La réputation islamiste des Algériens est définitivement ancrée dans l’esprit des Britanniques qui ne manquent pas une occasion pour le rappeler.
L’Algérie enregistre, sans le provoquer ou le vouloir, son premier faux pas aux Jeux olympiques de Londres. Un peu moins de quatre mois avant le début de la compétition, les athlètes algériens sont mis en scène, d’une manière qui ne flatte ni leurs prouesses ni leur drapeau. Vendredi dernier, au moment où le Comité olympique annonçait l’attribution à chaque station de métro de Londres pendant la durée des olympiades, le nom d’illustres sportifs internationaux, dont les sprinters marocains Saïd Aouita et Hichem El-Gueroudj, la chaîne de télévision publique BBC Two diffusait une sitcom, Twenty Twelve, dans laquelle l’Algérie menace de boycotter les jeux en raison de la mauvaise orientation vers La Mecque, de la salle de prière du village olympique.
Servie dans le registre de la dérision, cette série, plébiscitée par le public, fait usage d’un humour au second degré. Elle retrace les tribulations d’un Comité olympique imaginaire que les téléspectateurs britanniques trouvent savoureuses. Mais quand on est algérien, l’épisode de la mosquée fait plutôt rire jaune. Parmi tous les athlètes musulmans qui prennent part aux jeux, les concepteurs de Twenty Twelve ont opté pour les nôtres afin de leur coller le rôle de bigots.
Sans doute ce choix leur paraissait évident, tant il est conforme avec l’image marginale de l’Algérie dans les médias britanniques. Il y a trois ans, le ministère des Communautés et des Collectivités locales avait réalisé une enquête sur l’immigration algérienne au Royaume-Uni et dans laquelle nos compatriotes se sont plaints des prismes qui les déforment aux yeux des citoyens britanniques.
Le profil le plus récurrent dans la presse est celui de l’Algérien terroriste que des organes de presse, notamment de droite, affinent au gré des évènements. L’identité du tueur de Toulouse, Mohamed Merah, a d’ailleurs donné du grain à moudre à certains éditorialistes qui ont inventorié, à cette occasion, les délits terroristes d’individus algériens sur le sol britannique. Sauf que certains crimes étaient avérés et d’autres pas. Au lendemain des tueries de Toulouse, Jonathan Evans, coordinateur des services de sécurité britanniques, a briefé le gouvernement sur l’ensemble des mesures prises pour sécuriser les Jeux olympiques dont l’autorisation des écoutes téléphoniques. Les forces de police ont été instruites pour intervenir, en toutes circonstances, y compris à titre préventif. En octobre 2010, Scotland Yard avait arrêté des agents de nettoyage algériens soupçonnés de préparer un attentat contre le pape Benoît XVI, durant sa visite à Londres. Ils ont été ensuite relâchés en l’absence de charges. L’avocat des éboueurs avait déploré les motifs farfelus qui ont conduit à leur interpellation. Il avait accusé la police de les avoir ciblés en partie parce qu’ils sont algériens.
S. L.-K