L’Etat, qui désormais détient 51% du capital de Djezzy à travers le Fonds national d’investissements (FNI), devrait, sous réserve d’un nouvel accord, hériter d’un «bonus caché »… immergé au fond de l’océan.
Un nouveau chapitre de négociations s’ouvrira dans quelques mois sur le câble sous-marin que possède Global Telecom Holding (GTH), le Med Cable, actuellement à l’arrêt. Selon une source de la direction de Djezzy, qui n’a pas souhaité divulguer son identité, « les parties engagées dans le dossier du rachat de Djezzy ont convenu d’enclencher de nouvelles discussions dans les mois qui suivent qui porteront quasi exclusivement sur la récupération et la réactivation du câble sous-marin Med Cable, qui relie, sur une longueur de 1300 km, Alger à Marseille via Annaba et Oran ». Actuellement, le câble de transmission n’est pas exploité et pas un octet n’y transite. « Nous espérons pouvoir réactiver le transit de données par ce câble, mais le gouvernement n’a pas encore pris position ; pour notre part, nous ne souhaitons pas lui forcer la main », révèle notre source qui estime qu’avec la montée en puissance de la 3G, « nous aurons besoin de toutes les ressources nécessaires qui se présentent à nous pour augmenter nos capacités de trafic ». L’histoire de Med Cable est intrinsèquement liée à celle du conglomérat Orascom. En novembre 2012, Orascom Telecom Media et Technologie Holding avait annoncé publiquement avoir cédé la totalité de ses participations dans Med Cable à Orascom Telecom Holding (Global Telecom), pour une valeur de 12,3 millions de dollars, devenue de fait sa filiale en propriété exclusive. Une transaction à l’époque mal vue par le gouvernement algérien qui a annoncé immédiatement la suspension de toute activité de Med Cable. Un « actif » qui va se retrouver dans l’escarcelle du gouvernement qu’il pourrait mettre à profit pour augmenter sa bande passante Internet. Au vu de la croissance exponentielle de l’échange de données et l’explosion du nombre d’abonnés à l’Internet mobile – 8,2 millions de clients à la 3G à décembre 2014 contre seulement 1,4 million pour l’ADSL, selon l’ARPT – Djezzy voit dans Med Cable une opportunité doublement bénéfique, d’abord sur le plan de la trésorerie, de sorte qu’il lui épargne un effort financier supplémentaire pour augmenter sa bande passante, et sur le plan de l’infrastructure, vu que « c’est un actif » à la disposition du groupe. Si un accord est trouvé sur cette liaison à fibre optique, ce sera la première fois qu’un opérateur télécoms – à moitié privé – pourra utiliser son propre réseau de transmission à l’international sans passer par Algérie Télécom, qui en détient le monopole jusqu’à présent. L’Algérie, à travers l’opérateur historique, dispose d’une importante bande passante Internet qui transite par un maillage de liaisons sous-marines à l’international porté par SeaMeWe4 (reliant Annaba à l’Europe), d’une capacité de 640 Gbps, et par Alger-Palma de 80 Gbps. La dernière liaison sous-marine est celle reliant Oran – Valence, encore en projet et qui, une fois finalisé, portera la capacité totale de la bande passante Internet à plus de 1,9 Tbps (térabits). Le pays se connecte au monde aussi à travers des liaisons terrestres, Annaba – Tunisie, avec STM-1, Tlemcen-Oujda Maroc, (STM-16) et In Amenas-Libye. Il reste une dernière liaison en chantier, Alger-Zinder-Niger- Abudja-Nigeria, dont seule la partie Alger-In Guezzam, sur 4700 kilomètres, est opérationnelle. Cependant, le projet patine, principalement pour des raisons financières de la part des partenaires de l’Algérie dans cette liaison, mais aussi sécuritaires. Quoi qu’il en soit, réactiver Med Cable, c’est aussi avoir dans l’immédiat et à disposition, autant pour Djezzy que pour la bande passante à l’international de l’Algérie, une capacité de transit de 1,28 Tbps.