C’est par un communiqué que le secrétaire général de l’Otan annonce la fin des opérations en Libye. «Le Conseil de l’Atlantique Nord a confirmé la décision prise il y a une semaine. Notre opération prendra fin le 31 octobre.» La rédaction du texte, sèche, sans en référer à l’ONU, indique, s’il en est besoin, que le désengagement otanien de Libye n’a pas été facile à obtenir.
D’ailleurs, la suite du bulletin prouve que l’Alliance se plaît en Cyrénaïque, en Tripolitaine et dans le Fezzan. «D’ici là, ensemble et avec nos partenaires, nous continuerons à surveiller la situation. Et, si nécessaire, nous continuerons à répondre aux menaces contre les civils.» Libyens, faut-il, tout de même, qu’on le précise. Après vingt-six mille (26 000) sorties, neuf mille six cents (9 600) frappes «arrosant» cinq mille neuf cents (5 900) cibles, l’Organisation de l’Atlantique Nord consent, enfin, à se retirer. Pourtant, cela n’a pas été du tout facile. Plusieurs batailles au plan diplomatique, juridique et politique ont dû être livrées pour en arriver à ce laconique communiqué. L’Alliance, s’arrimant, il y a 3 jours, au «souhait» du CNT de la voir prolonger son séjour, a émis le désir de répondre favorablement à la drôle d’invitation. Au sein du conseil de l’Otan, tout d’abord, donc en interne, et à l’ONU, ensuite, le rapport de force a basculé pour le retrait. Ce sont, encore une fois, les Etats-Unis, principaux pour ne pas écrire les seuls décideurs dans Nato, qui ont fait basculer l’option vers le départ des forces otaniennes du ciel et de la mer libyens. Les «States», pour des raisons que l’on saura, sans doute, dans le proche avenir, ont certes soutenu le démantèlement du régime Gueddafi, voire l’élimination physique de ce dernier, mais n’ont pas été, à l’image de la France ou du Royaume-Uni, dans la surenchère du dossier. Partage de rôles ? Divergences entre les puissants de l’Occident face à la manière de gérer l’après- Guide de la révolution ? Casting de communication ? Accords secrets avec la Russie et la Chine concernant le pétrole de Libye ? Il y a sans doute de tout dans l’attitude américaine. En plus, évidemment, du réel danger Aqmi dans les environs. Retour sur l’Otan à Bruxelles. Des gorges profondes traditionnellement autorisées indiquent quelques pistes pour les médias accrédités à Evre (siège de l’Alliance) ou auprès des institutions européennes (Commission et Parlement). Wesbrington aurait rapidement accepté à New York (ONU) les doléances russe, chinoise, sud-africaine de voir l’Otan plier armes et bagages, surtout armes. La France et le Royaume-Uni, initialement favorables au souhait du CNT (maintien de l’Otan) ont ensuite accepté de se rendre à l’évidence, vu le rapport de force. Pour autant, rien n’est encore acquis concernant le futur libyen de l’Alliance. Les termes du communiqué annonçant la fin de «Unified Protector» sont ambigus et laissent la porte ouverte à un retour rapide de l’Alliance. Il n’est pas d’exemples qui prouvent que l’Otan quitte les lieux après des opérations guerrières. Ou quitte les lieux tout court. Le modus operanti de l’Alliance en Libye a été, au demeurant, nouveau en tout. Est-ce, sera-ce le début de la nouvelle Otan annonciateur du droit international de demain, c’est-à-dire, d’aujourd’hui ? Bien des décisions onusiennes ont été piétinées en Libye guéddafienne par l’Otan.
A. M.