’assemblée où il compte 19 députés est un « monologue contre le changement ».

Même refus de la part FFS, non représenté au parlement pour avoir boycotté les dernières élections de 2007.

« Nous attendons des actes concrets vers le changement afin de rétablir la confiance dans le pouvoir et dans l’Etat, et non pas du bricolage », déclare son premier secrétaire, Karim Tabbou.

Les partis de l’alliance disent oui bien sûr

Dans le camp de Bouteflika, au sein de l’Alliance tripartite tout le monde est fin prêt. Ainsi le Front de libération nationale (FLN, 136 députés), a mis en place cinq groupes de travail composés de cadres du parti, de professeurs et de spécialistes en jurisprudence constitutionnelle pour élaborer ses propositions.

L’autre parti de l’Alliance, Rassemblement national démocratique (RND, 62 députés) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, juge que ces réformes devront répondre « aux attentes de la majeure partie de la classe politique » et le troisième, le Mouvement de la société pour la Paix (MSP, islamiste, 51 députés), y voit « un pas en avant ». Naturellement.

Abouguera Soltani, président du MSP, avait indiqué mercredi 18 mai, qu’il ambitionnait de devenir président lors des prochaines élections de 2014. « Je ne veux ni du Premier ministère, ni d’aucun autre poste, je vise très haut ! Un président élu démocratiquement», a-t-il déclaré à la télévision.

Bouteflika promet l’ouverture politique qu’il a de cesse refusé

Le 15 avril dernier, le président Bouteflika, 74 ans, affaiblit et malade, avait annoncé un train de réformes pour l’année prochaine. Ces réformes englobent une révision de la constitution (celle-ci a déjà été modifiée en novembre 2008) , une loi sur les partis politiques ainsi que la dépénalisation du délit de presse.

Effacé de la scène politique, contesté par la rue, Bouteflika tente de reprendre la main en promettant une ouverture politique qu’il n’a de cesse combattu et refusé dés son accession au pouvoir en avril 1999.

Depuis janvier 2011, l’Algérie est en ébullition. Chaque jour quasiment depuis le début de l’année, des manifestations, marche, sinon émeutes, émaillent la vie des Algériens.

Les protestataires réclament des augmentations de salaires, auquel le gouvernement répond au coup par coup, mais aussi de l’emploi, des logements ou montrent tout simplement le mal-être d’une jeunesse qui se sent oubliée, dans le sillage des révolutions arabes en cours.