L’OPEP ne compte pas relever ses quotas : Vers un baril à 100 dollars

L’OPEP ne compte pas relever ses quotas : Vers un baril à 100 dollars
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La chose est en train de devenir un fait établi sur la durée. Malgré les aléas du marché, qui se caractérisent pas une courbe ascendante constante des prix, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a laissé sa production quasiment inchangée alors que les cours du pétrole évoluent à près de 91 dollars, à un plus haut de 26 mois.

La production des 11 membres de l’Opep, qui ont des objectifs à respecter, s’est établie en moyenne à 26,75 millions de barils par jour en décembre, contre 26,70 millions le mois précédent.

Donc, bien que le baril de pétrole ait largement dépassé le niveau de 70 à 80 dollars, privilégié par l’Arabie saoudite, l’Organisation semble ne pas vouloir agir pour autant, et le marché se prépare à retrouver un niveau supérieur à 100 dollars.

Les réunions des pays producteurs organisées ce mois-ci, dans le cadre de l’Opep, à Quito, et entre pays arabes au Caire, n’ont pas laissé prévoir un relèvement des objectifs de production en vigueur depuis deux ans.

LG Algérie

D’ailleurs un cours supérieur à 100 dollars ne serait pas négatif pour l’économie et n’entraînerait pas une hausse de la production de l’Opep s’il était dû à la spéculation et non à une offre insuffisante, ont indiqué plusieurs membres de l’Organisation.

« Si le pétrole dépasse 100 dollars à cause de la spéculation, l’Opep ne fera rien », a assuré le secrétaire général Abdullah al Badri, tout en soulignant que l’Organisation ne souhaitait pas un tel cours.

Aussi, les analystes se divisent entre ceux qui voient un soutien durable au secteur, du fait de la reprise économique mondiale, et ceux qui se concentrent sur les différences entre les conditions de marché actuelles et celles de 2008, lorsque le baril de brut a atteint son plus haut historique à presque 150 dollars.

« Il reste à savoir si les prix actuels réagissent aux conditions climatiques de court terme ou bien aux problèmes monétaires et de demande à plus long terme », a commenté Sadad al Husseïni, analyste pétrolier et ancien responsable du monopole pétrolier saoudien, Saudi Aramco.

« Etant donné l’abondance des réserves de pétrole, il serait absurde de la part de l’Opep de réagir excessivement à ce qui n’est peut-être qu’une situation passagère. »

Le pétrole supplémentaire mettrait en effet plusieurs semaines à arriver jusqu’aux consommateurs, et les conditions hivernales pourraient alors s’être adoucies.

Selon certains analystes, la prudence affichée par l’Opep rappelle l’attitude qui était la sienne avant la flambée record de 2008.

« La dernière réunion à Quito a donné l’impression que les producteurs se souciaient surtout d’une baisse. De notre point de vue, cela signifie qu’une hausse ne sera contrôlée qu’a posteriori, et non de façon préventive », estime Barclays Capital.

La branche d’investissement de la banque britannique prévoit pour 2011 un baril de brut américain à 91 dollars, et souligne que cette valeur moyenne implique « une période durable d’échanges au-dessus de 100 dollars au cours de l’année ».

Le pétrole s’échange actuellement à un prix 35% plus élevé que son plus bas de l’année atteint en mai. Le plus haut de cette semaine dépasse de 15% le dernier cours de clôture de 2009.

En plus des stocks existants, l’Opep dispose d’une réserve de capacité de production non négligeable, fixée à 6 millions de barils par jour (bpj).

Pour sa part, la production irakienne constitue également une marge de manœuvre. Le pays, qui remet sur pied son économie et ses infrastructures ravagées par la guerre et les sanctions, n’est en effet pas soumis aux plafonds de production de l’Opep.

Les analystes doutent de sa capacité à augmenter en sept ans sa production jusqu’à 12 millions de bpj, mais même un rythme plus lent permettrait de répondre à toute hausse de la demande.

Néanmoins, le nouveau ministre irakien du Pétrole souhaite que la production nationale soit portée à 3 millions de bpj fin 2011, contre 2,6 millions de bpj aujourd’hui.

Le rapport mensuel de l’OPEP de décembre 2010 a également estimé que la demande mondiale de brut augmenterait en 2011.

Amel Zemouri