Londres envoie des conseillers militaires,C’est l’enlisement en Libye

Londres envoie des conseillers militaires,C’est l’enlisement en Libye
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Londres a annoncé hier que des conseillers militaires seront dépêchés auprès du Conseil national de transition.

Le communiqué des Affaires étrangères britannique, expliquera que ces derniers devront «conseiller le CNT sur la façon d’améliorer ses structures d’organisation militaire, ses communications et sa logistique, ainsi que sur les meilleurs moyens de distribuer l’aide humanitaire et l’assistance médicale».

Précisant que les militaires britanniques «ne seront pas impliqués dans l’entraînement ou l’armement des forces de l’opposition» et «ne participeront pas à la préparation ou à l’exécution d’opérations du CNT, alors que Paris va «intensifier» ses frappes aériennes en Libye pour protéger les civils contre les forces du colonel Kaddafi, a déclaré hier le Premier ministre français François Fillon lors d’une conférence de presse à Kiev, en Ukraine.

Ainsi, suite à l’insuffisance de la prestation des forces de l’Otan en Libye concernant l’assistance militaire à la rébellion libyenne contre les forces gouvernementales, l’idée d’envoi des troupes occidentales au sol commence à être évoquée du côté des coalisés qui reconnaissent enfin l’enlisement de la situation en Libye comme une perspective «inévitable».

De ce fait, pour la première fois, les alliés réfléchissent à l’éventualité d’envoi de commandos, dont certains seraient déjà en place, à en croire la presse britannique qui affirme que des membres des forces spéciales de Sa Majesté présentes sur le terrain pourraient être sollicités pour entraîner les rebelles peu aguerris. En effet, l’assistance militaire de l’Otan est surtout perçue à travers l’envoi «des forces spéciales dont la seule mission est d’identifier les coordonnées des objectifs» (…) et servir «d’appui au sol pour guider les bombardements», plutôt que l’envoi des troupes combattant au sol, selon le président de la commission française des affaires étrangères Axel Poniatowski, également député UMP, parti du président français Nicolas Sarkozy qui intervenait hier matin sur la radio française Europe 1. Et d’ajouter que cette solution «permettrait de rendre l’intervention de la coalition plus efficace et d’éviter les bavures qui risquent de se multiplier». Le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française se dira, ainsi, favorable à une intervention des troupes alliées au sol «pour que ce conflit se termine rapidement et qu’on puisse épargner des vies humaines». Le député estimera que cette solution ne viendrait pas à l’encontre de la résolution 1973 de l’ONU autorisant «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les populations civiles. La même réflexion se fait du côté britannique, en ce sens où le Premier ministre David Cameron a confirmé ce week-end qu’il réfléchissait au moyen d’aider davantage l’insurrection libyenne. D’ailleurs, l’envoi des conseillers militaires britanniques pour aider les rebelles dans la gestion de leur logistique s’inscrit dans cette optique. Quant à la question d’armer les rebelles, une option qui a fait l’objet d’un long débat au sein du groupe de contact réuni dernièrement à Doha, et à Berlin sur la situation en Libye, cette perspective a été évoquée par certains membres de l’Otan, notamment la France et la Grande-Bretagne, mais reste peu probable vu, selon Paris, le manque de formation des rebelles mais surtout par crainte de voir ces armes sophistiquées tomber entre les mains d’Al-Qaïda.

En tout cas à l’heure actuelle, les regards restent rivés sur le Qatar, très motivé par l’intervention, et qui aurait déjà fourni des missiles antichar Milan à l’insurrection. En outre, Doha aurait dépêché des instructeurs en Libye.

