Le gouvernement britannique a annoncé mercredi l’expulsion de cinq diplomates libyens –dont l’attaché militaire– qualifiés de « fervents partisans » du colonel Mouammar Kadhafi susceptibles de « constituer une menace pour la sécurité » du Royaume-Uni.
« Signe de notre profonde préoccupation concernant l’attitude du régime (libyen), je peux annoncer que nous avons pris aujourd’hui des mesures pour expulser cinq diplomates de l’ambassade libyenne à Londres, dont l’attaché militaire », a déclaré le ministre des Affaires étrangères William Hague devant les députés.
« Le gouvernement a considéré que si ces personnes restaient en Grande-Bretagne, elles pourraient constituer une menace pour notre sécurité », a-t-il ajouté.
« Nous ne donnerons pas de détails sur leurs activités. Mais nous pensons qu’ils figurent parmi les plus fervents partisans du colonel Kadhafi au sein de l’ambassade, qu’ils ont fait pression sur l’opposition libyenne et des groupes d’étudiants au Royaume-Uni et qu’ils menacent la sécurité nationale s’ils restent », a précisé ensuite le Foreign Office à l’AFP, peu après la convocation de l’ambassadeur libyen à Londres, Omar Jelban.
Ces expulsions accentuent encore la pression sur le régime de Mouammar Kadhafi, dont le départ a été unanimement réclamé lors d’une réunion internationale à Londres mardi.
Selon la presse, les diplomates ont sept jours pour quitter le territoire britannique, avec leur famille. La « menace » qu’ils représentent pour la sécurité nationale ne va pas jusqu’à la préparation d’attentats terroristes, selon des sources au sein du Foreign Office, citées par les médias.
Les relations entre Londres et la Libye sont notoirement difficiles. En 1984, une policière britannique, Yvonne Fletcher, avait été tuée devant l’ambassade libyenne, provoquant sa fermeture. Elle participait au service d’ordre lors d’une manifestation d’opposants tenue en face de l’ambassade quand une rafale avait été tirée depuis le premier étage du bâtiment.
Aucun Libyen n’a été poursuivi dans cette affaire mais le soulèvement en Libye contre les forces du colonel Mouammar Kadhafi pourrait changer la donne. Selon des informations de presse, un suspect de ce meurtre aurait été récemment arrêté par la rébellion libyenne.
Les relations avaient connu un autre regain de tension après l’attentat de Lockerbie, en 1988, où un Libyen avait fait exploser un avion de la Pan Am au-dessus de ce village écossais, faisant 270 morts.
Les liens diplomatiques avec la Libye avaient cependant été renoués en 1999 après que Tripoli accepte sa responsabilité dans le meurtre d’Yvonne Fletcher et verse des indemnités à la famille.
Les relations s’étaient par la suite nettement réchauffées, à la faveur de l’ouverture internationale de la Libye, permettant la libération en 2009 du Libyen Abdelbaset al-Megrahi, qui avait été condamné en 2001 pour l’attentat de Lockerbie. Les autorités écossaises l’avaient laissé sortir après un avis des médecins ne lui donnant que quelques mois à vivre. Il est cependant toujours en Libye.
Depuis, l’ambassade libyenne est devenue le centre londonien des manifestations de partisans à la rébellion libyenne. Une poignée d’entre eux avaient récemment occupé le toit de l’édifice.