L’opération de séduction de la RATP El Djazaïr semble porter ses fruits ,Tous attendent le jour… J !

L’opération de séduction de la RATP El Djazaïr semble porter ses fruits ,Tous attendent le jour… J !

C’est la troisième station de métro à ouvrir ainsi ses grilles, se dévoilant à son tour au public algérois, après celles du Jardin d’Essai et Les Fusillés, la semaine dernière. Les noctambules du centre-ville de la capitale ont pu se familiariser avec les lieux et ce, pendant près de trois heures.

Si la rue Didouche Mourad est d’ordinaire noire de monde le matin en dehors du mois de Ramadhan, par contre durant le mois sacré, elle est presque désertée durant la journée et reprend vie le soir venu, à la faveur des soirées ramadhanesques et à la fraîcheur du climat, ainsi qu’aux nombreuses boutiques et terrasses s’y trouvant. C’est ce qui a poussé ainsi jeudi dernier de simples riverains ou badauds de passage à s’engouffrer par grappes entières, à l’intérieur de la nouvelle station de métro, flambant neuf, comme attirés par un puissant aimant, comme s’ils voulaient conjurer le sort et voir de leurs propres yeux ce chantier titanesque, tant décrié et qui a mis trois décennies pour enfin sortir de terre et devenir réalité.

La station Khelifa-Boukhalfa est la deuxième de la ligne 1 après celle de la Grande-Poste à être située en plein cœur de la capitale. Pourvue de trois accès pour s’y rendre, elle est dotée de trois ouvrages d’extracteurs d’air pour la bonne ventilation des tunnels.Une fois à l’intérieur, nous sommes saisis par la beauté des lieux, contrairement aux stations déjà ouvertes au public, ainsi que pour les stations Amirouche et Mer et Soleil, dont le revêtement des parois murales est conçu avec de la faïence. Pour ce qui concerne les stations Hamma, Aïssat Idir, 1er Mai et Khelifa Boukhalfa, leur revêtement est fait à partir de la tôle émaillée, ce qui leur donne un certain air de modernité. Construites sur deux niveaux et avec une aération continue au niveau des longs couloirs, cela procure une sensation de bien-être aux usagers.

Pour accéder à la salle des billets, on emprunte un escalier mécanique ; pour les plus pressés, des escaliers «traditionnels» feront l’affaire. Une fois sur place, un guichet tenu par des employés de la RATP El Djazaïr est mis à la disposition du public, soit pour la vente des tickets ou pour la confection de cartes d’abonnement. Juste à côté, un bureau d’information pour les «naufragés» de ce nouveau mode de transport est là pour les rassurer. Lorsque les agents terminent leur service et que les rideaux sont baissés ou bien s’il y a simplement foule devant les guichets, là aussi pas de panique, des bornes à billets (automates) prennent le relais pour venir en aide aux usagers. Des écrans tactiles permettent d’acheter des tickets par un simple clic; la «zone sous contrôle», traduire l’accès aux quais, se fait via un tourniquet qui se libère une fois qu’on introduit un ticket ou en activant son «pass». Une fois de l’autre côté, il suffira à l’usager de descendre au deuxième niveau pour prendre sa rame, et même s’il la rate, une deuxième fera son entrée trois minutes plus tard. Cette fois-ci encore, cette foule d’un soir s’arrêtera, comme ce fut le cas pour les deux précédentes visites à la salle des billets, étant donné que l’accès aux quais est interdit pour raison de sécurité, pour le moment du moins, mais chacun pourra au moins assister au travers d’une immense baie vitrée à la valse des rames en contrebas. Rachid, fonctionnaire à Alger et habitant Bab Ezzouar, est ravi et conquis à la fois : «Avec le métro, on n’aura plus à supporter le diktat des transporteurs privés et de l’Etusa.

Fini les pauses-café interminables et les pauses nicotines», lâche-t-il, non sans une nervosité tout à fait compréhensible. Au loin, une dame accompagnée de sa famille me confie avec beaucoup de joie son admiration pour ce bijou architectural : «Je pourrai voir plus souvent ma fille et mes petits-enfants sans avoir à subir le racket des taxieurs», tout en me montrant sur la carte la station Mer et Soleil qui se situe sur les hauteurs de Hussein Dey.23 heures, la fin de la prière des taraouih voit d’autres vagues humaines se laisser tenter à leur tour par la magie du lieu. Les responsables de la RATP El Djazaïr et de la maison mère à Paris, venus superviser pour l’occasion, sont ravis de voir un tel afflux de citoyens et un tel engouement qu’il a fallu faire patienter les gens à la surface, tant la salle du bas était bondée. Cette dernière où nous nous trouvons ne désemplit pas et continue de recevoir sa chape de visiteurs. Chacun, portable à la main, essaie d’immortaliser l’instant présent pour dire «j’y étais!».A trois mois du lancement officiel du métro, aucune des stations visitées pour le moment n’est signalée par un mât portant l’inscription Métro ou le nom de la station pour indiquer la présence des bouches de métro, comme c’est le cas dans d’autres pays pour ce genre de transport.

«Cela ne saurait tarder», nous a confié avec beaucoup de professionnalisme et de fierté Mme Khemkhoum, chargée de la communication à la RATP El Djazaïr, qui gérera le Métro d’Alger. L’architecture extérieure sera revue après qu’on aura ôté les sinistres baraudages qui les entourent ; une structure plus esthétique et plus moderne les remplacera. A la question de savoir s’il y a des dispositions spécifiques pour les usagers à mobilité réduite comme des escalators, la réponse est : «Pas pour le moment», regrette-t-elle, «car lorsque les travaux du métro ont démarré dans les années 80, les normes pour cette frange de la population n’existaient pas encore, mais cela sera pris en considération pour nos prochaines lignes». Quoi qu’il en soit, toutes les personnes rencontrées ce soir-là ne tarissent pas d’éloges pour ce nouveau mode de transport et tous mettent l’accent sur la nécessité de garder les lieux propres et de renforcer les brigades d’hygiène et de sécurité pour que ce joyau ne ressemble malheureusement pas à nos stations de bus et autres gares.Avant de regagner la surface, un père de famille enthousiaste me dira, avec un sourire du coin des lèvres, que «la prochaine fois, il redescendra pour prendre la rame pour… de vrai» ; avant cela, il devra patienter quelque temps…

Pour rappel, la dernière station à ouvrir ses portes au public sera la station de la Grande-Poste, la plus grande puisque, construite sur cinq niveaux, elle assurera une correspondance directe avec la ligne 2 du Métro d’Alger et c’est à elle que reviendra le privilège de fermer le cycle des Portes ouvertes, jeudi prochain, initiées par la RATP El Djazaïr en collaboration avec l’Entreprise du métro d’Alger (EMA).