La richesse du royaume et ses immenses réserves pétrolières lui permettent de regarder au-delà de la faiblesse actuelle des cours
Les cours de l’or noir étaient mitigés suite à l’annonce de la disparition du souverain saoudien alors que se posait la question de la reconduction d’ Ali al-Nouaïmi au poste de ministre du Pétrole.
La voix de l’Arabie saoudite au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a toujours été prédominante. Ce n’est un secret pour personne. Un homme incarne la politique pétrolière du Royaume wahhabite: son inamovible ministre du Pétrole Ali al-Nouaïmi, en poste depuis le mois d’août 1995. La mort du roi Abdallah peut-elle signer la fin de ce règne de près de 20 ans? Partira, partira pas? L’intéressé l’aurait lui-même souhaité.
«Il est possible qu’Ali al-Nouaïmi soit remplacé après qu’il ait laissé entendre qu’il souhaitait consacrer davantage de temps à ses activités universitaires», a révélé Phil Flynn, analyste de Price Futurs à Chicago. Les observateurs les plus attentifs n’y croient pas trop, mais ne peuvent s’empêcher de s’interroger sur une telle option.
«L’or noir pourrait connaître une période d’instabilité, alors que se pose la question de la reconduction du ministre du Pétrole en place depuis 1995 (Ali al-Nouaïmi), en partie responsable de la décision de maintenir le quota de production de l’Opep», faisaient observer les analystes de Saxo Banque.
«L’autre question qui peut se poser est la réaction des peuples insurgés en Arabie saoudite qui pourrait entraîner une instabilité politique et potentiellement impacter la production», ajoutaient-ils.
D’autres, à l’instar du chef économiste de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) ne s’attendent pas à une révolution de palais et ne la souhaitent pas.
«J’espère qu’ils (les Saoudiens) continueront à être un facteur de stabilité sur les marchés pétroliers, particulièrement en ces jours difficiles», a indiqué Fatih Birol.
Julian Jessop, de l’institut Capital Economics abonde dans le même sens: «Le roi Salmane pourrait être plus conservateur sur les questions sociales, mais il n’y a aucune bonne raison de penser qu’il va profondément modifier la politique pétrolière.» «Le roi Salmane a 79 ans et il est peu probable qu’il remette en cause le statu quo. La politique pétrolière saoudienne est, quoi qu’il arrive, largement décidée par des technocrates. La richesse du royaume et ses immenses réserves pétrolières lui permettent de regarder au-delà de la faiblesse actuelle des cours et d’embrasser une vision à plus long terme», soulignait M. Jessop.
Il n’en demeure pas moins que la question de réduction de la production de l’Opep pour stopper l’effondrement des prix du pétrole est remise sur le tapis par plusieurs de ses membres (Venezuela, Iran, Algérie…) qui y ont été affectés. «L’Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production», avait déclaré le 27 décembre 2014 le ministre algérien de l’Energie, Youcef Yousfi.
Le cartel et son chef de file sont restés sourds à cet appel. La chute des prix s’est poursuivie. Que changera le décès du roi Abdallah? Pas grand-chose apparemment. Les cours de l’or noir étaient mitigés suite à l’annonce de la disparition du souverain saoudien alors que se posait la question de la reconduction d’Ali al-Nouaïmi, au poste de ministre du Pétrole. A la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 49,46 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 94 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Tandis qu’en début d’après-midi à New York, le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en mars cédait 59 cents à 45,7 dollars. Signe qu’il n’y aura pas de chamboulement dans la politique pétrolière de l’Arabie saoudite. Le baril n’a pas fini de morfler.