«Le dialogue est la priorité pour résoudre la crise au Mali.»
L’ONU vient de conforter la position algérienne concernant la crise au Mali, privilégiant ainsi une solution diplomatique en lieu et place d’une action militaire. Cela intervient au moment où la Cédéao, appuyée, semble-t-il, par la France, serait favorable à une intervention militaire par l’envoi d’au moins 3000 soldats pour affronter les milices armées et les groupes terroristes qui contrôlent le nord du Mali.
Insister sur la priorité du dialogue tel a été le message de l’ONU, dont le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, avait énoncé jeudi dernier en ces termes: «Le dialogue est la priorité pour résoudre la crise au Mali», tout en soutenant que «la mise en place d’un gouvernement représentatif est incontournable pour la recherche d’une solution». Animant une conférence de presse au Palais des Nations à Genève, Djinnit a tenu à rappeler que «l’unité et l’intégrité territoriales du Mali sont menacées par les velléités de sécession de certains groupes et par les agissements de groupes terroristes dans la région».
Pour lui, l’arrivée en grande quantité d’armes en provenance de la Libye constitue également une sérieuse menace et une troisième inquiétude. Toujours selon lui, «des efforts doivent être fournis pour mettre en place un gouvernement représentatif et devant être déployés pour impliquer les institutions maliennes dans la recherche d’une solution au Mali».
Pour cela juge-t-il «la promotion d’un dialogue nécessaire, d’une part entre les Maliens pour mettre au point une feuille de route de sortie de crise, notamment en vue d’organiser des élections présidentielles, et d’autre part pour garantir le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali par le dialogue». Cependant, tout en priorisant le dialogue dans toute démarche, le conférencier n’écarte pas la possibilité d’une intervention militaire, il déclare dans ce contexte: «Même si le dialogue est la priorité, une action militaire n’est pas à exclure, l’ONU a demandé à la Cédéao des précisions supplémentaires sur les objectifs et conditions d’une éventuelle opération armée». Le conférencier ne manquera pas de réaffirmer que la région de l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une nouvelle vague d’insécurité à l’ombre de ce qui se passe au Sahel et en Guinée-Bissau.
L’orateur se prononcera également sur le phénomène de la piraterie qui, selon lui, continue de préoccuper les dirigeants de la sous-région, au même titre d’ailleurs que le terrorisme. Abordant la criminalité transnationale, il précisera que «l’Afrique de l’Ouest était devenue une zone de transit du trafic de drogue entre l’Amérique latine et l’Europe. En raison de la faiblesse des institutions d’Etat de droit et des capacités limitées pour lutter contre ce fléau, le trafic de drogue y prospère, de même que la consommation de drogues», a déploré ce responsable onusien. Djinnit pense également que le phénomène de par qu’il constitue une menace pour la santé publique est aussi une menace pour la sécurité.
Les narcotrafiquant sont, à ne pas en douter, des complices des groupes terroristes et de trafiquants d’armes et c’est ce qui a été notamment observé par le conférencier: «Les trafiquants utilisent les mêmes voies de passage que d’autres groupes criminels transnationaux, notamment ceux coupables de la traite des personnes, du trafic d’armes ou encore d’actes de piraterie et de terrorisme, et on constate des liens entre les différents groupes, en particulier entre terrorisme et trafic de drogues.»
Maintenir le Mali dans la crise favorise davantage les affaires des trafiquants pour lesquels une intervention militaire dans la région ne peut être qu’à l’avantage des groupes terroristes affiliés à Al Qaïda qui ont toujours su tirer profit des crises.