L’Opep répond à Trump: « Nous ne sommes pas un Cartel chargé de contrôler les prix »

L’Opep répond à Trump: « Nous ne sommes pas un Cartel chargé de contrôler les prix »

Melissa Roumadi-Belferag

C’est une réponse cinglante que les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés non-Opep, reunis dimanche à Alger, ont adressé au tonitruant locataire de la Maison- Blanche. Si Donald Trump, exigeait jeudi, dans un tweet menaçant, de l’Opep de réduire immédiatement les prix du brut, les principaux producteurs de l’Opep et leur allié russe estimeront que leur rôle n’est pas de contrôler les prix. Mieux, l’alliance estime être parvenue à rééquilibrer le marché et qu’il y’a aujourd’hui une offre suffisante pour satisfaire la demande. Le ton a été donné dès l’ouverture des travaux de la 10e réunion du Comité de suivi de la mise en œuvre de l’accord du 10 décembre 2016. Le rendez-vous d’Alger est une réunion consacrée à l’évaluation du taux de conformité aux niveaux de production, et non à l’examen d’une nouvelle hausse de la production de pétrole.

Le ministre algérien de l’Energie, M. Mustapha Guitouni a, d’ailleurs, tenu à le clarifier à la presse avant même le début des travaux.  Le ministre saoudien du pétrole, Khaled El Falih qui  copréside cette réunion du JMMC avec son homologue russe Alexander Novak, a, quant à lui, clairement indiqué  que son pays n’a pas vocation à « influencer les prix », et qu’il n’ya pas d’accord sur la réduction de l’offre. M. El Falih a aussi estimé qu’« il y’a suffisamment d’offre en prenant des mesures appropriées pour le long terme ». Le  président de la Conférence de l’Opep, et accessoirement ministre Emirati du pétrole, Souhail Mohamed Al Mazraoui, est allé plus loin en assénant un fait : « l’Opep n’est pas une organisation politique et n’est pas concernée par les pressions politiques « . Et d’ajouter que l’Opep « n’est pas chargée de faire hausser ou baisser les prix du brut mais plutôt de stabiliser le marché ». Le Secrétaire général de l’Opep, Mohamed Barkindo, a pour sa part été incisif en indiquant sans détour que l’Opep n’est ni un  monopole, ni un cartel, mais une plateforme responsable dont l’objectif et de garantir la stabilité du marché au bénéfice  de l’économie globale des producteurs et des consommateurs.

Un cadre de dialogue permanent

L’équilibre du marché est d’ailleurs tributaire des passerelles de dialogue mises en place non seulement entre l’Opep et ses alliés non Opep, mais aussi entre les producteurs et les consommateurs de pétrole. A l’approche de l’expiration du cadre de dialogue mis en place à la faveur de l’accord d’Alger de septembre 2016, la création d’un nouveau cadre de consultation permanent d’ici 2019 s’est imposé comme le principal enjeu de cette réunion d’Alger. L’Opep et ses alliés  devraient donc jeter les bases de ce cadre, tendant à révolutionner la gestion du marché pétrolier à « Alger ville des tournants », comme l’a qualifié M. Barkindo. Le ministre russe de l’Energie Alexander Novak, a d’ailleurs estimé « nécessaire de réfléchir sérieusement à l’élargissement de notre partenariat pour faire face aux nouveaux défis actuels et futurs ». Car au-delà des fondamentaux du marché, celui-ci demeure sous la pression de facteurs exogènes comme les tensions géopolitiques, l’évolution des marchés des changes et des capitaux dans les pays émergents, les sanctions imposées à certains pays et les guerres commerciales, lesquels exigent la vigilance des pays producteurs appelés à faire front pour sauvegarder l’équilibre du marché. Ce qui fait dire à Novak que l’ensemble de ces défis exige la « révision et l’examen minutieux des différentes formes de coopération existant entre les producteurs au sein et hors Opep ». Un front qui gagnerait à être élargi, pour le président de la Conférence de l’Opep, Souhail Mohamed Al Mazraoui lequel fait part du souhait de l’OPEP d’attirer d’autres pays producteurs dans l’accord du 10 décembre 2016 pour contribuer dans la sauvegarde de l’équilibre du marché pétrolier mondial.