La revendication a été exprimée par des générations entières de la cause amazighe. Des hommes et des femmes ont longtemps milité pour que leur langue soit reconnue et promue aux rangs national et officiel. L’officialisation de Tamazight a été annoncée dans le cadre d’un projet d’amendement de la Constitution pour être partagée par tous. L’article 3 bis de la Loi fondamentale stipule, en effet, que « Tamazight est également langue nationale et officielle ».
En Kabylie, à Tizi Ouzou notamment, la nouvelle a été accueillie avec de la prudence par certains, de la joie par d’autres et une insatisfaction pour quelqu’uns. Dans la rue, les espaces publics, les transports et même dans les foyers, les citoyens ne parlent plus que de l’officialisation de Tamazight.
Pour certains, c’est le signe d’une bonne volonté du pouvoir. Une volonté de redonner au peuple ses droits identitaires à travers la reconnaissance d’une langue qui constitue l’un des fondements de la nation et une de ses constantes, culturelle et civilisationnelle. « C’est une très bonne nouvelle.
Nous avons mené un long combat pour faire aboutir cette revendication. Ce n’était pas chose aisée. Il y a eu du sang versé depuis les années 1980 pour que la cause soit enfin entendue », dira Hamid, un universitaire rencontré à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri.
Dans ce même établissement, des intellectuels impliqués dans le combat pour la cause identitaire estiment que l’officialisation de Tamazight ne doit pas s’arrêter à son introduction dans la Constitution mais plutôt être suivie du concret et d’effort réel pour qu’elle devienne véritablement une langue officielle dans toutes ses dimensions.
Par ailleurs, d’autres voix ayant milité au sein de la mouvance berbériste estiment que la démarche des concepteurs du projet de la Constitution doit être analysée. Beaucoup restent, en effet, dans l’expectative, préférant garder les pieds sur terre et ne pas se précipiter dans tout jugement en fonction de l’évolution de cette nouveauté sur le terrain dans les semaines ou les mois à venir.
« Les sacrifices de tous ceux et de toutes celles qui ont mené le combat pour que Tamazight soit reconnue ne doivent être vains et nous ne devons pas nous contenter d’accepter tout ce qui nous est proposé. La question doit être analysée dans tous ses détails et toute sa dimension », estime-t-on de même source.