Hier encore à Misrata, les combats se sont poursuivis au milieu d’une ville en ruine.
Dans les rues de la ville, où l’insurrection tente de tenir le plus longtemps possible et de desserrer l’étau des forces kaddafistes, les forces loyales à Maammar Kaddafi ont de nouveau bombardé la ville, a déclaré un porte-parole des rebelles. Selon lui, 17 personnes avaient trouvé la mort la veille dans la ville assiégée. «Les forces de Kaddafi sont en train de bombarder. Elles tirent des roquettes et des obus sur le secteur Est – la rue Nakl el Thekil et les quartiers résidentiels autour», a indiqué Abdoubasset Abou Mzeirek. Une centaine de personnes, des civils pour la plupart, ont été blessées dans les combats d’avant-hier, a-t-il précisé.
Ainsi, même sans l’appui des forces de l’Otan, l’insurrection libyenne, ne comptant que sur elle-même, continue à se battre contre les forces gouvernementales beaucoup plus nanties en termes de moyens et logistiques militaires. C’est d’ailleurs face à ce déséquilibre que les insurgés ont réclamé à la coalition une fourniture en armes ou alors d’effectuer les pilonnages contre l’armée kaddafiste.
Seif El-Islam se défend de tout crime
Seif El-Islam, un des fils de Kaddafi a nié dans une interview parue hier dans le quotidien américain le Washington Post, que l’armée gouvernementale ait tiré contre les opposants au régime.
Aussi, dira-t-il :«nous n’avons commis aucun crime contre notre peuple». Et de poursuivre : «je ne peux pas accepter que l’armée ait tiré sur des civils. Ceci n’est jamais arrivé et n’arrivera jamais». Comparant l’intervention militaire étrangère dans son pays à celle de Irak, Seif-El-Islam dira que «c’est exactement comme les armes de destruction massive en Irak». «On a dit armes de destruction massive, armes de destruction massive, armes de destruction massive. Allez attaquer l’Irak. Civils, civils, civils. Allez attaquer la Libye.
C’est la même chose». Comme son père, il affirmera que les rebelles libyens étaient infiltrés par des membres appartenant à Al-Qaïda. C’est ce pourquoi, d’ailleurs, il voudrait que les Nations unies viennent en aide à son père pour contrer Al-Qaïda. Soutenant qu’une fois que «les terroristes» seraient expulsés de Misrata et les rebelles de Benghazi, le pouvoir de son père serait contrôlé par une constitution. C’est pourtant ce même Seif-El-Islam, qui au début du déclenchement de l’insurrection en février dernier, avait promis une «guerre civile» et des «rivières de sang».
1 000 morts et 3 000 blessés à Misrata depuis le début des combats
Quelque 1 000 personnes ont été tuées et 3 000 autres blessées depuis le début des combats à Misrata située à l’ouest de la Libye. Selon l’administrateur de l’hôpital de Misrata, Khaled Abou Falgha, cité par les médias, «80% des morts sont civils», ajoutant que les 60 lits de l’hôpital étaient tous occupés par des blessés. Par ailleurs, une dizaine de milliers de migrants, notamment égyptiens et nigériens, attendent toujours leur évacuation dans un camp de fortune installé près du port de Misrata, dans des conditions particulièrement précaires, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le gouvernement libyen a fait état avant-hier soir d’une «implication prouvée» d’Al-Qaïda dans le conflit en Libye, affirmant qu’un dirigeant de cette organisation était en route vers la ville rebelle de Misrata avec un groupe de combattants.
A ce propos, Moussa Ibrahim, le porte-parole du régime, dira avoir des informations selon lesquelles, Abdelhakim Al-Hasadi, «un dirigeant d’Al-Qaïda, très connu des services de renseignement à travers le monde» a quitté Benghazi vers la ville rebelle de Misrata, à bord d’un vieux bateau égyptien rempli d’armes et de moyens de communications modernes en compagnie de 25 «combattants bien entraînés».