L’Otan détruit la tour télécom de Syrte

Sur le terrain, les affrontements se poursuivent. Les forces loyales au colonel Maammar Kaddafi ont pilonné intensivement la région d’Al-Jabal Al-Gharbi sous le contrôle de la rébellion, à l’ouest de Tripoli. Ils ont tué plus de 100 personnes depuis dimanche dernier, selon les habitants de cette région. Par ailleurs, l’Otan a mené hier matin des raids sur Tripoli, Aziziyeh et Syrte, ville natale du dirigeant libyen Maammar Kaddafi, a indiqué l’agence officielle libyenne Jana. Selon ce média, «les villes de Tripoli et de Syrte ont été les cibles au cours des premières heures d’hier de raids des agresseurs colonialistes croisés». Peu après, l’agence, citant une source militaire, a indiqué que des raids ont également visé le secteur d’Al-Hira dans la ville d’Aziziyeh, à 50 km au sud de la capitale. Par ailleurs, l’agence Jana a indiqué que des frappes de l’Otan ont détruit la principale tour de télécommunications de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli.

Une information qui sera confirmée par l’Otan qui affirme dans un communiqué que «des raids délibérés et multiples, ont été ménés, contre des centres de commandement et de contrôle du régime Kaddafi la nuit dernière». L’Alliance atlantique expliquera avoir ciblé essentiellement «des infrastructures de communication utilisées pour coordonner des attaques contre des civils et le quartier général de la 32e brigade de l’armée libyenne, situé à 10 kilomètres au sud de Tripoli».

Deux obus «pro-Kaddafi» tombés côté tunisien

Par ailleurs, deux obus de mortier des forces pro-Kaddafi sont tombés avant-hier après-midi du côté tunisien de la frontière avec la Libye dans la zone de Dehiba, dans le grand Sud tunisien, a rapporté hier l’AFP qui cite des témoins et des sources militaires.

Le PAM envoie son premier convoi humanitaire

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé hier avoir commencé, pour la première fois depuis le début du conflit libyen, à acheminer de la nourriture pour 50 000 personnes dans l’ouest de la Libye grâce à l’ouverture d’un couloir humanitaire dans cette région du pays, où des milliers de personnes «sont très affectées par les combats».

En outre, le communiqué précisera qu’«un convoi de huit camions chargés de 240 tonnes de farine de blé et de 9,1 tonnes de biscuits énergétiques, permettant de nourrir 50 000 personnes durant 30 jours», a traversé avant-hier la frontière tunisienne à Ras Jir pour entrer dans l’ouest de la Libye.

Le chef rebelle à Rome

Le chef du Conseil national de transition (CNT) libyen, Moustapha Abdeljalil, est attendu aujourd’hui à Rome où il rencontrera les principaux dirigeants italiens, dont le président de la République et le Chef du gouvernement, a annoncé aujourd’hui le ministère des Affaires étrangères. Ancienne puissance coloniale, l’Italie est le troisième pays à avoir reconnu début avril le CNT comme «seul interlocuteur légitime» en Libye.

Sarkozy recevra cet après-midi le président du CNT libyen

Après sa visite en Italie, Moustapha Abdeljalil, chef du CNT (Conseil national de transition libyen) sera reçu à Paris par le président français Nicolas Sarkozy aujourd’hui à midi, pour un entretien consacré à la situation dans le pays et au processus de transition démocratique, a annoncé hier l’Elysée dans un communiqué. La France étant le premier pays à reconnaître le CNT comme «représentant légitime» du peuple libyen, a déjà reçu, à l’Elysée, trois de ses émissaires en mars dernier.

L’OIM prévoit d’évacuer d’autres migrants de Misrata

L’Organisation internationale des migrations (OIM) a indiqué hier qu’elle prévoit d’évacuer d’autres migrants bloqués dans la ville de Misrata, au lendemain d’une opération similaire lors de laquelle près de 1 000 personnes ont été évacuées.

Ces évacuations interviennent alors que les combats entre les forces kaddafistes et les rebelles font rage pour le contrôle de Misrata. Selon des sources médicales, citées par des médias, un millier de personnes ont péri et 3 000 autres ont été blessées en six semaines en raison des violences dans cette ville.

Par Lynda N. Bourebrab