Alger a opposé une fin de non-recevoir des plus polies à la demande pour le moins farfelue du ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, en visite à Alger , qui a demandé, ni plus ni moins, que l’Algérie coopérer avec le CNT pour livrer les membres de la famille Kadhafi réfugiés en Algérie. Hague a déclare que son pays «pense» que l’Algérie «doit coopérer avec les autorités libyennes si celles-ci effectuaient toute demande concernant les personnes qui sont venues dans ce pays».
Le ministre répondait à une question relative à la position britannique concernant la présence de membres de la famille Kadhafi en Algérie. « J’ai présenté la même demande, concernant les personnes réclamées par la Cour pénale internationale (CPI), à tous les pays de la région que j’ai visités », a ajouté le ministre.
Ces déclarations publiques contraires aux us diplomatiques appellent un certain nombre de remarques : l’Algérie très sourcilleuse sur la conduite de sa diplomatie n’entend pas se laisser dicter sa démarche par un pays qui a une diplomatie à géométrie variable en matière d’extradition et de respect des droits de l’homme.
Ainsi lorsque le ministre britannique affirme qu’il « est important de travailler avec les autorités libyennes et la justice internationale afin de garantir la remise des personnes réclamées à la justice » , il oublie sciemment que les membres de la famille Kadhafi, refugiés en Algérie ne sont pas recherchés par la justice internationale.

En outre, l’Algérie a annoncé très clairement avoir accueilli sur son sol, pour des raisons humanitaires, trois enfants de Kadhafi –sa fille Aïcha qui a accouché d’une petite fille, ses fils Mohamed et Hannibal–, et sa seconde épouse Safia.
« Nous l’avons reçue pour des raisons humanitaires, le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Moustapha Abdeljalil a reconnu que nous étions en droit de le faire », a déclaré Mourad Medelci à propos de la famille du colonel Kadhafi.
Relevant que « l’Algérie a montré l’exemple en tant que pays justiciable des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». L’Algérie a « honoré de façon systématique l’ensemble des obligations qui sont les siennes en tant que membre de la communauté internationale et continuera à honorer ses obligations qui sont dictées par des résolutions pertinentes.
La CPI a émis en juin des mandats contre le colonel Kadhafi, 69 ans, son fils Seif Al-Islam, 39 ans, et son beau-frère et « bras droit », le chef des services du renseignement libyens, Abdallah Al-Senoussi, 62 ans. Pourquoi donc l »Algerie extraderait -elle des refugiés, quelle que soit leurs rangs qui sont protégées par les conventions internationales. De plus, pourquoi Hague se fait-il le porte-parole du CNT, alors que son pays met d’incroyables embuches à l’extradition de Rafik Khalifa, condamné par la justice algérienne.
La demande britannique jette un froid au moment où le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, affirme que les relations informelles avec le CNT, sont devenues officielles. Il a révélé que l’ambassadeur d’Algérie à Tripoli avait été reçu mardi par le président Abdeljalil, « au terme d’une audience qui a été extrêmement constructive, l’ambition de construire des relations fortes a de nouveau été confirmée », a-t-il dit. Il a, en outre, indiqué que la visite prochaine d’une délégation du CNT en Algérie a « été confirmée par Abdeljalil « , a-t-il encore souligné.
Mokhtar Bendib