Selon Moussa Ibrahim, «la coalition est malheureusement au courant», déplorant qu’«elle est disposée à laisser passer des membres d’Al-Qaïda de Benghazi vers Misrata». Moussa Ibrahim, le porte-parole du régime, qui affirmera lors d’une conférence de presse «l’implication d’Al-Qaïda dans le conflit en Libye», estimera que «nous croyons que ce serait très dangereux si ces gens s’installent dans ce pays, contrôlent son avenir et son immense richesse, à quelques encablures de l’Europe». En outre, le porte-parole de Tripoli affirmera qu’un membre d’Al-Qaïda répondant au nom de Abdelmounem Al-Madhouni a été tué récemment dans des combats aux côtés des rebelles près du terminal pétrolier de Brega à l’ouest de Benghazi.
L’ONU appelle à un cessez-le-feu immédiat et réel
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé hier à Budapest à un cessez-le-feu réel en Libye et prévoit l’extension de l’aide humanitaire à Tripoli.
En visite officielle en Hongrie, il déclarera avoir trois objectifs pour le dénouement de la crise en Libye. Selon le SG de l’ONU, il s’agit d’abord d’un cessez-le-feu immédiat et réel, d’étendre l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin, et enfin la poursuite du dialogue politique et la recherche d’une solution politique pour mettre fin au conflit libyen. Et d’ajouter que «vu l’ampleur de la crise (humanitaire en Libye) si les affrontements se poursuivent, il est absolument nécessaire que les autorités libyennes arrêtent les combats et de tuer des gens». Dans ce contexte, Ban Ki-moon indiquera que l’ONU prévoit d’étendre, en collaboration avec la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, l’aide humanitaire à Tripoli. Précisant que les Nations unies ont déjà établi une base humanitaire à Benghazi pour le demi-million de personnes qui ont fui. Par ailleurs, le SG de l’ONU appellera à une action internationale «de concert et en coordination avec le peuple libyen».
Washington chercherait un asile pour Kaddafi
Les Etats-Unis chercheraient un pays d’accueil pour Maammar Kaddafi sans avoir à le livrer s’il était poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, rapporte le New York Times.
Cette recherche s’effectuerait essentiellement en Afrique pour le moment, ajoute le quotidien américain. A ce sujet, des responsables de l’administration Obama ont indiqué au New York Times qu’ils tentaient de trouver un pays qui n’ait pas signé ou ratifié le Traité de Rome qui oblige les pays à livrer quiconque est inculpé par la CPI.
Donald Trump :les USA, «risée du monde»
Face à l’incapacité des Etats-Unis à agir de façon plus décisive en politique étrangère particulièrement en Libye, les States sont «la risée du monde». C’est ce qu’a déploré, sur la chaîne de télévision CNN, l’homme d’affaires américain Donald Trump.
Ainsi, critiquant l’intervention militaire américaine contre le régime de Maammar Kaddafi, il ironisera : «Regardez la Libye, regardez cette pagaille. Un coup nous y allons, un autre coup nous n’y allons pas et personne en fin de compte ne sait ce que nous allons faire de Kaddafi». Pour le milliardaire américain célèbre pour son extravagance, il dira qu’en ce qui le concerne «soit j’irai en Libye et je prendrai le pétrole soit je n’irai pas». Soulignant que pour lui, «dans l’histoire, quand on faisait la guerre et qu’on gagnait, le pays vaincu vous appartenez».
De ce fait, l’homme d’affaires américain qui envisage de briguer la Maison-Blanche en 2012, estimera que les Etats-Unis sont trop mous, notamment sur la Libye, pour exercer leur leadership mondial et sont «la risée du monde». «Nous sommes si puissants, si seulement nous savions comment utiliser ce pouvoir», regrettera-t-il.
Par Lynda N. Bourebrab