L’ombre d’un doute

L’ombre d’un doute

La lettre du “groupe des 19” trahit un embarras visible de ses signataires, partagés entre leur amitié pour le Président et le droit de savoir par rapport à ce qui se mijote comme cuisine politique dans les sombres coulisses du pouvoir qui, derrière une façade de fausse sérénité, est violemment agité par la guerre de succession.

Pour ne pas être accusés de faire le jeu de l’opposition, notamment celle regroupée au sein de la CNLTD, les signataires de la lettre n’ont pas tari d’éloges sur le Président en soulignant son patriotisme, son sens de l’État, son passé de moudjahid…

Le tout pour dire que ce n’est pas tant sa personne qui est en cause, ni la légitimité des institutions. Il y a manifestement dans cette profusion de précautions de style un souci de dire que la démarche n’est pas du tout contestatrice. Mais dans le fond, la lettre fait quasiment le même constat que celui de l’opposition, puisque ses signataires expriment des doutes quant à la paternité de certaines décisions politiques. Et donc, par déduction, à la capacité du Président d’assumer ses prérogatives que d’autres acteurs, “des forces extraconstitutionnelles”, se seraient appropriées. Les doutes exprimés vendredi par le “groupe des dix-neuf” sont des certitudes que l’opposition n’a de cesse de marteler depuis bien avant la présidentielle de 2014. Selon l’analyse d’un ancien ministre “les 18+1 ne demandent pas moins, mais pas frontalement, que la mise en branle de l’article 88 de la Constitution”. Ce qui est un leitmotiv de l’opposition, alors que Benflis, en fin connaisseur du système, les choses sont plus claires depuis belle lurette : il y a vacance du pouvoir. Mais par-delà les nuances dans les expressions politiques, force est de constater que la crainte de voir l’Algérie affectée par “le syndrome Bourguiba” est de plus en plus partagée. Par conséquent, l’enjeu dans les prochaines semaines c’est la capitalisation de toutes les dynamiques tendant à sortir l’Algérie de l’impasse politique.